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0065316/12/1909POITIERS

LES EMPLOYÉS DE COMMERCE ET LE REPOS HEBDOMADAIRE - MEETING

Une réunion à l'Hôtel de ville.

Devant une assistance d'une centaine de personnes au moins M. Aubriot a fait, lundi soir, salle des Orphéons, une conférence sur le repos hebdomadaire.

M. Audinet, secrétaire de la Bourse, présidait assisté de MM. Gravat, Collet et Bidonneau.

Le délégué du syndicat parisien des Employés de commerce n'a parlé que très subsidiairement, très succinctement, du repos hebdomadaire, demandant que la loi actuelle ne soit pas révisée ou le soit, tout le moins, à leur profit.

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Il ne suffit pas de prévoir le repos hebdomadaire, il faut aussi penser au repos quotidien, c'est à dire à la journée de travail.

Enfin le monde des employés ne doit pas rester indifférent à la réforme, pendante devant le Sénat, des retraites ouvrières, retraites de tous les salariés.

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M. Aubriot est très applaudi. La séance allait être levée lorsqu'un jeune ouvrier posa au conférencier une question très sensée que nous résumons : Vous, employés de commerce, vous parlez de repos hebdomadaire de 36 heures, de limitation de la journée. Très bien. Vous êtes payés au mois. C'est donc, pour vous, une augmentation de salaire. Mais les ouvriers sont payés, eux, à la journée donc toute limitation, ou diminution, est une perte et, de plus, ils doivent compenser les périodes de chômage.

Mais nous demandons, pour vous, l'augmentation des salaires. Vous serez payés à la semaine.

Si vous demandez cela, reprit le contradicteur, comment voulez-vous que les patrons marchent. (Rires, approbation). Le contradicteur semblait avoir trouvé le point faible de la discussion ; il eut le tort d'ajouter que si l'on comptait sur les députés ont pourrait attendre longtemps.

A cela M. Aubriot répondit par un mot emprunté à Clémenceau : On n'a, dit-il, que les maîtres que l'on mérite. Avant de faire des reproches aux autres commençons par faire notre devoir.

Avant de lever la séance M. Audinet fait voter l'ordre du jour suivant :

Les employés de commerce de la ville de Poitiers, réunis le mardi 14 décembre salle des Orphéons, après avoir entendu le camarade Paul Aubriot, le félicite de son exposé sur la situation des employés vis-à-vis de la loi sur le repos hebdomadaire et constatent que c'est sous la pression patronale que cette loi sera prochainement révisée par le Parlement. Et réclament, malgré qu'elle ne nous donne pas satisfaction entière, l'intangibilité des dispositions législatives existantes (loi du 13 juillet 1906).

Subsidiairement,

Les employés de Poitiers demandent que dans le projet de révision :

1°) Le repos de 36 heures consécutives soit substitué au repos de 24 heures.

2°) Le système des « deux demi-journées par quinzaine » soit supprimé pour maintenir le texte actuel dans le cas où le repos hebdomadaire est donné le dimanche après-midi, avec repos compensateur d'une journée par quinzaine.

3°) Qu'un repos compensateur soit prévu pour les six dimanches de dérogations municipales (fêtes locales et périodes de grandes fêtes).

4°) Que ne soit pas pris en considération le nouveau paragraphe qui tend à accorder la « suspension du repos hebdomadaire cinq fois par an » pour inventaire ou préparation des expositions de saison.

5°) Que la situation des gérants et employés principaux, vis-à-vis de la loi, soit nettement précisée.

6°) Que ne soit pas pris en considération le nouveau paragraphe introduit dans la loi et tendant à laisser choisir "d'un commun accord, par profession et par région“ par les employeurs et les employés, l'un quelconque des modes d'application de la loi (cette disposition ne donnant aucune garantie).

7°) Que les présentes dispositions soient applicables, d'une façon générale, à tous les employés à la livraison des marchandises, garçons de courses et de magasins.

 

le 22/04/2020 à 18:49

Source : L'Avenir de la Vienne

repos hebdomadaire, revendication, temps de travail

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