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Les passants remarquaient, mercredi soir, qu’une animation inaccoutumée régnait sur la place d’Armes ; on se demandait curieusement ce qui se passait, et chacun faisait des suppositions différentes. Enfin, vers 7 h, tout s’explique : le crieur de ville annonce aux quatre coins de la cité que les ouvriers boulangers s’étant mis en grève, la livraison de pain ne pourra se faire à domicile comme à l’ordinaire ; cet avis rassurait en même temps les personnes qui auraient pu craindre de ne pouvoir manger de pain le lendemain, en leur annonçant que la fabrication en était assurée, l’administration ayant mis des militaires de la garnison à disposition des boulangers.

Ce sont les ouvriers en grève, augmentés des badauds, qui occasionnaient, sur la place d’Armes, l’agitation dont nous venons de parler. Ils s’y étaient formés par groupes ou se promenaient par bandes.

Cette grève était prévue, car deux réunions des patrons et ouvriers avaient eu lieu mardi et mercredi, à l’hôtel de ville, en présence de M. le maire de Poitiers. Ces réunions n’ayant pas abouti à une entente, les ouvriers se sont mis en grève mercredi soir.

Quelques ouvriers se sont, cependant remis au travail, se contentant de l’augmentation de 5 fr. par mois, consentie par les patrons.

Le nombre de boulangers est de 54 et celui des ouvriers ne s’élève guère qu’à 75.

Les garçons boulangers nourris reçoivent, en ce moment, de 45 à 50 fr. par mois. Ceux qui ont borné leurs prétentions à toucher 55 fr. ont vu leur demande accueillie.

Quant aux ouvriers libres non nourris, ils gagnent de 90 à 95 fr. par mois, auxquels il faut ajouter deux livres de pain et une certaine provision de vin, le matin. Ils veulent être, désormais, à la semaine et demandent pour chaque semaine, 28 à 30 fr. avec 3 livres de pain et une bouteille de vin par jour.