0705917/06/1969MONTMORILLON
Les travailleurs considèrent l’accord direction-syndicat insuffisant
Montmorillon a vécu, hier, sur le plan social, une journée d’intense activité. Le mouvement revendicatif, lancé mardi dernier aux établissements Tub'Ménager-Lamilux-Escalux, a pris un tournant décisif, à l’issue d’une réunion générale d’information, tenue à partir de 16 heures, salle municipale, en présence de quelque trois cent cinquante ouvriers horaires en grève, compte non tenu des « piquets de grève » restés en place aux portes de l’usine.
LA JOURNÉE DE LUNDI
A huit heures, lundi matin, un dialogue s’engageait à l’Hôtel de ville de Montmorillon, entre la direction de l’usine, les neufs délégués syndicaux, M. Malésieux, Inspecteur du travail, M. Laumont, secrétaire de l’UD CGT de la Vienne, un conseiller juridique du Syndicat patronal de l’ameublement.
MM. Lavergne, secrétaire général de l’Hôtel de ville, et Lamachère, dont l’intervention avait permis l’ouverture « du dialogue », assuraient la présentation des parties en cause et se retiraient.
Commencées à 8 heures les négociations se poursuivaient jusqu’à 13 heures, un protocole d’accord mis au point devant être présenté aux ouvriers en grève.
350 GRÉVISTES SALLE MUNICIPALE
A 16 heures, salle municipale, environ trois cent cinquante horaires assistaient à la réunion d’information. L’atmosphère était calme mais tendue. M. Morillon, après avoir remercié ses camarades de leur présence, donnait lecture du protocole d’accord.
M. Laumont, après lui, devait résumer la situation et retracer brièvement la réunion du matin :
« Nous nous sommes trouvés devant une, direction, sur de nombreux points, intransigeante, avec laquelle nous arrivons à discuter parce qu’il y a une grève ».
En ce qui concerne l’application de la Convention collective, M. Ranger a reconnu lui-même, au cours de l’entrevue de l’Hôtel de ville, qu’elle n'était pas en totalité appliquée.
« Nous avons remporté tout de même quelques petits succès et obtenu certaines garanties. Vous avez mené une lutte magnifique, mais ce que vous avez réussi à arracher est encore insuffisant ».
Et le secrétaire départemental poursuivit : Faut-il enregistrer ce premier succès et continuer la lutte sous d’autres formes, afin d’obtenir, par exemple, que tous les travailleurs employés par l’entreprise soient payés, au rendement ? Les négociations ont commencé ce matin à 8 heures, nous en sommes sortis à 13 heures pas totalement satisfaits, sans la grève, nous en serions toujours au même point, ce qui a été obtenu n’est peut-être pas satisfaisant, mais c’est une base de départ. Je crois qu’il faudrait envisager « quelque chose », mais reprendre ».
Là-dessus, il apparait qu’il y ait divergence certaine. M. Laumont propose alors de présenter à la direction le manifeste suivant :
« L’assistance prend acte des propositions de la direction, elle considère que celles-ci ne satisfont pas l’ensemble du personnel, car une seule partie bénéficie de 10 % d’augmentation. Les travailleurs ne voulant pas se diviser, bénéficiaires et non vont s’unir pour organiser la rentrée dans l’usine et continuer, ensemble, la lutte ».
Ce manifeste ne satisfait pas les grévistes, qui crient non à la reprise.
La question est posée ; à main levée les grévistes y répondent : la majorité se prononce pour la poursuite de la grève, une dizaine, une quinzaine de mains se lèvent pour la reprise du travail.
M. Laumont : « Vous venez de prendre une décision très très grave. Vous venez de décider de poursuivre la grève, mais il faudra pas revenir sur votre décision ».
Il est alors décidé de former une délégation réduite, une douzaine de personnes, qui va se rendre auprès de la direction pour l’informer de la décision des grévistes et la revendication des 7 % d’augmentation pour tout le personnel.
A 18 h. 50, la première délégation venait d’avoir une entrevue avec la direction. Cette délégation réclamait une augmentation de 20 centimes à l’heure minimum pour tout le monde ; la direction proposait de supprimer les 5 centimes accordés aux travailleurs de la chaîne, conservant à ceux-ci leur augmentation déjà prévue, et de donner, au reste du personnel, une augmentation horaire de 10 centimes.
Les ouvriers, réunis à la salle municipale, repoussaient cette proposition et une nouvelle délégation retournait auprès de la direction.
A 20 h. 20, cette délégation revenait. La position de la direction n’avait pas changé ; elle proposait toujours une augmentation horaire de 10 centimes et, dans les trois mois à venir, un protocole d’accord.
Cette seconde solution était à nouveau repoussée à l’unanimité et les grévistes décidaient de poursuivre la grève, en intensifiant leurs moyens d'action.
Une nouvelle étape de cette grève allait s’ouvrir et, pour ce matin, la totalité des ouvriers en grève était convoquée à 8 heures devant les portes des usines, avec des banderoles portant leurs revendications, alors que les délégations se succéderaient, sans arrêt, au cours de la journée, auprès de la direction.
le 21/08/2022 à 16:27
Source : Centre Presse
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