0652315/05/1968CHATELLERAULT
Il faut remonter assez loin dans l’histoire des mouvements ouvriers à Châtellerault, pour rencontrer une aussi forte participation au meeting de lundi dernier auquel participèrent plus de 1.500 personnes.
A 17 h. 30, la salle de la Redoute et ses abords étaient pleins à craquer. Et encore plusieurs centaines de personnes s’étaient massées sur le terre-plein du Bd Blossac qui écoutèrent les allocutions prononcées.
C'est Mme Barrat, de l’Éducation Nationale qui présida. En quelques mots elle remercia l’assistance et donna aussitôt la parole à M. Bouzigues représentant les étudiants de Poitiers.
Celui-ci, après avoir parlé des évènements parisiens, se félicite du « vaste mouvement de solidarité ». Puis, il s’élève contre le fait que par manque d’emplois, les étudiants soient des « chômeurs en puissance à la sortie de l’Université ».
Il développa les principales revendications et les objectifs des étudiants.
M. Garreau, représentant des enseignants vient dire la position de ces derniers. Ils sont solidaires des étudiants. « L’Université a besoin d’une réforme dans le sens démocratique pour que tous les jeunes, quelle que soit la situation sociale de leurs parents, y aient droit ». Pour cette raison il demande que la réforme se fasse selon le plan Langevin-Vallon issu de la résistance.
M. Servolles, au nom des Unions syndicales locales, tire la conclusion de la manifestation. Pour lui, comme pour bien d’autres, tous les jeunes doivent pouvoir bénéficier de l’Université. Celle-ci à besoin d’une réforme mais pas celle qu’envisage le gouvernement. Il demande à son tour, l’application, du plan Langevin-Vallon. Il se félicite de la pleine réussite du meeting et demande aux travailleurs de continuer la lutte pour l’amélioration sociale, le plein emploi et l’abrogation des ordonnances qui frappent la Sécurité Sociale.
A la suite du meeting, un défilé se forma pour se rendre à la sous-préfecture où une motion fut remise à M. le sous-préfet.
La motion
Les organisations syndicales CGT, CFDT, CGT-FO, SNES, SNI, SGEN, ont adopté la résolution suivante :
« Bien que les déclarations faites par le Premier ministre se soient voulu apaisantes, les organisations syndicales rappellent que :
« - Les revendications des étudiants et celles des travailleurs restent les mêmes ; elles sont de nature politique, en effet, le chômage prévu par le Ve plan frappe les ouvriers et n’épargne pas les étudiants au sortir des facultés.
« - Les travailleurs demandent la reconnaissance de la section syndicale et une participation à la gestion de l’entreprise, les enseignants et étudiants demandent dans l’Université la participation à la gestion.
« - Les travailleurs veulent la suppression d’un système qui les empêche de vivre décemment, système qui assure à certains des profits scandaleux et empêche les travailleurs de faire faire à leurs enfants les études auxquelles ils ont droit. Les étudiants ne veulent rien d'autre.
« - A ces revendications le gouvernement répond par une répression sauvage, la violence policière s’exerce aussi bien sur les étudiants que sur les ouvriers et paysans.
« - La classe ouvrière de ce pays ne tolère pas de telles méthodes mais exige qu’on y substitue un véritable dialogue.
« - Les forces démocratiques par leur unité et leur action ont déjà obtenu la libération des étudiants emprisonnés ; l’arrêt des poursuites judiciaires envers d’autres, victimes des provocations policières.
« - Les organisations syndicales exigent une politique de plein emploi qui rende à tous la confiance dans l’avenir. Des transformations économiques et sociales qui permettent à tous les travailleurs de créer une société et une université fondées sur les principes du plan Langevin-Vallon, vraiment démocratique ».Photo : Au cours du défilé, boulevard Blossac
le 29/05/2022 à 14:40
Source : Centre Presse
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