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0659325/05/1968POITIERS

LE MEETING UNEF - FEN

A la Maison du Peuple hier, a 15 heures, se tenait le meeting organisé par les étudiants UNEF et la Fédération de l’Éducation nationale et le personnel de celle-ci, appartenant aux syndicats CGT, CFDT, FO. Au bureau avaient pris place les dirigeants syndicaux.

Deux allocutions furent prononcées, la première par M. Bouzigue, secrétaire général de l’AGEP, la seconde par M. Nony, secrétaire de la FEN. Il appartint à M. Richard d’ouvrir cette réunion.

L’allocution de M. Bouzigue

Le secrétaire général de l’AGEP, après s’être félicité de l’ampleur du mouvement et avoir parlé de la répression parisienne, déclarait :

« Nous dénonçons la provocation du pouvoir, il nous faut resserrer nos rangs, faire preuve de la plus grande vigilance. Tous les travailleurs témoignent de leur mécontentement. Notre but fondamental et la démocratisation de l’enseignement. Nous voulons l’abolition de la hiérarchie et du mandarinat, de nouvelles structures d’examen. Nous ne les passerons pas tant que nos revendications ne seront pas satisfaites. Mais nous ne saurions nous limiter qu’à cela. Il faut nous interroger sur la valeur de la culture que donne l’Université. Elle n’était qu’un instrument au service de la classe dirigeante, formant des gens pour le service de cette même classe. Associés aux travailleurs, nous voulons arriver à une démocratie authentique. C’est la démocratisation de la société tout entière qu’il faut, en changeant le système économique, social et politique. Tous ensemble, nous ne voulons plus d’une société qui repose sur l’exploitation de l’homme par l’homme. »

M. Nonny

Le secrétaire général de la FEN allait notamment déclarer, au cours de son allocution :

« Dix ans de pouvoir gaulliste ont appauvri les plus nécessiteux. Ni les étudiants ni les enseignants ne se contenteront d’une aumône, nous voulons une réforme de l’Université. La vieille Université poussiéreuse et bourgeoise n’est plus moribonde, elle est morte. Les grandes lignes d’une gestion démocratique sont établies. Il reste beaucoup à faire, une réforme globale à accomplir. Nous la ferons. C’est quelque chose de neuf et de grand qu’il nous faut construire. La lutte enseignants et étudiants n’est pas une lutte à part. Nous n’avons pas le droit de décevoir la jeunesse, nous l’aiderons à apporter sa contribution originale à l’œuvre commune, nous exigeons d’être associés à tous les niveaux dans la réforme démocratique.

« Nous sommes les artisans d’un changement. Un seul fauteur de désordre : le pouvoir. Le combat ne se terminera pas avec la reprise du travail. On prépare les lendemains qui chantent qui n’apporteront pas que le pain, mais aussi les roses.

A la suite de ces allocutions, une motion qu’on lira par ailleurs était proposée à l'assistance. C’est alors qu’une voix s’éleva de l’assistance pour proposer qu’un paragraphe soit ajouté concernant « Cohn-Bendit et la répression dont il était l’objet ». Il fut alors répondu qu’il s’agissait d’un problème n’entrant pas dans le cadre de la motion, mais que dans le défilé figurait une pancarte concernant ce cas. On passa au vote : 12 voix contre la motion, 8 abstentions, l’immense majorité pour.

Après que M. Bibault, secrétaire du SNI, eut indiqué que les conclusions des travaux du 1er degré devaient être remises au Conseil syndical réuni aujourd’hui à 14 h à la Plaine « l’Internationale » fut entonnée.

Le cortège

Un très long cortège se forma et défila dans les rues du centre, autour de la place Leclerc, puis par la rue Carnot se rendit au Rectorat où la motion ci-après fut déposée.

La motion

Les personnels de l’Éducation nationale et les étudiants exigent, dans l’immédiat :
- La reconnaissance des libertés syndicales et les conditions pratiques de leur exercice. Les représentants élus du personnel doivent pouvoir exercer leur mandat dans leur secteur ou entreprise sans entrave d’aucune sorte, réunir les personnels, obtenir des décharges, partielles ou totales proportionnellement à leur représentativité.

A l’échelon départemental et dès maintenant, nous réclamons, à charge pour les organisations syndicales d’en assurer la répartition :
- 4 décharges au titre FEN dont 2 SNI.
- 2 décharges au titre des autres centrales.
- Une décentralisation qui permette, dans le cadre d’un grand Ministère de l’Éducation nationale, le fonctionnement d'organismes paritaires de décision.
- Des dotations budgétaires à la mesure des nécessités.

Les étudiants affirment leur volonté de participer, à tous les niveaux, à une véritable démocratisation de l’enseignement.


Les étudiants exigent :
- La mise en place de structures paritaires chargées de gérer et d’administrer les disciplines, les facultés, l’Université et les œuvres universitaires.
- L'obtention des moyens matériels nécessaires pour assurer cette gestion paritaire.
- L’élection démocratique des chefs de section, des doyens et du recteur par les enseignants, les représentants du personnel technique, des chercheurs et les représentants des étudiants.
- Une réforme immédiate des examens afin que l’examen ne soit plus l’instrument d’une sélection anti-démocratique.
- Que, pour ces réformes l’on tienne largement compte des propositions faites à tous les niveaux.

Les étudiants revendiquent la liberté d’expression à l’intérieur de l’Université, afin de pouvoir procéder à une critique du fonctionnement de l’Université, de l’enseignement (contenu - méthodes) et à une critique de la société.

Les étudiants exigent l’amélioration des conditions de travail (encadrement recyclage permanent des enseignants) et des conditions de vie : ils revendiquent l’allocation d’études sur critères universitaires et sociaux.

Les personnels de l’Éducation nationale exigent que les conditions de travail soient très rapidement améliorées :
- Pour les enseignants 25 élèves par classe est un maximum à ne pas dépasser.
- Pour les agents, des créations de postes en nombre suffisant qui permettent une diminution de la durée du travail et un retour progressif aux 40 heures.
- La création d’un nombre suffisant de postes de chargés de recherches permettra seule aux chercheurs de pouvoir faire carrière au CNRS.
- La titularisation des nombreux personnels en situation précaire (auxiliaires, contractuels, vacataires, etc...) et la sécurité de l’emploi.
- La réduction des maximum de service pour toutes les catégories non agrégés et suppression de la distinction périmée entre heures d’enseignement, dites théoriques et heures d’enseignement dites pratiques.
- La revalorisation de la fonction enseignante, réforme et amélioration substantielle du sort des catégories C et D.
- La réforme du code des pensions et intégration de l’indemnité de résidence dans le traitement.
- L’abrogation des ordonnances antisociales et des zones de salaire.
- Un véritable service social de l’Éducation nationale.

Les personnels de l’Éducation nationale et les étudiants sont décidés à tout mettre en œuvre pour une véritable réforme démocratique de l'enseignement.

Une délégation au Rectorat

Les représentants de l’AGEP, de la FEN, des Syndicats de l’Enseignement, CGT, CFDT, FO et des associations de Parents d’élèves ont remis au recteur :
- La motion votée au meeting.
- Le cahier de revendications rédigé au niveau académique par les organisations syndicales et auquel se sont associés les représentants des Associations de parents d’élèves.
- Le cahier de revendications du Lycée d’État mixte C.-Guérin et annexe Henri IV, voté dans les assemblées générales 24 mai, assemblées comprenant :
   - le personnel enseignant.
   - le personnel de surveillance.
   - le personnel administratif.
   - les agents.
   - les délégués des élèves et des étudiants préparationnaires.
   - des représentants des Parents d’é1èves.
- Les motions des personnels enseignants des CET relatives aux conditions de travail, aux problèmes du recrutement des élèves de première année des CET.

Un large échange de vues a permis de préciser les positions respectives sur les problèmes évoqués, en particulier celui du bac sessions de 1968, ainsi que des autres examens.

En ce qui concerne les problèmes académiques et départementaux, pour lesquels nous souhaitons une solution très rapide, nous demanderons la réunion, dés les prochains jours, d’une série de Commissions de travail et de décision. Ces Commissions seront, selon les questions examinées, bipartites ou tripartites.

- Il exige, la possibilité d’une promotion officielle dans l’Enseignement public pour les élèves qui ont terminé les 3 ans de scolarité au CET ; les meilleurs de ces élèves doivent pouvoir poursuivre des études au Lycée technique pour obtenir un brevet les qualifiant en vue d’un meilleur emploi.

Il demande que l’école d’auxiliaires de puériculture puisse accueillir les élèves en possession d'un C.A.P. d’aide-maternelle, sans attendre qu’elles aient 18 ans.

- Il s’élève enfin contre l’ajournement de l’ouverture au CET mixte des sections préparant au brevet d’Enseignement professionnel administratif, dont la cause pourrait être le manque d’internat alors de l’Association de Parents d’élèves et le personnel du CET en demandent depuis 2 ans la création.

 

le 15/06/2022 à 10:18

Source : Centre Presse

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