0708212/09/1969POITIERS
Les récentes mesures d’économie ont été particulièrement ressenties à l’Institut National de la Recherche Agronomique. Les membres du personnel des stations de Lusignan et de Rouillé ont manifesté leur inquiétude et leur mécontentement.
Répondant à l’appel de leurs syndicats nationaux, et après avoir délibéré en assemblée générale, une motion a été adoptée à la quasi unanimité par les personnels de ces stations. Une motion adressée à M. le Préfet a été remise hier, par une délégation de syndicalistes, à M. Charassier.
Une entrevue a été accordée aux responsables syndicaux qui menaient la délégation, MM. Caugnon et Gillet, de la CFDT et M. Bertholleau, de la CGT, par M. Charassier. A l’issue de leur entretien, M. Charassier qui avait manifesté son intérêt pour le problème soulevé par ses interlocuteurs, notamment en leur posant de nombreuses questions, leur a déclaré que le texte de leur motion sera transmis à M. le Ministre des Finances et à M. le Ministre de l’Agriculture.
La délégation – qui a également demandé audience à MM. Peyret, député de la Vienne et Quintard, conseiller général - a envoyé le texte de cette motion à MM. les parlementaires de la région Poitou-Charentes.
LA MOTION
« Le personnel des stations INRA de Lusignan et de Rouillé répondant à l’appel des organisations syndicales pour une journée nationale de protestations, attire votre attention sur la gravité des menaces budgétaires qui pèsent sur la recherche agronomique.
« L’importance économique de celle-ci est pourtant loin d’être négligeable.
« C’est grâce à elle, par exemple, que la culture du maïs a pu se développer dans le Nord de la France, que nous n’importons plus des pommes de terre de semence de Hollande, que la Bretagne exporte ses fraises en Angleterre ; des producteurs américains s’intéressent actuellement à des variétés sélectionnées à Lusignan ; plusieurs milliers d’élevages porcins et caprins de la région sont améliorés par la station d’insémination de Rouillé.
« Localement, les stations de l’INRA constituent des pôles d’activités importantes dans la région Poitou-Charentes, elles emploient trois cent cinquante personnes environ dont cent-vingt dans nos deux stations.
« Les prévisions budgétaires 1970 ne comportent aucun recrutement et ne permettent aucun avancement, à moins de licenciements. Dès cette année, une interdiction de remplacer le personnel démissionnaire amène une diminution du nombre des emplois.
« Ces mesures compromettent sérieusement l’efficacité de la recherche, et ceci pour plusieurs années ; elles sont aggravées par des réductions de crédit qui revêtent des proportions dangereuses. En particulier certaines installations très coûteuses (serres, etc...) risquent d’être fermées.
« Dans ces circonstances, les rumeurs concernant un éventuel transfert de services publics au secteur privé, pourtant moins garant, dans notre domaine du moins, de l’interêt général, deviennent alarmantes.
« En manifestant son inquiétude au moment où le budget de l’État va être voté, le personnel vous saurait gré de bien vouloir vous faire l’écho de ses préoccupations et appuyer ses protestations ».
le 22/08/2022 à 16:12
Source : Centre Presse
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