0069218/07/1910POITIERS
UNE FÊTE DU TRAVAIL
Distribution de récompenses.
Dimanche à 3 heures, salle des fêtes de l'Hôtel de ville, la Bourse du Travail a procédé, devant une nombreuse assistance, à la distribution de ses récompenses aux apprentis les plus méritants qui suivent ses cours.
M. Morain, maire, présidait, près de lui avaient pris place MM. Collier, conseiller de préfecture ; Aubertie, inspecteur du travail ; Roux conseiller municipal Audinet, secrétaire général de la Bourse du Travail ; les professeurs des cours d'apprentissage ; des commerçants.
.../...
M. Audinet, après avoir remercié les personnes qui encouragent les efforts de la Bourse du Travail, expose son œuvre :
« Son but est de donner aux jeunes une éducation plus complète, plus rationnelle, des connaissances plus étendues, d'en faire des hommes conscients qui comprennent que, placés dans la société, en face d'autres hommes, luttant comme eux pour l'existence, ils doivent tenir leur esprit en éveil afin d'être toujours prêts à combattre pour obtenir des améliorations et en même temps marcher toujours dans la voie du progrès.
« L'amélioration collective aura pour base l'amélioration de chaque individu, mais encore la faut-il morale et matérielle.
« Le métier étant la clef de notre vie sociale, le jeune ouvrier doit d'abord se perfectionner dans la vie de sa profession.
Ayant ainsi défini la doctrine de la Bourse en matière d'enseignement professionnel M. Audinet s'étonne de l'hostilité qu'elle rencontre dans certains milieux. C'est injuste car en travaillant à faire de bons ouvriers elle sert aussi bien les intérêts des patrons que ceux des ouvriers.
« Les patrons ne forment plus d'apprentis ou les instruisent mal. Nous n'entendons pas dire qu'il est le seul responsable, nous constatons simplement le mal et nous essayons le remède que nous préconisons.
« Le patron ne peut guère enseigner. Les besoins de la vie l'obligent à être tout le long du jour à son propre établi ou l'appellent au dehors.
"Qui fait l'apprenti ? Presque toujours c'est un ouvrier. Pour faire un ouvrier il faut l'être soi-même et pour faire de très bons ouvriers il faut que le professeur soit, lui-même un ouvrier hors pair. C'est pour cela que nous voulons toujours l'élite de la classe ouvrière comme instructeurs.
"Et que dès lors, si la crise de l'apprentissage est un fait impersonnel, si elle est le résultat fatal de la transformation de la production et si nous reconnaissons, nous les ouvriers, l'irresponsabilité des patrons, de quel droit ceux-ci nous seraient-ils hostiles ? Et pourquoi essayeraient-ils de déconsidérer nos efforts quand, en réalité, ce sont eux qui, encore pour longtemps, seront presque les seuls à en retirer tous les avantages ?
Mais ne nous décourageons pas, conclut M. Audinet, notre horizon s'éclaire singulièrement, tout au moins en ce qui concerne notre projet de réorganisation de nos cours professionnels. Reste la question de l'atelier à la Bourse même : placer un atelier à l'école même c'est réaliser le seul atelier d'apprentissage qu'il soit possible d'imaginer : instruction de l'ouvrier par l'ouvrier dans l'atelier-école où le professeur est chez lui et les élèves aussi.
.../...
M. Morain, maire de Poitiers, (...) est heureux d'annoncer qu'il a obtenu de la commission, à l'unanimité, les crédits nécessaires. Le Conseil saura faire droit aux conclusions du rapporteur.
Il félicite la Bourse du Travail de son initiative, l'administration municipale sait le chemin qu'elle a tracé, il ne suffit pas d'instruire l'enfant jusqu'à 12 ans, le rêve est de réaliser l'égalité des classes non par la fortune mais par la vraie richesse du cœur, de l'intelligence, de l'éducation. Parmi les projets à l'étude le plus important tend à créer une école industrielle et commerciale où les jeunes gens apprendront ce qu'est le grand commerce et la grande industrie pour leur permettre d'être à même de défendre utilement la richesse de notre France.
.../...
le 24/04/2020 à 14:47
Source : L'Avenir de la Vienne
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org