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0712326/11/1969POITIERS

COUPURES DE COURANT AUJOURD’HUI ENTRE 8 H. ET 17 H. ANNONCE LE COMITE DE GRÈVE

Une participation de 90 % des employés est attendue pour la Vienne et les Deux-Sèvres

« - Notre action n’est pas dirigée contre les « usagers domestiques », c’est-à-dire les particuliers. Au contraire, en luttant pour la notion de service public de l’EDF et de l’EGF, en demandant les moyens de mieux assurer la qualité de ce service, en défendant le caractère d’entreprises nationalisées de l’EDF et du GDF, nous avons conscience d’œuvrer aussi pour les intérêts des usagers ». Ce sont les paroles des responsables du Comité de grève de l’EDF-GDF, hier après-midi, au cours d’une conférence de presse, ils ont expliqué les motifs de l’arrêt de travail lancé par les Centrales syndicales CGT et CFDT pour une durée de 48 h., mardi et aujourd'hui mercredi.

Les salaires à Poitiers

Pour l’énoncé des salaires, le tract signé par les syndicats organisateurs du mouvement d’arrêt du travail indiquait les chiffres en vigueur, à Paris. Les porte-parole poitevins de ces centrales (GGT, CGT-GNC, CFDT) ont mentionné les salaires nets perçus par les salariés de la Vienne, en précisant, pour chaque catégorie, quel niveau d’instruction était exigé d’eux.

« - Un ouvrier ou employé qualifié, titulaire du CAP et ayant satisfait à un examen professionnel, perçoit 738 F ; un agent de maîtrise, dont le niveau se situe à la fin des études de deuxième année d’IUT, après le baccalauréat technique, perçoit 844 F ; pour un cadre, du niveau de « Sup Elec », le salaire mensuel net est de l’ordre de 1.457 F. S’il s’agit d’un ancien de Polytechnique, il recevra 1.602 F. ».

« L’EDF paie patente »

Les représentants syndicaux : des charges et la TVA grèvent le budget de nos entreprises. Charges d'abord ; ce sont celles mêmes des entreprises commerciales : nous payons patente, taxes, etc ... Nos véhicules ne sont exemptés ni de la vignette, ni des frais d’assurances.

Pour la TVA, elle a été augmentée au 1er janvier 1968, sans augmentation des prix de vente. Peu à peu, mais toujours avec retard, nous avons été autorisés à réajuster nos tarifs. Un retard qui a coûté pour 68,22 milliards d’anciens francs à la trésorerie de l’EDF ».

Chiffres à l’appui, les délégués syndicalistes ont établi que, hors taxe, la tarification intéressant les abonnés industriels est de loin la moins chère d’Europe ».

« - Actuellement, le service à la clientèle tend à s’abaisser, au point de vue de la qualité. Alors que l’accroissement de notre production double tous les 10 ans, en 15 ans nos effectifs ont augmenté de 12 %. Et entre 1968 et 1969, ces effectifs sont demeurés inchangés » ont noté les leaders syndicaux. Ils ont précisé : « - Les charges afférant au personnel oscillent entre 23 et 25 % ».

« Respect des accords de Grenelle »

Dans notre édition du jeudi 20 novembre dernier, nous avions mentionné les revendications professionnelles des personnels de l’EGF et de l’EDF, revendications qui étaient à l’origine de la grève déclenchée la semaine dernière. Elles pouvaient se résumer - sur un strict plan catégoriel - par cet énoncé : reprise des négociations entre les directions et les syndicats ; pour le respect des accords de Grenelle, notamment l’augmentation des salaires de base, la diminution du temps de travail, la révision des grilles de salaires pour les petites et moyennes catégories.

L’examen de la situation depuis la semaine dernière fit l’objet d’une explication des dirigeants du Comité de grève :

« - Notre action est progressive ; elle débuta par des délégations massives auprès des directions ; la semaine dernière, ce fut la grève de 24 h. La réaction des directions ne fut pas celle que nous espérions ; dans certains centres, à l’appel même des directions, la police est intervenue. C’est une maladresse qui a cimenté l’unité syndicale. Aujourd’hui, le mouvement d’arrêt du travail est décidé et par la CGT et par la CFDT. Ce matin, mardi, nous nous sommes rassemblés sur les lieux de travail, les responsables syndicaux ont pris la parole, des tracts ont été distribués à la population poitevine ».

Les conséquences de la grève pour les usagers devaient être ensuite énoncées par les syndicalistes :

« - Les délestages techniques débuteront ce soir mardi à 21 h. Les industries ont été averties d’avoir à cesser leurs activités, faute de quoi, l’ensemble du réseau - dont bien sûr les usagers particuliers - auraient à pâtir d’arrêts de courant. (C’est ce qui s’est produit la semaine dernière) ».

En ce qui concerne la journée d’aujourd’hui mercredi, coupures de courant entre 8 et 17 h., pour les abonnés domestiques.

« Plan Croix-Rouge et cas sociaux »

« - Des négociations sont prévues, par nos directions, pour vendredi. Pourquoi vendredi, soit deux jours après la grève de cette semaine, alors que notre mouvement était annoncé par le dépôt légal de préavis ? » demandent les leaders locaux du mouvement revendicatif. Ils ont tenu à préciser que « - Si les arrêts de courant, qui devaient normalement, prendre fin à 17 h. mercredi dernier, pour les particuliers, se sont prolongés jusqu’à 19 h., ce fut en raison de l’attitude de certaines directions qui avaient fait appel aux forces de police, provoquant ainsi des interventions malencontreuses ». Enfin, comme de coutume, le comité de grève assurera « le plan Croix-Rouge » (hôpitaux, maternités, cliniques) et il est prêt « à prendre en considération les cas sociaux particuliers ».

Grève apolitique

Par ailleurs, les syndicalistes réaffirment « le caractère apolitique de leur mouvement de grève ». Selon leurs estimations, dans la Vienne et les Deux-Sèvres, 90 % des employés se seraient associés à cet arrêt de travail.

Interruptions de courant la nuit dernière

Il était 21 h. 24, la nuit dernière, lorsque la première interruption de courant électrique se produisit à Poitiers. Elles allaient se succéder, affectant peu à peu tous les quartiers de la ville,

Vers 22 h. 30, on pouvait considérer que Poitiers était privé d'électricité.

Une précision du Comité de grève

Il convient de noter qu’il ne s’agissait pas, là, de « coupures » de courant, comme il s’en produira aujourd’hui, de 8 à 17 heures.

Les interruptions étaient dues à des délestages techniques, la tension du courant tombant alors à 48,5 ou 49.

Le comité de grève a précisé, au cours de la nuit : « C’est le fonctionnement d’installations d’abonnés industriels, qui provoque les interruptions, lorsque les délestages sont effectués. Quand les usagers industriels n’utiliseront plus le courant, celui-ci sera automatiquement restitué aux réseaux et sa tension sera suffisante pour la consommation des particuliers ».

 

 

le 27/08/2022 à 14:46

Source : Centre Presse

grève, perturbations, salaires

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