0643222/02/1968CHATELLERAULT
On nous communique :
Monsieur.
Les Syndicats CGT et CFDT des Établissements Bléreau se font les interprètes de l’ensemble de votre personnel pour vous exprimer leurs craintes au sujet de l’avenir.
Depuis un an, les difficultés et les incertitudes se sont accumulées pour tous. Après une embauche massive en fin 1966 et début 1967, la mise en place du travail par équipes, conjuguée avec la sous-traitance de nombreuses pièces à l’extérieur, les retards de fabrication ont été vite rattrapés.
Aussi, la Direction s’est-elle vue obligée non seulement de supprimer le travail en équipes, mais encore de réduire les horaires de travail à 42 h. 1/2, puis à 40 h. par semaine, pour le personnel ouvrier, après quoi elle a procédé au licenciement de 20 personnes en octobre 1967.
Depuis lors, la confiance des ouvriers envers les Établissements Bléreau s’est trouvée fortement émoussée. Une quarantaine d’entre eux sont partis volontairement, ce qui n’a pas empêché la Direction de décider un nouveau licenciement à la date du 29 février 1968, de 12 personnes.
Les Syndicats CGT et CFDT se voient donc dans l’obligation de constater que l’ensemble des personnels ouvriers et employés doivent subir les conséquences de ce qu’ils supposent être des erreurs de gestion, soit en voyant leur salaire très sensiblement réduit, soit en se trouvant dans l’obligation de rechercher du travail ailleurs.
Ils regrettent vivement que des établissements industriels, qui ont reçu des avantages substantiels pour créer des emplois en se décentralisant, puissent se permettre aussi facilement de réduire leur personnel à une époque et dans une région où le problème de l’emploi devient de plus en plus critique.
Sans méconnaître les difficultés économiques actuelles, les syndicats espèrent que la Direction fera tout ce qui est en son pouvoir pour que la Société soit en mesure d’assurer à l’ensemble de son personnel des garanties d’emploi et de salaire leur permettant d’assurer à leurs familles une vie décente.
Les Syndicats sont très sensibles aux efforts déployés par le chef du personnel de l’Établissement pour tenter de reclasser, sous sa propre initiative, les personnes licenciées, mais sachant que les offres d’emplois se font de plus en plus rares dans le Châtelleraudais, ils pensent que de nouveaux licenciements ne peuvent plus représenter des solutions dignes et justes pour la Société.
Ils condamnent donc tout licenciement qui ne ferait qu’aggraver la situation de l’emploi déjà dramatique dans notre région.
En espérant que cet appel ne restera pas sans écho, les Syndicats vous prient de croire, Monsieur, à leurs sentiments distingués et respectueux, ainsi qu’à leur volonté de faire régner aux Établissements Bléreau, comme ailleurs, la Justice sociale.
le 25/05/2022 à 08:58
Source : Centre Presse
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org