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Lundi après-midi des milliers de manifestants ont effectué une longue marche de rie protestation dans les rues de Poitiers.

Combien étaient-ils ? Les services officiels évaluent le cortège à 3.000. Les organisations syndicales à 6.000. Toujours est-il qu’à Poitiers le fait n’est pas commun,

Les étudiants des Facultés de Droit, des Lettres, des Sciences, des Instituts, des classes préparatoires, des lycéens des classes terminales, avaient répondu massivement à l’ordre de grève générale et aux manifestations prévues sur la voie publique.

A leurs côtés, les organisations syndicales ouvrières renforçaient le cortège. Il y avait des électriciens, gaziers, cheminots, postiers, fonctionnaires, instituteurs, professeurs, assistants, ouvriers du bâtiment, du livre, des usines Leclanché et de la Compagnie des Compteurs.

La manifestation du 13 mai s’est déroulée en deux temps. En premier lieu un meeting central, place du Marché, où les porte-parole des organisations syndicales prirent la parole.

C’est sous un soleil printanier déjà chaud que M. Moutel, président de l’AGEP, M. Laumont, secrétaire général de l’UD CGT, M. Vidal, de la CFDT, M. Tourancheau, de FO., M. Lawton, du SNES, exposèrent les raisons profondes du mécontentement et celles qui, aujourd’hui, réunissent étudiants et ouvriers pour contester des structures économiques et sociales qui ne satisfont plus les uns et les autres.

La longue marche

En second lieu un long cortège hérissé de banderoles revendicatives, s’est ébranlé du centre de la ville, canalisés par leur service d’ordre, les manifestants ont suivi un itinéraire peu habituel. Le cortège passa dans les rues suivantes : Regratterie, de la Chaîne, des Trois-Rois, boulevard du-Grand-Cerf, la gare, boulevard Solférino, Palais de Justice, rue Gambetta, place Leclerc, rue Victor-Hugo et place de la Préfecture, terme de cette longue marche.

Tout au long du trajet, de nombreux Poitevins sont venus apporter leur soutien aux manifestants, tandis que des mots d’ordre étaient scandés : « Amnistie ! », « Peyrefitte démission ! », « Libertés syndicales ! », « Libérez nos camarades ! », « Université démocratique ! » ...

A la Préfecture, une délégation était reçue par le directeur de cabinet du préfet de région.

A aucun moment les responsables de la sécurité publique n’eurent à intervenir.

Un communiqué des organisations syndicales

« Six mille Poitevins ont fait dans le calme la démonstration de leur force et de leur détermination.

« Réunis à l’appel de l’UNEF, de la FEN, de la CGT, de la CFDT et de FO, ils ont exigé la libération des emprisonnés, l’arrêt des poursuites judiciaires et des provocations policières, une politique de plein emploi qui rende à tous confiance de l’avenir, des transformations économiques et sociales qui permettent à tous de créer une Société et une Université vraiment démocratiques.

Après avoir entendu et vigoureusement applaudi les camarades Mouret, au nom de l’AGEP, Laumont au nom de la CGT, Tourancheau au nom de FO, Vidal au nom de la CFDT, Lauton au nom de la FEN, les 6.000 travailleurs, étudiants, enseignants, ouvriers et employés ont commencé un défilé qui s’étendait sur plus d’un kilomètre et tel que Poitiers n’en avait jamais vu. Grâce à un service d’ordre remarquablement organisé par les centrales syndicales, un cortège a pu pendant 2 heures parcourir plusieurs kilomètres sans le moindre incident, faisant la démonstration qu’il n’y a jamais le moindre désordre quand les forces de police n’interviennent pas. Du même coup ils ont battu en brèche le décret répressif imposé par le gouvernement il y a quelques années puisque la grève générale a été réalisée sans préavis.

C’est une grande victoire pour le mouvement syndical, un avertissement sérieux au pouvoir et une étape irréversible dans la lutte contre un régime au service des monopoles. Le gouvernement doit bien savoir que cette journée n’est pas la fin d’un mouvement, mais au contraire un des premiers stades de la lutte pour obtenir la réalisation des justes revendications des travailleurs manuels et intellectuels, l’amnistie, une Université démocratique et la transformation de l’économie par et pour le peuple.

UNEF - FEN - CGT - CFDT - FO

Photos : La manifestation rue Victor-Hugo et boulevard du Grand-Cerf

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