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0684931/12/1882POITIERS

CHAMBRE SYNDICALE DES CORPORATIONS OUVRIÈRES RÉUNIES DE POITIERS - PÉTITION

La Chambre syndicale de Poitiers, sur la demande formulée par plusieurs de ses membres, a décidé dans une de ses réunions, de présenter à la Municipalité une pétition ainsi conçue :

« Les soussignés, habitant la commune de Poitiers, ont l’honneur de soumettre à l’approbation de la municipalité le vœu suivant : pour le rétablissement officiel de la taxe du pain, basée sur le cours de la mercuriale et d’après les lois en vigueur.

« Ils l’invitent, en outre, à faire exercer par qui de droit, une surveillance sérieuse sur la qualité et le poids exact de la marchandise vendue.

« Comptant sur la bienveillance de la municipalité, chargée de défendre les intérêts légitimes de ses concitoyens, ils espèrent qu’elle voudra prendre en bonne considération la présente demande des pétitionnaires dont les noms suivent ».

(Plusieurs listes mises en circulation dans les différents quartiers de la ville ont été bientôt revêtues d’environ 2.000 signatures).

Un certain nombre de signataires, anxieux de connaître le résultat de cette pétition, a adressé plusieurs réclamations à la chambre syndicale. Afin de répondre au désir de tous, le secrétaire a l’honneur d’informer les pétitionnaires qu’une délégation de trois membres chargés de présenter la pétition à la municipalité a été reçue en audience particulière le 17 décembre, par deux de ses représentants.

Après une discussion contradictoire, la municipalité se basant sur les principes de la liberté absolue du commerce, a déclaré ne pas rétablir officiellement la taxe mais qu’elle saurait toujours maintenir le prix du pain en rapport avec le cours des farines et assurer par là une compensation équitable aux intérêts du consommateur et du vendeur.

Les délégués ont pris acte de cette déclaration, tout en se réservant le droit de rappeler, le cas échéant, à la municipalité l’engagement pris par elle.

Le 2e article de la présente pétition a été également l’objet d’une sérieuse discussion de part et d’autre ; la municipalité a trouvé l’application plus pratique et a promis de faire droit aux justes et légitimes prétentions des pétitionnaires, mais en invitant les consommateurs lésés dans ses propres intérêts à adresser directement ses plaintes à l’autorité compétente.

Les délégués, s’appuyant sur des considérations qu’il est inutile de développer ici, ont prétendu que la municipalité devait user de toute son influence et qu’elle seule avait le devoir de protéger les intérêts de ses administrés, sans prétendre faire descendre ceux-ci au rôle de dénonciateurs.

Les délégués ont pris bonne note des déclarations faites par la municipalité et prient les pétitionnaires de veiller à leur exécution.

Certifié exact le présent rapport.

Pour la chambre syndicale : Le secrétaire général, Mercier Jacques, imprimeur lithographe.

Poitiers, le 27 décembre 1882

 

 

le 30/06/2022 à 19:35

Source : L'Avenir de la Vienne

pétition, délégation, municipalité, pain

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