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L’AGEP, UNEF, la commission des luttes ouvrières, luttes étudiantes, le Comité de grève de la Cie des Compteurs, celui des usines de la Pile Leclanché, le Comité de la Société poitevine de conditionnement ont organisé un défilé sur la voie publique. Y participaient effectivement, la CFDT des délégations ouvrières des usines Leclanché, de la Compagnie des Compteurs et d’autres de secteurs public et privé.

Rassemblés, autour de la statue de la Liberté, les manifestants ont entendu avant le défilé, Mme Grateau parlait au nom de ses camarades de la Cie des Compteurs.

Un témoignage ouvrier

Mme Grateau devait dire : « Les 600 travailleurs en grève de la Cie des Compteurs saluent tous les camarades en lutte rassemblés ici dans un sort commun, celui de faire aboutir nos revendications.

« Est-ce normal que certains parmi nous ne gagnent que 500 fr par mois ? Est-ce normal que l’employeur ait le pouvoir absolu de décider seul de l’avenir des salariés ?

« Nous ne voulons pas seulement être des bras, mais des têtes à qui l’on laisse la possibilité de penser. Ainsi nous pourrons agir au sein de l’entreprise et de la nation et retrouver notre dignité. C’est pourquoi nous affirmons notre volonté de continuer la lutte jusqu’à ce que satisfaction nous soit donnée.

« Les travailleuses et travailleurs de la Compagnie des Compteurs tiennent à remercier tous ceux qui les aident dans cette lutte et plus particulièrement les étudiants qui leur témoignent d’une façon particulière leur solidarité ».

En chantant l’internationale

Le cortège se forma dès que Moutel président de l’AGEP eut donné les mots d’ordre : « Université populaire » - « A bas le capitalisme » - « Pouvoir aux travailleurs » - « Solidarité aux travailleurs ». Dès le départ, un étudiant brandit un drapeau rouge. Drapeau qui fut maintenu jusqu’au terme de la manifestation, la place de la Préfecture.

Tout au long du trajet « L’Internationale » fut entonnée coupant les mots d’ordre scandés avec force. Ils étaient 600.

Place de la Préfecture, les manifestants chantèrent à nouveau le chant révolutionnaire poings brandis et se dispersèrent dans le calme.

Texte distribué aux Poitevins

Depuis plus d’une semaine les ouvriers poitevins occupent la plupart des usines de la ville :
Leclanché (Chasseneuil et Pointe-à-Miteau).
Les compteurs,
La SPC (Saint-Benoît).
Les cheminots, les postiers, les gaziers, l’EDF.

Pourquoi cette grève sur le tas ?

Parce que les travailleurs ne veulent pas tolérer plus longtemps les conditions de travail et les salaires qui leurs sont imposés.

Par exemple à la SPC (Société Poitevine de Conditionnement) certains ouvriers travaillent 9 h. 30 par jour, doivent fournir environ 3.000 bombes insecticides à l’heure pour un salaire insuffisant. Ceci n’est qu’un exemple parmi bien d’autres.

Contre de telles conditions les ouvriers revendiquent :
- La diminution des horaires sans diminution de salaires ;
- Un salaire minimum de 600 F ;
- Des mesures effectives contre le chômage ;
- La reconnaissance du droit syndical à l’entreprise ;
- Le pouvoir aux ouvriers dans l’entreprise et dans la nation.

C’est là remettre en cause tout un système économique, politique et social, celui de l’exploitation de l’homme par l’homme. Dans ce système l’Université occupe une fonction déterminante. Les étudiants qui prennent aujourd’hui de plus en plus conscience du rôle qu’on leur assigne dans cette société, constatent eux aussi ce système.

Mais il est clair que seuls, ils ne peuvent rien pour l’abattre. D’où la nécessité d’une solidarité effective avec les travailleurs qui subissent l’exploitation la plus rude, ce qui fait d’eux la force principale pour tout changement véritable.

Les étudiants s’engagent à faire connaître, le plus largement possible les luttes ouvrières et appellent les habitants de Poitiers à créer des comités de soutien aux travailleurs en grève ».

Photo : Place de la Préfecture, à l’issue du défilé