0665729/05/1968POITIERS
Plusieurs centaines d’étudiants et de délégués des comités de grève de la Compagnie des Compteurs et de la Pile Leclanché ont défilé, hier après-midi, à travers les rues de notre ville, le drapeau rouge au poing et « L’Internationale » • à la bouche.
Cette manifestation était organisée dans le cadre du rapprochement luttes ouvrières - luttes étudiantes selon l’esprit défini dans le tract suivant distribué à l’issue du défilé :
« Depuis plus d’une semaine, les ouvriers poitevins occupent la plupart des usines de la ville : Leclanché (Chasseneuil et Pointe-à-Miteau) les Compteurs, la SPC (St-Benoît), les cheminots, les postiers, les gaziers, l’EDF.
« Pourquoi cette grève sur le tas ?
« Parce que les travailleurs ne veulent pas tolérer plus longtemps les conditions de travail et les salaires qui leur sont imposés.
« Par exemple à la SPC (Société Poitevine de Conditionnement) certains ouvriers travaillent 9 h. 30 par jour, doivent fournir environ 3.000 bombes insecticides à l’heure pour un salaire insuffisant. Ceci n’est qu’un exemple parmi bien d’autres.
« Contre de telles conditions les ouvriers revendiquent :
« - La diminution des horaires sans diminution de salaire ;
« - Un salaire minimum de 600 F ;
« - Des mesures effectives contre le Chômage ;
« - La reconnaissance du droit syndical à l’entreprise ;
« - Le pouvoir aux ouvriers dans l’entreprise et dans la nation.
« C’est là remettre en cause tout un système économique et social, celui de l’exploitation de l’homme par l’homme. Dans ce système, l’Université occupe une fonction déterminante. Les étudiants qui prennent aujourd’hui de plus en plus conscience du rôle qu’on leur assigne dans cette société contestent eux aussi ce système.
« Mais il est clair que seul, ils ne peuvent rien pour l’abattre. D’où la nécessité d’une solidarité effective avec les travailleurs, qui subissent l’exploitation la plus rude, ce qui fait d’eux la force principale pour tout changement véritable.
« Les étudiants s’engagent à faire connaître le plus largement possible les luttes ouvrières et appellent les habitants de Poitiers à créer des comités de soutien aux travailleurs en grève.
Ce tract était signé par : l’AGEP-UNEF, la Commission luttes ouvrières - luttes étudiantes, le comité de grève de la Compagnie des Compteurs, le comité de grève de la Pile Leclanché, le comité de grève de la SPC.
Devant les manifestants réunis place de la Liberté, une déléguée du comité de de grève de la Compagnie des Compteurs devait lire une motion d’information sur le travail au sein de cette usine :
« Les 600 travailleurs en grève de la Compagnie des Compteurs saluent tous les camarades en lutte rassemblés ici dans un but commun, celui de faire aboutir nos revendications.
« Est-ce normal que certains parmi nous ne gagnent que 500 par mois ? Est-ce normal que l’employeur ait le pouvoir absolu de décider seul de l’avenir des salariés ?
« Nous ne voulons pas seulement être des bras, mais des têtes à qui on laisse la possibilité de penser. Ainsi, nous pourrons agir au sein de l’entreprise et de la nation, et retrouver notre dignité.
« C’est pourquoi nous affirmons notre volonté de continuer la lutte jusqu’a ce que satisfaction nous soit donnée.
« Les travailleurs et travailleuses de la Compagnie des Compteurs tiennent à remercier tous ceux qui les aident dans cette lutte et plus particulièrement les étudiants qui leur témoigne d’une façon particulière leur solidarité.
Le cortège emprunta ensuite le parcours habituel pour gagner la préfecture devant laquelle il se disloqua après la reprise des slogans et de « L’Internationale ».
Photo : Brandissant les drapeaux rouges et les banderoles les étudiants chantent « l’Internationale » au cours de leur manifestation de solidarité avec les travailleurs
le 22/06/2022 à 16:11
Source : La Nouvelle Republique du Centre Ouest
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