0652515/05/1968MONTMORILLON
Des motions ont été remises au sous-préfet et au sénateur-maire
Bien que pratiquement ignoré jusqu’à l’heure de son déroulement le meeting organisé, lundi, salle municipale, aura rassemblé quelques 150 participants. Désigné comme président de séance, M. Sala, après avoir remercié les présents, a donné la parole a M. Vasseur (SNES Sup.) qui a fait l’historique des évènements pour conclure : « Si le Gouvernement avait adopté, 24 heures avant, son attitude actuelle rien ne se serait passé ». Ce fut, ensuite, au délégué de l’UNEF d'apporter son point de vue suivi par les représentants du SNI ; du syndicat CGT des PTT ; du MODEF ; de la CFDT ; du SNES ; du représentant des lycéens ; du représentant CGT des Enseignants du CET, « débouchant » tous sur une identique conclusion : salaire des étudiants, liberté d’expression, chômage. « Protestez contre la sauvagerie de la répression policière, nous sommes aujourd’hui, le 13 mai 1958 ... il y a de cela 10 ans ! ...
Au cours des interventions, le délégué CGT des enseignants du CET a insisté auprès des parents d’élèves afin qu’ils tiennent une réunion commune, « car il est temps, grand temps, devant des problèmes graves, qu’ils prennent en main l’avenir de leurs enfants ».
La grève
De nombreux services ont été touchés par le mouvement :
• A la SNCF : la gare est restée fermée. Aucun train n’a circulé.
• Au lycée mixte, grève à 100 % des enseignants et des personnels de service.
• Au Collège d’enseignement technique mixte, chez les enseignants, 85 %; chez les employés, 55 %.
• Dans le primaire, 100 %.
• Contributions indirectes, PTT, EDF furent également affectés.
La motion
A l’appel de leurs syndicats réunis, les travailleurs de Montmorillon se sont réunis le 13 mai 1968, à la salle municipale, à l’heure même où une manifestation de masse se déroulait au chef-lieu du département de la Vienne. La gravité des évènements qui se sont déroulés durant la semaine du 5 au 12 mai a donc rendu solidaires travailleurs et étudiants devant l’aspect dramatique des problèmes qui se posent à notre société. Les ouvriers sont frappés par le chômage ou se voient octroyer des salaires insuffisants. Les étudiants, après de longues études, effectuées au hasard des réformes et au prix de dures privations familiales, ne trouvent pas les débouchés auxquels leur donnent droit les qualités dont ils ont fait preuve.
La pleine liberté d’expression syndicale, qu’elle soit ouvrière ou étudiante, doit être pleinement prise en considération et traitée avec dignité par ceux qui ont la mission d’informer les autres classes sociales françaises, trop spectatrices des événements de ces derniers jours. Alors que l’on conteste aux étudiants la liberté d’expression syndicale, on semble oublier que beaucoup sont électeurs et chefs de famille. Les syndicats réunis, réclament une vraie égalité sociale permettant à chacun de récolter le juste fruit de son travail, qu’il soit manuel, ou intellectuel et pour que les sacrifices de tous assurent sans équivoque des perspectives d’emploi en fonction des capacités de chacun et surtout de nos jeunes.
Les citoyens syndiqués, s’indignent enfin des violences exercées par les corps de police qui, en de nombreux points du territoire et, dernièrement au quartier Latin, ont fait preuve d’une sauvage agressivité. Ils exigent qu’un dialogue véritable s’engage immédiatement entre les ministres responsables et les étudiants, les parents d’élèves, les enseignants, les syndicats pour permettre à tous de préparer leur avenir sans que celui-ci leur soit imposé.
SNES Sup. (FEN) ; SNES (FEN) ; SNI (FEN) ; SGEN (CFDT) ; CGT des PTT ; SNCF ; EDF ; CET ; Contributions indirectes ; Agents de service des lycées ; CFDT (CET) ; MODEF ; CGT du Livre.
Motion déposée à la Sous-Préfecture et à l’Hôtel de ville
Après le meeting, c’est en cortège que les grévistes se rendaient à la sous-préfecture et à l’Hôtel de ville. A la sous- préfecture, la délégation « prenait acte » de l’absence du sous-préfet et remettait la motion à M. Coillot, secrétaire général avec prière de la transmettre. Sur le boulevard, les grévistes bloquaient les véhicules alors que les gendarmes préconisaient des déviations pour éviter le boulevard. Le cortège se rendait ensuite à l’Hôtel de ville où le sénateur-maire, M. J.-M. Bouloux retardait une réunion pour recevoir la délégation. Le sénateur-maire, après s’être déclaré solidaire du mouvement, soulignait l’impossibilité des parlementaires de faire admettre leur point de vue et les difficultés sans cesse croissantes qu’ils éprouvaient.
Après une collecte effectuée au profit des « blessés parisiens », collecte qui devait rassembler 165 francs, la dislocation avait lieu place de l’Hôtel de ville.
Photo : Devant la sous-préfecture, pendant le dépôt de la motion
le 29/05/2022 à 14:53
Source : Centre Presse
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