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Nous venons de recevoir la lettre suivante, à laquelle nous ne pouvons qu’applaudir  :

Poitiers, le 3 juillet 1878

Monsieur le rédacteur,

Je vous serais gré de vouloir bien donner une place dans les colonnes de « l’Avenir » aux réflexions d’un ouvrier de Poitiers.

La ville de Poitiers renferme bon nombre d’ouvriers forts intelligents et très habiles comme le prouvent les travaux exécutés par eux dans la construction de notre bel hôtel de ville et dans celle de la préfecture. Néanmoins certains travaux ont dû être confiés à des ouvriers étrangers, ce qui prouve que les nôtres peuvent encore s’instruire davantage.

Je lis dans les journaux républicains que, dans différentes localités moins importantes que la nôtre, des groupes nombreux d’ouvriers de tous corps d’état s’occupent de visiter notre splendide Exposition universelle et vont envoyer à Paris des délégués qui seront chargés de faire un rapport sur ce qu’ils auront vu de plus intéressant concernant la profession que chacun représente. Serait-il vrai qu’une ville aussi considérable que Poitiers manquerait à ce rendez-vous de toutes les intelligences ?

Il y a dans notre localité quelques corporations qui ont des réunions ; c’est à celles-ci de prendre l’initiative d’un appel.

Ne devrions-nous pas faire cesser l’idée fâcheuse qu’on a de nous : que nous sommes une ville en retard, subissant des influences qui endorment et appauvrissent nos facultés ?

Ne laissons pas passer ces grandes fêtes du travail sans nous y associer effectivement. Croyons ceci : le travail intellectuel et matériel unis à la justice et à la morale, marche à la conquête du monde.

Ces réflexions s’adressent à tous les travailleurs, mais plus particulièrement à ceux de l’industrie du bâtiment à laquelle votre serviteur appartient.

Si, parmi les ouvriers qui liront ces quelques lignes il en est qui partagent mes idées, ils pourront adresser leur adhésion à M. le directeur de « l’Avenir », qui ne nous refusera pas son concours dévoué, si nous voulons provoquer des réunions dans laquelle on aviserait aux mesures à prendre, pour réaliser l’idée d’une délégation ouvrière de Poitiers à l’Exposition universelle de Paris.

Agréez, etc...

Ch. B., tailleur de pierres