CGT

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Par 115 voix contre 6 la cessation du travail est votée.

On évalue à 200 environ le nombre des ouvriers menuisiers, 122 avaient répondu, hier soir, à la convocation du syndicat.

La réunion a été tenue à la Bourse du Travail.

M. Fichet présidait et M. Forest occupait le poste de secrétaire.

Cette réunion avait pour but d'examiner la réponse faite par les patrons aux demandes formulées par les ouvriers. La réponse des patrons, dont lecture a été donnée par M. Forest, peut se résumer ainsi :

1°) Journée de 10 heures au prix moyen de 0 fr 47, soit une augmentation de cinq centimes sur le tarif actuel ;

2°) Les ouvriers entrant dans un atelier devront signer un traité par lequel ils s'engageront à travailler à un salaire déterminé sans pouvoir demandé une augmentation ;
3°) Un voyage par mois sera accordé aux ouvriers travaillant hors Poitiers ;
4°) Une augmentation de cinq centimes par heure sera accordée à ceux qui seront occupés hors de l'octroi. Les demandes des ouvriers avaient été ainsi formulées :

• 1°) Relèvement des salaires de 0 fr 10 de l'heure pour toutes les catégories de prix actuellement en vigueur dans les ateliers ;
• 2°) Relèvement de 20 % pour le travail aux pièces ;
• 3°) En cas de déplacement la pension entière aux frais du patron ;
• 4°) Voyage payé une fois tous les quinze jours ;
• 5°) Fixation à 10 heures de la journée de travail.

Le présent règlement devant entrer en vigueur à partir du 1er octobre 1910 pour finir le 1er octobre 1911 et l'affichage obligatoire dans tous les ateliers.

En cas de modifications du présent règlement, elles devront être faites au moins 2 mois avant l'expiration des présentes clauses, faute de quoi elles continueront de plein droit l'année suivante.

Après la lecture de la lettre des patrons menuisiers une discussion s'est engagée entre les ouvriers présents. Finalement la grève a été votée par 115 voix contre 6 et 1 bulletin blanc.

Il a été ensuite décidé que le travail cesserait même dans les ateliers où les ouvriers recevraient entière satisfaction jusqu'au jour où le nouveau tarif serait accepté par tous les patrons.

M. Peignon a ensuite demandé instamment à ses camarades d'éviter toute manifestation. La sortie s'est effectuée sans incident au cri de "Vive la grève".

Aujourd'hui le calme le plus complet règne à Poitiers.

Un certain nombre d'ouvriers menuisiers se sont rendus à la permanence établie à la Bourse du Travail. Une nouvelle réunion est annoncée pour lundi prochain, à 2 heures.

UN ORDRE DU JOUR.

La Chambre syndicale des ouvriers menuisiers de Poitiers nous communique le texte de l'ordre du jour voté hier soir à la Bourse du Travail :

« Les ouvriers menuisiers-ébénistes de la ville de Poitiers, réunis le 26 août 1910 au nombre de 122, après avoir pris connaissance des explications fournies par la Commission en ce qui concerne l'entrevue qu'elle a eu avec les patrons ;

« Considérant que les propositions sont inacceptables, tant au point de vue des salaires que des règlements d'ateliers d'embauchage et de débauchage, déclarent se ranger en tout point à l'avis de la Commission repoussent en bloc les propositions des patrons et maintiennent leurs revendications dans leur intégralité ; décident de cesser tout travail à partir du 27 août et de ne le reprendre qu'après entière satisfaction ; se séparent au cri de "Vive la grève".

Après la sortie de la réunion qui se fait dans le plus grand calme, la Commission d'initiative se transforme en Comité de grève et établit une permanence à la Bourse du Travail pour y recevoir toutes communications intéressant la corporation.

Le Comité.