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La Confédération générale des Cadres s’est penchée sur le problème de la vocation de Châtellerault et nous communique le fruit de son étude :

Pour notre ville, la vocation fut, à une époque, la coutellerie. La dernière a été la Manufacture. Maintenant, elles seraient l'une et l'autre trop petite. Il faut une vocation a l’échelle de la région.

Châtelleraut a des usines. Mais pas d’unité industrielle. La ville n’a pas l’activité-phare qui distribuerait la sous-traitance, conditionnerait les espoirs de promotion et dicterait la bonne voie aux établissements scolaires.

Nantes a les chantiers navals.

Brest : la mer et bientôt, la pétrochimie.

Rennes est l’exemple : L’électronique avec l’industrie, les écoles civiles et militaires axées sur cette vocation.

Le plan de décentralisation aurait dû être fait en donnant une vocation à chaque région ou en la développant si elle existait déjà. Faute de cela, l’élément moteur de la décentralisation a été - pensent beaucoup - la colonisation des provinces.

On ne peut définir une vocation pour chaque ville. C’est pourquoi, si on veut en parler, il faut englober au moins Châtellerault-Poitiers avec les communes satellites.

Oh ! Combien on peut regretter cette rivalité nuisible entre les deux villes : l’industrie poitevine installée au sud, celle de Châtellerault au nord ! et surtout l’implantation du complexe universitaire à l’est de Poitiers. Quel merveilleux noyau de cristallisation de l’axe Poitiers-Châtellerault aurait été cette université installée à mi-chemin des deux villes ! Une université à l’Américaine. Des stades, des piscines, des manèges des gymnases, offerts simultanément aux clubs universitaires et civils. Des équipes de valeur nationale représentant les deux villes ensembles et attirant les spectateurs par la qualité du spectacle.

Tout n’est jamais perdu aux hommes de bonne volonté. Faisons le point :

Le marché commun, c’est :
- le grand axe du Rhin,
- l’ouverture vers la Méditerranée par le Rhône.
- l’ouverture vers l’Atlantique par la Bretagne.

Les voies de pénétration industrielles proches de notre région seront :
- Brest, Rennes, Paris, Lille ou Strasbourg,
- Brest, Vannes, Nantes, Rennes, ou Tours-Paris.

Le Poitou reste à l’écart des grands bouleversements industriels et économiques.

Une grande usine dans la région 2.000 emplois nouveaux ? Difficile ou impossible. Les ressources en main-d’œuvre ne sont pas suffisantes.

RÉGION DE CARREFOUR

Le Poitou a toujours été un couloir de passage Nord-Sud. Il faut en faire un carrefour. II doit être au centre d’une étoile avec les branches dirigées vers :
- la Bretagne, Paris, Limoges, Bordeaux, la Côte de Beauté.

L'autoroute A 10 et la voie « Centre-Europe Atlantique » avec ses bretelles Poitiers-Nantes et Poitiers-La Rochelle seront les supports des branches de l’étoile. Voilà la vocation : Région carrefour.

Carrefour des échanges entre :
- le Portugal, l’Espagne, les Pyrénées, Bordeaux vers le Marché, Commun.
- l’Italie, Marseille, Toulouse, la Bretagne vers l’Angleterre et l’Amérique.

Mais que peut-on faire à un carrefour ? Regarder passer autos, camions, trains ? Ou jouer à l’agent de circulation ?

Voilà l’idée ! Ne pas être spectateur au carrefour ! Intervenir !

Il faut que cette plaque tournante serve à l’installation d’administrations publiques, mi-publiques ou privées qui utilisent toutes les branches de l’étoile :
- Institut de statistiques ; assurances ; distribution commerciale ; bureaux d’études ; centre d’essais ou recherches ; administrations publiques, etc ...

On dit de ceux qui arrachent quelque chose à la nature, qu’ils ont une « activité primaire » ; de ceux qui transforment ces produits bruts qu’ils ont une « activité secondaire », de ceux qui ne reprennent pas une troisième fois ces produits élaborés par l’industrie pour en faire autre chose, qu’ils ont une « activité tertiaire ».

L’activité primaire : ce sont les agriculteurs, pêcheurs, mineurs.

L’activité secondaire : ce sont les ouvriers d’usine, artisans...

L’activité tertiaire : ce sont les cadres, techniciens, employés, commerçants, militaires, les professions libérales, le personnel des services.

POUR CHATELLERAULT-POITIERS IL FAUT JOUER LE TERTIAIRE

On prédit, pour la fin du siècle, que sur 100 actifs, il y aura 5 paysans au plus, 20 ouvriers environ, 75 tertiaires environ.

C’est donc l’option de l’avenir. Il faut adopter la vocation du tertiaire.

Pour cela : ne pas répéter l’opération malheureuse de l’Université de Poitiers, donc implanter à mi-Chemin Poitiers-Châtellerault.

2. Faire de la région un cadre accueillant pour ces familles de travailleurs intellectuels (ou non manuels). Réaliser des plans d’urbanisme selon leurs goûts bien connus et si raisonnables : maisons individuelles, parcs de sports et loisirs, plan d'eau (il existe un projet bien séduisant).

3. Faire la publicité ou l’incitation à l’installation en vantant :
- les Châteaux de la Loire à deux pas ; la mer à la porte ; la montagne à quelques heures ; la variété des sites pour la construction ; la qualité des produits de la terre poitevine : la possibilité de réunions ou séminaires dans un cadre touristique sur place ou à proximité (Royan) ; l’esprit du Poitou, mélange de Ronsard, Rabelais, Descartes (la douceur, la joie de vivre, la logique).

4. Préparer l’installation de ce « tertiaire » en prévoyant les écoles nécessaires à la formation du personnel.

Il n’est pas question, bien sûr, d’abandonner les parts d’activité primaire et secondaire déjà installées. Quelques usines supplémentaires de traitements de produits agricoles, de montage ou fabrication mécanique seront toujours les bienvenues. Il faudra même en rechercher. Mais puisque la densité de population ne peut conduire à l’implantation d’une grande entreprise, il faut louer la qualité des emplois plutôt que la quantité en s’appuyant sur la tradition actuelle de mécanique de précision.

La vocation du « tertiaire » correspond à cette idée de qualité. Elle offre non seulement des emplois promotionnels mais elle conduit a l’installation de salariés nouveaux dont les deux villes, toutes les communes alentour et la zone touristique de la côte profiteront largement.