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0070631/08/1910POITIERS

LA GRÈVE DES OUVRIERS MENUISIERS-ÉBÉNISTES

On nous communique les documents suivants :

Chambre syndicale des entrepreneurs de la Vienne

Poitiers, le 29 août 1910

Les patrons, réunis Café de la Comédie le lundi 29 août 1910, prennent à l'unanimité l'engagement des décisions de la majorité.

Art. 1er - Le salaire normal des ouvriers menuisiers-ébénistes de Poitiers est fixé à 0 fr 47 de l'heure.
Art. 2 - L'entrepreneur se réserve le droit d'augmenter, ou de diminuer, ses ouvriers suivant leurs aptitudes, le tarif servant de base.
Art. 3 - L'ouvrier qui consentira à travailler pour un salaire inférieur aux prix portés sur la présente convention sera obligé de signer ce salaire si le patron l'exige.
Art. 4 - Le tarif actuel pour le travail aux pièces sera augmenté de 10 %.
Art. 5 - Le salaire sera appliqué à partir du 1er novembre 1910.
Art. 6 - La journée de travail est fixée à 10 heures au maximum.
Art. 7 - Les heures supplémentaires, jusqu'à 10 heures du soir, ne subiront aucune plus-value. A partir de 10 heures du soir, jusqu'à 5 heures du matin, elles seront payées double.
Art. 8 - L'ouvrier travaillant hors la commune de Poitiers aura droit à une indemnité de 0 fr 05 de l'heure. Il ne sera payé que les heures de travail sur le chantier. Au cas où le patron préférerait que les heures d'embauche et de débauche aient lieu à l'octroi, il ne sera pas dû d'indemnité à l'ouvrier.
Art. 9 - Lorsque l'ouvrier sera obligé de prendre ses repas et coucher hors de sa demeure, la pension et le voyage seront payés par le patron.
Lorsque le travail sera de longue durée l'ouvrier aura droit à un voyage tous les quinze jours si le prix du voyage, aller et retour, n'excède pas six francs. Si le prix du voyage est supérieur à celui indiqué ci-dessus le patron et l'ouvrier auront à établir ensemble des conventions à ce sujet. En cas de non convention l'ouvrier n'aura droit qu'à un voyage par mois jusqu'à cent cinquante kilomètres.
L'ouvrier devra partir par le dernier train du samedi et revenir par le premier train du lundi.
Art. 10 - Le voyage de l'ouvrier travaillant hors de Poitiers et qui sera débauché devra être payé par le patron sauf dans le cas où l'ouvrier s'en irait de son plein gré ou le cas d'insubordination, de malveillance ou de mauvaise conduite.
Art. 11- Le patron et l'ouvrier sont libres de se remercier tous les jours, sans indemnité de part et d'autre.
Art. 12 - Les patrons prennent l'engagement formel de donner, à partir du 1er mars 1911, une augmentation de 0 fr 05 en plus sur le prix normal ;

Les entrepreneurs ci-dessous, présents à la réunion, acceptent les clauses ci-dessus à la condition que la rentrée des ouvriers ait lieu le 1er septembre au plus tard. En cas de non acceptation de la part des ouvriers dans le délai ci-dessus, les conditions ci-dessus seront annulées.

Les ouvriers doivent s'engager à travailler dans les ateliers aussitôt que les patrons auront accepté de signer le contrat ci-dessus.

Robin, Gault, Sarasin, Marquant, Porteron Marius, Maître, Peneau, Suire, Monge, Verron, Porteau, Pigné, Augouard, Lemaçon, Vieault, Doré Auguste, Ragoneau, Texereau, Rouet.

Chambre syndicale des ouvriers menuisiers

Les ouvriers menuisiers, réunis en assemblée générale à la Bourse du Travail le lundi 29 août 1910, après avoir pris connaissance des propositions des patrons et d'accord avec la Commission, ont décidé ce qui suit :

Art. 1- Le salaire moyen de l'ouvrier menuisier-ébéniste de Poitiers est fixé à 0 fr 55 de l'heure.
Art. 2 - L'entrepreneur se réserve la faculté d'augmenter, ou de diminuer, ses ouvriers suivant leurs aptitudes, le tarif servant de base.
Art. 3 - L'ouvrier qui travaillera à un salaire inférieur au prix porté sur la présente convention ne sera pas obligé de signer.
Art. 4 - Le prix actuel, pour le travail aux pièces, sera augmenté de 15 %.
Art. 5 - Ce salaire sera applicable à partir du 1er octobre 1910.
Art. 6 - La journée de travail est fixée à 10 heures maximum.
Art. 7 - Les heures supplémentaires de nuit, de 8 à 10 heures, seront payées à 50 % en plus et de 10 à 5 heures du matin elles seront payées double.
Art. 8 - L'ouvrier travaillant hors du bureau de l'octroi, jusqu'à une distance de 2 kilomètres inclus à 4 kilomètres, aura droit à une indemnité de 0 fr 10 de l'heure.
Art. 9 - Lorsque l'ouvrier sera obligé de prendre ses repas et de coucher hors de sa demeure la pension et le voyage seront payés par le patron ; lorsque le travail sera de longue durée l'ouvrier aura droit à un voyage tous les quinze jours si le prix de ce voyage, aller et retour, ne dépasse pas six francs. Si le prix du voyage (aller et retour) est supérieur à celui indiqué ci-dessus le patron et l'ouvrier auront à établir ensemble des conventions à ce sujet, en cas de non convention l'ouvrier aura droit à un voyage par mois jusqu'à cent cinquante kilomètres ; pour des distances plus éloignées les délais seront augmentés d'une semaine par fraction de cinquante kilomètres, l'ouvrier devant partir par le dernier train du samedi pour revenir par le premier train du lundi.
Art. 10 - Le voyage de retour de l'ouvrier travaillant hors de Poitiers et qui sera débauché, sera payé par le patron sauf dans le cas où l'ouvrier partirait de son plein gré.
Art. 11- Nous maintenons les usages du pays en ce qui concerne la huitaine de délai-congé.
Art. 12. - Supplément d'augmentation de 0 fr 05 de l'heure sur le prix moyen de 0 fr 55 et de 5 % sur le tarif mis en vigueur le 1er octobre 1910. Ces deux augmentations partiront du 1er janvier 1911.

Pour la Commission des ouvriers menuisiers-ébénistes,

Le Président, Émile Pelgnon ; le Secrétaire, L. Forest.

LES PROPOSITIONS DES PATRONS SONT REJETÉES. ON VOTE LA CONTINUITÉ DE LA GREVE.

Les ouvriers menuisiers-ébénistes, réunis en assemblée générale à la Bourse du Travail le lundi soir à 3 heures au nombre de 130, après avoir pris connaissance des propositions faites à la Commission par les patrons et après avoir accepté les propositions de la Commission, ont décidé de se solidariser les uns aux autres et de ne reprendre le travail qu'après avoir obtenu entière satisfaction.

Les ouvriers menuisiers font remarquer au public que la moyenne des salaires, à l'heure actuelle, étant de 0 fr 47, le prix normal que MM. les patrons menuisiers nous proposent, se fixant sur cette base, ne nous donne pas d'augmentation.

Le Comité de la grève.

 

 

le 24/04/2020 à 17:51

Source : L'Avenir de la Vienne

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