0637615/11/1967POITIERS
Déclaration des représentants CGT
Les administrateurs CGT à la Caisse de Sécurité sociale : MM. Gérard Collet, Jean-Pierre Ardouin, Pierre Augras et à la Caisse d’Allocations familiales, MM. Martial Bobin, Joulain, Bouty, nous ont adressé la déclaration suivante avec prière d’insérer :
« Les représentants salariés CGT tiennent en premier lieu à souligner que leur présence, dans cette première réunion du Conseil d’administration de la Caisse primaire d’Assurance maladie de la Vienne, leur participation aux travaux de ce Conseil, ne doivent en aucune manière être interprétées comme une quelconque acceptation des dispositions des Ordonnances du 21 août 1967 et de leurs textes d’application.
« Il ne peut être question que nous prenions notre parti d’une telle réforme, dont nous condamnons toutes les dispositions. Nous avons engagé la lutte sous différentes formes et nous la poursuivrons jusqu’à l’abrogation pure et simple de l’ensemble des textes.
« C’est dans cet esprit et dans ce sens qu’il faut comprendre les raisons de notre présence dans ce Conseil d’administration de la Caisse primaire d’Assurance maladie de la Vienne.
« Au sein de ce Conseil, notre action et notre comportement seront fonction, strictement, de cette position d’hostilité fondamentale et sans équivoque aux mesures gouvernementales et seront guidés en permanence par notre souci de défendre, en toutes circonstances et en tous lieux, les intérêts des assurés sociaux gravement compromis par les Ordonnances gouvernementales. Nous nous opposerons au sein de ce Conseil à toutes nouvelles attaques contre les droits des assurés et nous n’hésiterons pas à dénoncer tous ceux qui les auront fomentées ou soutenues.
Augmentation des cotisations, réduction des prestations
« Depuis le 1er octobre 1967, les assurés sociaux subissent sur leurs salaires, l’augmentation des cotisations.
« Depuis le 1er novembre 1967, les assurés sociaux subissent sur leur niveau de vie et de santé la réduction des prestations. Nous nous élevons et protestons contre ces dispositions. Cette pression ira en s’aggravant ainsi que le laissent prévoir les textes qui confèrent à la Caisse nationale maladie la mission d’assurer l’équilibre financier du régime par de nouvelles réductions des taux de prestations. La protection sociale des Travailleurs entrera ainsi dans une ère d’instabilité et d’insécurité avec la seule perspective de voir son champ d’application se rétrécir et son efficacité s’amoindrir.
« Le morcellement de la Sécurité sociale en trois secteurs, administrativement et financièrement distincts, constitue une atteinte très grave à son unité et détruit la solidarité des risques. Rien sur le plan des impératifs de la gestion ne justifiait une telle mesure, sinon la volonté délibérer d’isoler l’assurance maladie pour mieux la discipliner et limiter la portée de son efficacité.
« Nous relevons à cet égard et entre autres, une curieuse coïncidence entre les propositions du patronat français et des décisions gouvernementales qui explique, sans doute, les mesures prises en ce qui concerne la gestion.
« L’introduction de la gestion paritaire dans les Conseils d’administration est injustifiable. Le patronat ne peut en effet prétexter pour ses membres ni la qualité de prestataires, ni celle de véritables cotisants puisque les cotisations des entreprises constituent une part prélevée sur la rémunération du travail.
« Dès lors, la représentation du patronat, en nombre égal à celle des assurés sociaux ne peut découler que du refus délibéré de reconnaitre la capacité de la classe ouvrière à gérer les fonds qui lui appartiennent pourtant en propre. Il s’agit donc d’une véritable injure faite aux travailleurs.
« La suppression des élections et la mise en pratique du système dit « de la désignation », marque une nouvelle étape dans la régression de la démocratie. La Sécurité sociale est l’affaire des assurés sociaux. C’est aux assurés sociaux eux-mêmes qu’il appartient de choisir les gestionnaires de leur institution et ils ne reconnaissent pas le droit au gouvernement de les nommer par décrets ou arrêtés ministériels ; ils veulent les élire. Grâce à la combinaison de ces mesures autoritaires, le gouvernement et le patronat complice, sont parvenus à atteindre l’un de leurs objectifs essentiels : réduire l’influence des organisations syndicales ouvrières.
Notre état d’esprit
« Tel est l’état d’esprit des représentants CGT dans ces nouvelles instances, dont nous sommes d’ailleurs convaincus de l’éphémère durée. Dans cet esprit, nous élevons une protestation vigoureuse dès cette première séance contre les dispositions des Ordonnances d'août 1967 dont nous demandons l’abrogation.
« Nous tenons aussi à affirmer que nous nous refusons à considérer la situation financière du régime général comme déficitaire tant que le problème des charges indues n’aura pas entièrement résolu et les dettes patronales réglées. Nous considérons comme inacceptables et intolérables les sacrifices énormes imposés aux travailleurs, alors que le grand patronat et les capitaux bénéficient de nouveaux avantages exorbitants accordés par le gouvernement.
« Nous affirmons qu’il existe d’autres solutions et nous sommes prêts à en discuter afin d’assurer de façon durable la consolidation de la situation financière de la Sécurité sociale et que les mesures gouvernementales ne garantissent aucune manière. Et nous soulignons que nos solutions, non seulement sont de nature à protéger les droits des assurés sociaux, mais encore à permettre leur extension.
« Nous voulons aussi affirmer notre souci d’agir et de travailler en pleine collaboration avec nos camarades des autres organisations syndicales. Nous sommes prêts à rechercher, en toutes occasions et sans arrière-pensée que celle de défendre efficacement les intérêts des assurés sociaux, les moyens d'une coopération concrète et efficace afin de présenter un front syndical uni de défense de la Sécurité sociale.
« Devant cette situation créée par les Ordonnances d’août 1967 qui exclut pour les Organisations syndicales toute possibilité d’œuvrer utilement, les administrateurs CGT ont décidé :
- De ne présenter aucune candidature d'administrateur de leur organisation syndicale à la présidence et vice-présidence de la Caisse.
- De s’abstenir de participer à ces votes.
« Nous demandons la constitution d’un bureau du Conseil d’administration où toutes les tendances devront y être représentées.
« Dès cette première réunion du Conseil ils sollicitent et invitent les administrateurs salariés à s’unir autour de ces propositions afin d’opposer au patronat le front syndical uni des salariés.
« Notre souci dès l’installation de ce Conseil, comme ce sera le cas dans le cadre de notre activité ultérieure, sera de nous opposer par tous les moyens à l’entreprise de régression sociales concertée entre le gouvernement et le patronat visant à étouffer le régime de Sécurité sociale et à remettre en cause l’une des plus grandes conquêtes ouvrières ».
le 19/05/2022 à 09:54
Source : Centre Presse
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