0713301/12/1969POITIERS
L’Union départementale des Cadres CGC de la Vienne, qui fut reçue le 17 novembre dernier par M. Fontanet, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Population nous prie d’insérer le communiqué suivant ayant trait à la position qu’elle soutient en ce qui concerne les problèmes de la région et plus particulièrement la situation de l’emploi en Poitou-Charentes.
Inquiétudes chez les Cadres
L’analyse de la situation passée et présente de la région du point de vue démographique et économIque, et la comparaison de son évolution à celle de l’ensemble du pays, suscitent chez les cadres une grave inquiétude.
« Ils constatent, en effet, que la région Poitou-Charentes voit son poids démographique et son poids économique dans la Nation décroitre constamment même si, en valeur absolue, la population et la production régionales croissent régulièrement.
« De l’avis des Cadres, ces tendances, à terme désastreuses, résultent essentiellement, d'une sous-industrialisation grave et permanente, situation que prolonge l’effort insuffisant fait pour y remédier.
« Actuellement encore, 25 % seulement de la population active de la région est employée dans le secteur secondaire, c’est-a-dire en gros dans l’industrie, alors que cette proportion à l'échelon national dépasse, 40 %. Devant un secteur primaire pléthorique, environ 35 %, appelé inéluctablement à fondre, et le secteur tertiaire normalement développé environ 40 %, la pénurie persistante d’emplois industriels ne pourra qu’accentuer les déséquilibres et accélérer les tendances précitées faute pour l’industrie de pouvoir accueillir l’excédent de la population rurale. L’émigration des jeunes qui en résultera et en résulte depuis déjà longtemps, contribuera à affaiblir davantage le poids démographique de la région, la privant du même coup d’un facteur potentiel déterminant d’expansion.
Développer l’industrialisation
« Devant cette situation, les Cadres estiment qu’il faut renverser les tendances auxquelles la région obéit depuis plusieurs décennies et pour ce faire, développer à tout prix l’industrialisation. A tout prix mais pas au hasard !
« Certes, jusqu’à maintenant, trop peu d’établissements industriels ont été décentralisés dans la région. Mais aussi trop peu d’entre eux étaient d’une taille suffisante et « majeurs » ; nombre d’usines décentralisées ne sont, en effet, que des usines d’exécutions, télécommandées de la capitale et ne comportant de fait qu’un encadrement réduit et aucun de ces états-majors que constituent les bureaux d’études, les laboratoires, les sièges sociaux, etc...
« La décentralisation doit aller de pair avec la déconcentration. Force est de constater que la première est insuffisante, la seconde presque nulle.
Ce que souhaitent les Cadres
« Les Cadres souhaitent que s’implantent dans la région des entreprises importantes à haute rentabilité et haute technicité : électronique, mécanique de précision, voire industrie alimentaire... Ils estiment en effet, que seules des industries modernes et rentables permettent une rémunération honorable du personnel et par suite un niveau de revenus comparable à celui de la moyenne française. Il ne faut pas oublier en effet que le revenu moyen des ménages de la région Poitou-Charentes est un des plus faibles des 21 régions de programme.
« De même, la haute technicité, à condition qu’elle s’accompagne d’une déconcentration des entreprises permettra d’augmenter le nombre des cadres et techniciens, emplois qui actuellement dans la région Poitou-Charentes, sont en pourcentage de la population active les plus faibles de tout l’Ouest français.
« Les Cadres préconisent que dans le cas où il y aurait carence des firmes françaises, tout soit fait pour inciter à s'implanter sur le territoire de la région de grandes entreprises étrangères multinationales.
« Les ressources régionales en travailleurs qualifiés, compte tenu du nombre et de la diversité des établissements d’enseignement de la région sont suffisants pour fournir l’encadrement et les techniciens nécessaires à de telles entreprises. Nulle fatalité historique et géographique ne peut être sérieusement invoquée pour justifier le refus de l’orientation préconisée ici d’une industrialisation poussée de la région.
« Quant à l’allégation trop souvent entendue suivant laquelle la décentralisation ne peut réussir par suite du refus des cadres de « s’expatrier » en province, les Cadres eux-mêmes la réfutent et sont prêts à apporter la preuve du contraire ».
le 27/08/2022 à 16:17
Source : Centre Presse
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