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0006401/12/1898CHATELLERAULT

Manufacture - Exploitation ouvrière

Beaucoup de gens se figurent qu'à la Manufacture la vie est en rose et que le droit des ouvriers est respecté.

Examinons d'un peu plus près comment ils sont traités.

Presque tous les ouvriers travaillent aussi leur salaire serait à peu près convenable s'ils en touchaient intégralement le montant qui est à chaque instant diminué par les amendes que surveillants et contrôleurs appliquent à tort et à travers, sans rime ni raison et par les retenues pour Masse et caisse de retraite que beaucoup ne verront jamais.

En ce qui concerne les amendes pourquoi empêcher un ouvrier de manger le matin à l'atelier sous peine d'amende, pourquoi l'amende pour quelques minutes de retard, surtout avec la mobilité des horloges de la manufacture qui tantôt sont en avance sur celle de la ville, tantôt en retard, pourquoi l'amende si un ouvrier se lave les mains cinq minutes avant la cloche ...

... Il y a quelques temps un ouvrier vint à tomber malade, reconnu comme tel par le médecin de service qui lui a délivré un certificat l'exemptant de tout travail. Ne pouvant se faire soigner efficacement à Châtellerault cet ouvrier alla dans sa famille. Lorsqu'il revint reprendre son travail il apprit avec stupéfaction qu'il était puni de neuf jours de mise à pieds ....

... Il est certain que si cet ouvrier avait été du cercle catholique cette punition ne lui aurait pas été infligée car il est bon de dire et de répéter que presque tous les dirigeants de notre Manufacture sont de fervents avaleurs de nunu et qu'ils seraient bien mieux à leur place en tenant un goupillon qu'à diriger des travaux. D'autres faits d'une réelle gravité se passent journellement.

Un ouvrier s'est vu infliger une punition par un surveillant très dévot, la jugeant imméritée il voulut lui demander des explications. Sur le refus du surveillant d'en fournir aucune les paroles se sont envenimées, des injures furent échangées de part et d'autre. Le lendemain l'ouvrier fut appelé au rapport et son renvoi fut demandé au directeur qui l'accepta, il dut quitter la Manufacture dans les 24 heures quand la direction exige que l'on prévienne 8 jours à l'avance pour partir. Non content de jeter cet ouvrier à la porte on lui retient 70 francs, montant de sa Masse, qui avait déjà été prélevée sur son salaire.

Tous ces faits ne se passeraient pas si les ouvriers, conscients de leurs droits, étaient groupés, organisés, connaissant bien leurs droits et leurs devoirs.

 

 

le 31/01/2020 à 17:57

Source : l'Eclaireur de la Vienne

Manufacture, histoire, social, la masse

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