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0688113/08/1968VIENNE

LES SALARIÉS AGRICOLES DE LA VIENNE VONT-ILS BÉNÉFICIER UN JOUR DES ACCORDS DE VARENNE ?

La CFDT communique :

Par un bref communiqué paru dans la presse le 19 juillet, le Syndicat général départemental de l’Agriculture CFDT faisait savoir aux salariés agricoles du département que les négociations en cours pour la révision des conventions collectives avaient été rompues.

Il convient maintenant de faire le point avec plus de précision et de dire où sont les vrais responsables.

A la suite des accords de Varenne, il avait été convenu entre les parties signataires :
- de relever à 3 fr. de l’heure tout salaire qui était inférieur à ce prix.
- d’accorder à tous les salaires supérieurs à compter du 1er juin, 7 pour cent d’augmentation, ce pourcentage comprenait les hausses déjà intervenues depuis le 1-1-68, et un complément portant ce chiffre de 7 à 10 pour cent à compter du 1-10-68.

Après constatation que l’application de cette formule, jointe à l’application d’un SMIG sensiblement relevé, aboutit à écraser la hiérarchie des salaires réels, il a été convenu d’inviter les commissions mixtes départementales à conclure des accords permettant dé sauvegarder les écarts de salaires entre les divers échelons de la hiérarchie.

Une première commission mixte avait lieu le 24 juin et une 2e le 18 juillet. Entre temps, les syndicats employeurs faisaient parvenir aux syndicats ouvriers leurs propositions.

Celles-ci sont proprement inacceptables et cela pour deux raisons :
1. Elles sont illégales ;
2. Elles sont en retrait par rapport à la convention signée en janvier.

Alors qu'il avait été acquis une fois pour toutes que la durée annuelle du travail serait répartie également tout le long des douze mois de l’année, les nouvelles propositions font état d’une répartition mensuelle variant suivant les saisons, ce qui a pour effet de supprimer un grand nombre d’heures supplémentaires, au détriment du salarié, bien entendu.

D’autre part, la prime d’ancienneté serait ajoutée au salaire actuel pour déterminer si celui-ci est supérieur ou inférieur à 3 fr.

Or une prime est une prime et n’a jamais été un salaire. Il ne faut donc pas reprendre d'une main ce que l’on a donné de l’autre.

Les salariés agricoles ne sont pas dupes.

En refusant d’appliquer aux salaires les plus élevés, les 10 pour cent d’augmentation rendus obligatoires par les accords de Varenne, les employeurs de la Vienne refusent de reconnaître la hiérarchie dans les salaires et la compétence de leurs propres ouvriers.

En proposant un salaire de manœuvre à un conducteur de tracteur compétent, ils préparent dès aujourd’hui une pénurie de main-d’œuvre qualifiée pour dans quelques années.

Mais n’est-il pas vrai que « après nous le déluge » ?

Pour appuyer leurs propositions, les syndicats employeurs, d’un commun accord, prétendent que la convention signée en janvier comportait déjà une majoration de salaire de beaucoup supérieur à 10 pour cent.

Or, d'après la « Vienne rurale », la Convention signée en janvier ne pourrait en aucun cas avoir des répercussions sur les salaires déjà pratiqués.

Que signifie donc ces grimaces ? Tout simplement, que pour utiliser de la main-d'œuvre au meilleur compte, tous les moyens sont bons,

Faut-il dénoncer une fois de plus les conditions de travail qui sont le lot de 75 pour cent des salariés agricoles de notre département ?

- Beaucoup ne sont payés qu’une fois par an, ce qui permet à l’employeur de placer à son compte de l’argent qui ne lui appartient pas et oblige le salarié à s’humilier pour obtenir des acomptes.

- Les heures supplémentaires ne sont jamais payées et dieu sait s’il y en a quand on fait des journées de 12 à 13 heures.

- Les congés payés ne sont jamais pris, et sur ce point, de nombreux salariés se sont heurtés à un refus catégorique, bien que la loi en fasse obligation.

- De même pour les bulletins de salaire.

- Les fournitures en nature, que l’on baptise avantages, alors que ce ne sont que des inconvénients, sont un moyen commode de réduire les salaires versés et de tenir le salarié en laisse.

De tout cela, les syndicats ouvriers voulaient discuter le 18 juillet en commission mixte. Mais cela ne leur fut pas possible, car au bout d’une heure, les employeurs prenaient la lourde responsabilité de rompre les discussions en quittant la séance, ce qui est une façon bien commode de fuir ses responsabilités.

Le syndicat général départemental de l’agriculture CFDT de la Vienne, émet le vœu que très prochainement, chacun se sente disposé à reprendre des négociations indispensables à l’avenir de notre agriculture, car il ne faut pas croire que les salariés agricoles se laisseront exploiter indéfiniment.

 

 

le 09/07/2022 à 15:06

Source : Centre Presse

agriculture, négociation

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