0680314/06/1968POITIERS
A propos de la manifestation étudiante du 12 juin et des incidents qui l’ont marquée, l’Union Départementale CFDT tient à faire les observations suivantes :
- L’UD CFDT n’était pas organisatrice de la manifestation mais, conformément aux directives confédérales, apportait son soutien aux étudiants ; cette attitude était d’ailleurs demandée aux responsables de l’UD par les adhérents CFDT grévistes, qui ont pu apprécier l’aide généreuse et fraternelle que leur ont apportée les étudiants.
- L’interdiction de la manifestation étudiante à Poitiers ne se justifiait absolument pas par des considérations locales ; toutes les autres manifestations se sont en effet déroulées sans incident ; les seules dégradations ont été jusqu’ici à Poitiers, le fait des étudiants d’extrême droite, qui ont occupé l’AG.
- Ceci étant reconnu, les dirigeants de la CFDT présents ont jugé que, puisque l’AG tentait de manifester, malgré l’interdiction, ils n’avaient pas à se désolidariser des étudiants, à condition que tout recours à la violence soit exclu par les manifestants.
- S’il y eut quelques bousculades très mineures lorsque les gendarmes et les manifestants étaient face à face, il n'y eut en effet aucune violence et les étudiants s’assirent bientôt à terre, dans l’attitude même de la non-violence.
- L’UD CFDT tient à faire remarquer que, si l’on attendit 5 heures avant de faire évacuer l’AG par les étudiants d’extrême droite, qui lançaient des projectiles sur la foule, on n’attendit que quelques minutes pour lancer des grenades lacrymogènes contre des jeunes gens assis.
- Si durant la manifestation proprement dite, quelques excités manifestèrent l’intention de jeter des cailloux, ils en furent empêchés par les protestations indignées de l’immense majorité des manifestants. Si un individu irresponsable a lancé, bien après la manifestation, une pierre qui blessa un gendarme, c’est l’acte d’un isolé ; l’UD CFDT condamne ce geste équivoque ; il ne saurait être utilisé pour discréditer les manifestants qui eurent, eux aussi, des blessés légers à la suite d’explosions de grenades lacrymogènes.
- La CFDT ne peut oublier que la nouvelle vague de violence a son origine dans l’occupation des usines par la police, à Flins et à Sochaux, d’où résultèrent des heurts et trois morts. Si les travailleurs, en ces lieux, comme dans la Vienne à Leclanché, occupent encore les locaux et continuent une grève très difficile, c’est parce qu’ils se heurtent à l’intransigeance patronale. A Leclanché c’est essentiellement sur le droit syndical que s’affrontent patrons et ouvriers. La responsabilité première de tous ces troubles est à ceux qui ne comprennent pas que le régime du patron-dieu est terminé dans les entreprises.
- Rien n’est plus terrible pour un pays que de rejeter sa jeunesse. Et maintenant la solidarité entre étudiants et ouvriers, entre syndicalistes des organisations étudiantes et syndicalistes, les dirigeants de l’UD CFDT, et, en particulier, les professeurs du SGEN qui appartiennent à des organismes directeurs, ont conscience d’accomplir une tâche essentielle et salutaire. Ils demandent à toute la population, même à ceux qui sont bien éloignés de leurs propres options, de s’efforcer de comprendre tout ce que renferme de richesse et de générosité, sous certains excès verbaux, et dans une extrême intransigeance, une révolte étudiante qui met en question non seulement le régime politique actuel, mais aussi le régime économique et la manière dont nous vivons et transmettons notre culture.
L’UD CFDT refuse toute haine, elle condamne absolument tout recours à la violence et refuse participation et soutien à toute manifestation qui envisagerait, même sous des prétextes défensifs, des moyens violents. Dans ces limites, avec rigueur et résolution, la CFDT continue la lutte pour la justice.
le 25/06/2022 à 16:23
Source : Centre Presse
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