0649507/05/1968POITIERS
Avec sérieux, avec passion mais dans le calme
Une motion a été portée en cortège à la Préfecture
Les étudiants de Poitiers ne sont pas restés insensibles aux évènements de Nanterre et de la Sorbonne. L’AGEP et la section du SNE Sup. avaient lancé, dès dimanche soir, un ordre de grève. Celle-ci a été presque totale, 100 % en lettres, 80 % en sciences, 75 % en troisième année de sciences économiques, 40 à 50 % à l’ENSMA. Les élèves des classes préparatoires, « Kagne » et « Taupe » ont envoyé des motions de soutien. Le mouvement s’est amplifié dans la journée et la participation aux piquets de grève a été importante.
Les grilles de la Faculté des Lettres se sont ouvertes pourtant deux fois. En premier lieu pour permettre aux candidats, aux examens de passer et, en second lieu, en début d’après-midi, un court instant, à la suite d’une altercation mettant aux prises le piquet de grève et un groupe d’étudiants de la FNEF. C’est le seul incident de cette première journée de grève.
Un meeting sérieux et passionné
Après trois réunions tenues dans divers amphis des Sciences au Campus par les représentants de l’AGEP et du SNES, suivies par 400 étudiants environ, un grand meeting réunissait à la Faculté des Lettres 500 autres étudiants de toutes disciplines. Cette réunion fut animée par le président de l’AGEP, celui de la Corpo de Lettres, le secrétaire général de l’AGEP, des représentants du SNES.
« Nous sommes ici, dit M. Lawton, pour élaborer un certain nombre de points où les choses vont très mal ».
Dans le calme, un long, échange de vues s’est engagé. Avec sérieux, quelquefois avec passion, les propos laissaient apparaitre le malaise que ressent l’Université, étudiants et professeurs. Dans ce dialogue, a toujours plané l’ombre de Nanterre et les excès de la Sorbonne. Lors du rapport du président de l’AGEP, l’assistance a applaudi « une proposition tendant à réprouver les répressions policières et, administratives déclenchées lorsque les universitaires affirment leurs revendications et leurs droits ».
Puis, au fil des interventions, est apparu le visage nouveau des étudiants poitevins. Conscients qu’il faut à terme poursuivre la lutte pour la rénovation de l’Université, les étudiants ont soulevé un certain nombre d’idées révélatrices.
Nouvelles structures de travail :
- Adaptation des programmes ;
- Conditions de travail et d’études à revoir.
Un étudiant devait ajouter :
Sans tout casser, sans rien briser, il nous faut intégrer l’Université aux autres milieux. Elle ne doit pas vivre en vase clos. Il faut demander aux autres secteurs ce qu’ils en pensent ».
Les débats se sont terminés par une motion votée à l’unanimité sauf quelques abstentions.
La motion
Le texte ci-dessous fut porté à la préfecture de la Vienne par un cortège d’étudiants.
« Cinq cents étudiants et enseignants ont participé le 6 mai à un meeting organisé à la Faculté de Lettres par le Syndicat national de l’Enseignement supérieur et l’Union des étudiants de France.
« Ils ont protesté contre la répression qui s’abat sur les étudiants de Paris.
« Ils exigent :
« - la libération immédiate et inconditionnelle des quatre étudiants emprisonnés ;
« - la relaxe des étudiants par le Conseil d’Université.
« Ils affirment la nécessité de résoudre les problèmes actuels de l’Université dont la responsabilité incombe à l’administration et au Gouvernement (absence de formation professionnelle et pédagogique) la nécessité de déterminer une nouvelle culture, fonction des besoins et des intérêts de la collectivité et de la classe ouvrière ».
La manifestation publique s’est déroulée dans le calme. Tout au long du parcours des slogans ont été scandés : « A bas la répression ! », « Université démocratique ! » et « Libérez nos camarades ! ».
L’AGEP et le SNES poursuivent aujourd’hui un mouvement de grève. Un nouveau meeting est prévu pour 15 h. 30.
Un communiqué de la FGEP
Dans un long communiqué, la Fédération générale des étudiants de Poitiers invite les étudiants à conserver leur calme et à garder toutes leurs forces pour les examens de fin de trimestre qui se dérouleront dans moins d’un mois. Elle expose en outre son point de vue sur les événements de Paris.
Photo : Les étudiants en grève
le 27/05/2022 à 14:21
Source : Centre Presse
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