CGT

Se connecter

Les propos du Chef de l’État vivement critiqués par les leaders syndicaux au cours du meeting de samedi

Le ton était vif et l’assistance nerveuse samedi matin à la Maison du Peuple.

Toutes les Unions syndicales du département avaient invité les grévistes à un meeting général qui se tint à 10 h. 30.

D’une façon générale et dans des termes différents, les orateurs ont exprimé leur pessimisme à la suite de l’allocution du chef de l’État.

« Il n’était pas nécessaire d’attendre une semaine pour faire une telle déclaration » a pu dire M Tourancheau au nom de la CGT-FO.

« Aucun remède précis n’a été préconisé. La formule proposée tient davantage au plébiscite que du référendum et maintenant, ajoutait l’orateur, le pouvoir réclame l’appui d’une classe qu’il opprime depuis dix ans. Nous disons non au référendum et oui à la démission du gouvernement. Il n’y a qu’une issue, dans la lutte qui ne fait que commencer. Ensemble il faut que nous montrions notre volonté de gagner le combat ».

Pour M. Goupil de la CGT, évoquant l’allocution présidentielle « il y a eu pendant 7 minutes, les promesses répétées pendant 10 ans. Si la voix du peuple n’a pas été entendue pendant ce temps, la voici qui s’élève, claire. Elle vient des usines et des grands services occupés par les grévistes. C’est une fausse manœuvre que de faire tarder les négociations dans le but d’essouffler le mouvement de revendications ».

M. Vidal, parlant au nom de la CFDT, souligne qu’une phase décisive est ouverte « Nous n’avons que trois semaines pour tout perdre ou tout gagner. C’est la première fois sans doute, depuis la Libération, que nous ne battons pas simplement pour l’amélioration de nos salaires, mais pour la gestion de nos propres affaires ».

Comme l’avait fait M. Tourancheau, reprenant le mot d’un grand leader, M Vidal lançait : « Un plébiscite, ça ne se discute pas ça se combat ».

M Laumont, secrétaire de l’UD CGT donna ensuite lecture d’une résolution, texte adopté à l’unanimité par l’assistance.

Les manifestations se formèrent alors en cortège et par les rues de la ville, gagnèrent la préfecture.

En tête venaient les Hospitaliers avec une forte délégation, des délégués du personnel de la Pile Leclanché, des Dames de France, des ateliers Tesserault, des Fontes et Moules, des PTT, des Cheminots, de la FEN, des ouvriers du bâtiment, de l’EDF, etc..

Parmi les slogans les plus fréquemment scandés, venaient celui réclamant la liberté syndicale et celui demandant les 40 heures de travail en 5 jours.

Une délégation a été reçue à la préfecture. Au retour, M. Laumont s’est étonné qu’elle ne fut pas mise en présence du préfet de région lui-même, mais d’un de ses collaborateurs.

Aucun incident n’est à signaler – malgré quelques intempestives pétarades de motards – et la manifestation s’est achevée dans le calme.

La résolution

« Les travailleurs du secteur public et du secteur privé saluent les étudiants, les ouvriers, les employés, les paysans en lutte pour une réorganisation générale de leurs conditions de vie et des structures nationales.

Cette action, grâce aux mesures prises par les syndicats de tous ordres, se serait déroulée dans le calme si les forces de répression n’avaient pas provoqué des heurts et si le gouvernement avait eu véritablement le sens de l’intérêt national au lieu de laisser délibérément se détériorer la situation.

Pour toute réponse, le président de la République fait une fois de plus du chantage en disant : « Moi ou le chaos ».

Les travailleurs demandaient qu’on les traite en personnes majeures, en ouvrant avec eux des négociations véritables sur l’ensemble des problèmes économiques et sociaux.

Conscients de leurs devenirs ils refusent le plébiscite et ils resteront unis dans l’action pour imposer au pouvoir une économie au service du peuple ».

Photo : Samedi les travailleurs en grève ont défilé dans les rues de Poitiers.