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0691002/11/1968CHATELLERAULT

LA CLOCHE RUSSE DE L’ÉGLISE DE CHATEAUNEUF A SONNÉ LE GLAS POUR LA FERMETURE DE LA MANUFACTURE D’ARMES

Mise en sommeil depuis quelques années par un arrêté ministériel paru au « Journal Officiel » de l’époque, la sirène de la Manufacture nationale d’armes de Châtellerault a fait entendre, jeudi soir, son chant, saccadé.

Le glas ! Se fut la cloche russe de l’église Châteauneuf, offerte par le tzar Nicolas II, un 2 novembre 1894, à la ville de Châtellerault, en remerciement pour la fabrication d’une commande d'armes, qui le sonna, grâce à la bienveillance de l’équipe sacerdotale de la paroisse, des « manuchards » sont montés au clocher pour la sonner eux-mêmes.

Car, depuis jeudi soir, la Manufacture nationale d’armes, de Châtellerault a pratiquement fermé ses portes. Durant ce mois, ceux des membres du personnel restés en place seront mutés progressivement vers d’autres horizons. Il ne restera plus que l’organisme liquidateur.

La situation actuelle du personnel

Sur un effectif de 360 membres du personnel la situation se présente ainsi à la date fixée pour la fermeture de l’établissement : 95 personnes sont mises à la retraite d'office.

18 ont reçu leur feuille de mutation.

Un assouplissement ayant été apporté aux mesures, durant le mois de novembre, 250 personnes seront mutées progressivement dans divers autres établissements d’État.

Puis durant une période pouvant aller jusqu’à 18 mois, restera sur place l'organisme liquidateur.

Du crêpe au drapeau

A la sortie du travail, les ouvriers se rassemblèrent dans la cour de l’établissement, à la sortie principale.

M. Henri Bourdeau, président du comité de liaison des syndicats redit une nouvelle fois que cette liquidation prenait figure d’une « déportation moderne ». Puis il demanda à ses camarades de se rendre en défilé place de la République, dans la plus grande discipline.

Mais, avant de partir on amena le drapeau tricolore qui était au mât. On lui passa un crêpe et, une veuve de déporté, Mme Charles Limousin, le hissa de nouveau. Tout le monde se découvrit et observa une minute de recueillement.

Alors se forma le cortège qui se rendit, sans incident, place de la République.

Un Roi de France

On se regroupa sur la place pour écouter, une fois encore, le président du comité de liaison.

Ayant remercié ses camarades, M. Henri Bourdeau déclara. : « C’est un roi de France qui créa un établissement national, en 1819, que détruit une république ».

Ayant rappelé les menaces qui pesaient sur l’établissement et la lutte qu’engagèrent immédiatement les organismes syndicaux, il certifia avec force que c'était « toute la ville qui allait être victime de cette mesure. Nous avons été battus, mais nous pouvons être fiers de notre action ».

Avant de terminer et de communiquer les statistiques que nous donnons d’autre part, M. Bourdeau, remercia le clergé qui avait permis que sonne la cloche russe à laquelle tiennent essentiellement les châtelleraudais.

Cette manifestation, sur laquelle planait visiblement une incontestable tristesse, se déroula dans le calme et sans incident.

 

 

le 18/07/2022 à 17:51

Source : Centre Presse

fermeture, manifestation

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