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S’adressant au Ministre de la Défense nationale, M. Abelin pose le problème des ouvriers licenciés

Comme suite aux délibérations du Conseil Municipal, M. Pierre Abelin publie le texte de la lettre qu’il a adressée le 12 septembre 1969 au Ministre de la Défense Nationale M. Michel Debré..

MONSIEUR LE MINISTRE,

« Je me permets d’attirer votre attention de façon pressante sur un certain nombre de problèmes qui se posent à la suite de la fermeture annoncée du Dépôt Commun Hawk de Châtellerault.

Le personnel dont il s’agit (qui comprend 43 fonctionnaires, 9 techniciens et 23 ouvriers d’État), a déjà fait l’objet d’une mesure de reconversion pendant les années 1963-1964. Ce personnel appartenait alors, ainsi que vous le savez, à la Manufacture Nationale d’Armes de Châtellerault, et il a été muté au Dépôt Commun sur les instances de la Direction des Programmes de la Délégation à l’Armement.

C’est dire qu’il a fait montre d’une très bonne volonté et que des engagements ont été pris à son égard.

C’est seulement le 6 septembre 1969 que le personnel du dépôt commun Hawk a été avisé de la liquidation de l’Établissement pour le 31 décembre prochain. Cette annonce si soudaine a profondément ému les collaborateurs du Dépôt, qui se trouvent, qu’ils soient ouvriers d’État, techniciens ou fonctionnaires, dans la plus pénible incertitude.

Je crois qu’il convient d’analyser les solutions possibles, en distinguant les diverses catégories d’employés.

Ouvriers d’État : Quelques postes sont offerts à Poitiers ou à Nouâtre, localité assez voisine de Châtellerault. Ceci peut intéresser environ 30 personnes.

D’autres ouvriers, ayant atteint 50 ans, peuvent prendre leur retraite anticipée et bénéficier de bonification de 4 années. On peut envisager qu’une dizaine d’ouvriers seront concernés par cette disposition.

Reste la possibilité de muter quelque ouvriers dans les cadres de la SNECMA (usine de Châtellerault, dénommée SOCHATA). Encore est-il que des postes doivent être offerts dans cet établissement, conformément aux prévisions de création d’emplois qui ont été faites au début de l’année 1969.

Deux difficultés principales se présentent donc :
- la première vise les ouvriers auxquels il ne pourrait être offert dans la région des emplois correspondant à la catégorie professionnelle qui est la leur. Il est extrêmement souhaitable, et à tous égards équitable, que ce personnel puisse bénéficier de dispositions comparables à celles qui avaient été prévues pour les ouvriers de la Manufacture d’Armes, lorsque leur reconversion s’est opérée de 1962 à 1965, au bénéfice d’autres établissements de la Défense Nationale. Supprimer cette garantie de traitement aux ouvriers du Dépôt Hawk constituerait une grave injustice.
- La deuxième difficulté concerne le personnel qui ne pourra pas être muté à Poitiers ou à Nouâtre et qui n’aura pas la possibilité de prendre une retraite anticipée. On peut admettre que 80 ouvriers se trouveraient dans ce cas. Nous vous demandons que ceux-ci soient maintenus le plus longtemps possible au dépôt Hawk, dans l’attente de la création d’emplois à la SOCHATA ou à la SFENA, usines de Châtellerault.

Techniciens : Il doit être aisé, puisque vous avez admis la possibilité de détachement des agents de cette catégorie, de les faire bénéficier d’emplois soit à la SOCHATA, soit dans un établissement de l’Éducation nationale et plus spécialement au Collège Technique de Châtellerault.

Fonctionnaires : Nous demandons que ces agents obtiennent leur détachement dans d’autres administrations d’État représentées dans le département de la Vienne. Leurs mutations administratives pourraient certainement se faire dans un délai assez bref, sous réserve que les administrations se prêtent à ces mutations.

J’insiste très vivement auprès de vous pour que toutes les mesures de reconversion soient bien coordonnées et que l’exécution de ces mesures puisse être assurée rapidement. Nous aurions eu avantage à ce que le dispositif soit mis en place depuis plusieurs mois, la période de temps très brève qui nous sépare de la liquidation du Dépôt nécessite un effort particulièrement soutenu.

Avec mes remerciements, je vous prie d’agréer, etc... ».

Pierre ABELIN.