0721721/04/1970POITIERS
A l’appel des SNES-FEN, SNI-FEN, SNEP-FEN, SNPEN-FEN, SNE Sup, SGEN-CFDT, SNETP-CGT, SNC, OSEEPS et de la Fédération Cornec, plus de trois cents personnes s’étaient rassemblées, hier à 17 heures, à la Maison du Peuple, à Poitiers.
Ce meeting qu’allait présider M. Lognon, secrétaire départemental du SNET-CGT, était organisé dans le cadre de la journée de grève des enseignants du second degré et du supérieur.
Grève largement suivie dans la Vienne
Placardées sur les portes d’entrée de la salle de réunion, des affichettes. Sous le titre : « Grève largement suivie dans les établissements du second degré de la Vienne », les syndicalistes énoncent les pourcentages de la participation au mouvement de grève dans le département :
« Lycée C.-Guérin, 98 % ; CES Grand-Maison, 90 % : Lycée commercial de Poitiers, 80 % ; Lycée et CES de Civray, 65 % ; Lycée de garçons de Châtellerault, 65 % ; Lycée et CES de Loudun, 85 % ; CES de Châtellerault, 65 % ; CES Montmidi (Poitiers), 78 % : Lycée de filles de Châtellerault, 50 % ; CEG de Jaunay-Clan, 100 % ; GOD de Bellejouanne. 100 % ; CEG de Dangé, 100 % ; CEG de Vivonne, 100 % ; CEG de Lussac, 90 % ; CEG de Vouneuil-sur-Vienne, 90 % : CEG de Couhé-Vérac, 65 % ; Lycée technique de la Bugellerie (Poitiers), 50 %, etc...
De leur côté, les parents d’élèves ont largement répondu au mot d’ordre de la Fédération Cornec qui soutenait le mouvement : les pourcentages de grévistes sont très élevés et varient de 100 % à 50 % au minimum.
A la tribune
A la tribune, aux côtés de M. Lognon (SNET-CGT) avaient pris place les responsables départementaux des autres organisations syndicales adhérant au mouvement de grève : MM. Grivel (SNES), Testud (SENSup Lettres), Royoux (SGEN-CFDT), Garreau (SNI), Robert (SNEPS), Nony (FEN), Paître (Fédération Cornec), Geron (SNPEN), Touillet (SNC).
L’assistance était composée d’enseignants du supérieur, du second degré, du technique, de parents d’élèves, d’étudiants, pour la plupart membres des Comités UNEF-Renouveau, et de lycéens, adhérents à l’UNCAL en particulier.
« Contre l’école à péage »
Après l’intervention de M. Lognon, président de séance, M. Paitre prenait la parole. Dans son propos, il se prononça « contre l’école à péage » et « pour que les chances de tous soient égales ». Il conclut : « Grève des enseignants, grève des parents d'élèves, ce sont les deux aspects d’un même et nécessaire combat ».
Puis il fut donné lecture d’un communiqué remis par un groupe d’étudiants appartenant aux comités UNEF-Renouveau. Ils affirmaient leur soutien « afin de renforcer la lutte unitaire ».
« Le plus pauvre des parents pauvres »
C'est M. Grivel qui indiqua les pourcentages de grévistes enregistrés dans divers points de la Vienne. Énumérant les revendications des enseignants du secondaire, il demanda « un budget à la hauteur des besoins ». A propos de l’enseignement physique et sportif, M. Grivel assura : « C’est le plus pauvre des parents pauvres de notre département ». Enfin il affirma « le droit de tous les gens à l’enseignement public, laïque et gratuit ».
« Grève de 48 heures dans l’enseignement supérieur »
Dans son allocution, M. Robert devait traiter du problème des animateurs recrutés par contrat et dénonça « le danger d’un enseignement non adapté aux possibilités physiologiques des enfants ».
Et M. Testud confirma que la grève dans l’enseignement supérieur était de deux jours (lundi et mardi), « sans préjuger de la grève de mercredi de la Fonction publique ».
Le porte-parole du SNE Sup indiqua que « la grève est le résultat de démarches vaines et multipliées auprès du ministère ». Puis il évoqua « les menaces qui pèsent sur les libertés universitaires : création d’un corps de police pour les facultés ; projet de loi visant le droit de manifestation ».
La résolution présentée
Une résolution présentée par M. Royoux fut adoptée à l’unanimité. Le texte en sera adressé au ministère de l’Éducation nationale. En voici la teneur :
• Considérant que la politique gouvernementale remet en cause le caractère de service public de l’Éducation nationale.
• Considérant que le pouvoir refuse de faire droit aux légitimes revendications des parents et des enseignants,
• Considérant que les options prévues pour le VIe Plan en matière d’éducation nationale ne feront qu’aggraver cette situation ;
Affirment le droit de tous les principes fondamentaux de la laïcité et de la gratuité de l’enseignement public.
Affirment le droit de tous les jeunes à un enseignement de qualité.
Exigent :
1. que soient recrutés massivement des enseignants titulaires, des personnels de surveillance et d’orientation,
2. qu’il soit mis fin a l’exploitation d’auxiliaires dans le second degré et de contractuels dans le supérieur privés de toute stabilité d’emploi,
3. que les enseignants aient le temps et les moyens de procéder, dans l’intérêt de leurs élèves et de leurs étudiants, à leur formation permanente et à la rénovation pédagogique indispensables, en particulier dans le second degré par la réduction des maxima de service,
4. que les effectifs des classes soient progressivement réduits dans le second degré pour atteindre le nombre maximum de 25 et que les groupes de travail dans le supérieur ne dépassent pas ce nombre,
5. Que soient étendues à toutes les disciplines et à tous les niveaux des séances de travaux dirigés, nécessaires pour mettre fin aux cascades d’échecs scolaires et universitaires et de redoublement,
6. que les dotations budgétaires permettent de créer et de moderniser des locaux et installations scientifiques, techniques et sportives en nombre suffisant,
7. que soient abrogées les dispositions de la circulaire et de l’arrêté des 17-11-69 et 17-2-70 qui organisent l’appauvrissement de l’enseignement, qui visent à renforcer la ségrégation sociale et qui priveront de débouchés de nombreux étudiants,
8. que dans un premier temps et tant que ne sera pas définie une nouvelle formation universitaire et pédagogique de haut niveau pour tous les maitres, les Écoles normales d’instituteurs reçoivent les moyens d’assurer la formation initiale et permanente de tous les instituteurs et des P.E.G.C.,
9. que l’éducation physique et sportive et ses maitres soient rattachés à l’Éducation nationale, s’opposent à la création d’un corps d’animateurs et demandent la révision du décret du 5 juin 1969 sur les écoles normales supérieures d’éducation physique et sportive,
10. que soient annulées les dispositions portant atteintes aux garanties statutaires du personnel de surveillance et que soient enfin promulgués les statuts des conseillers d’éducation et des conseillers d’orientation scolaire et professionnelle.
Affirment leur commune volonté de poursuivre leur nécessaire combat dans l’unité pour obtenir dans un premier temps un collectif budgétaire pour la rentrée 1970 et pour 1971 un budget de l’Éducation nationale à la hauteur des besoins ».
Grève mercredi ?
Les organisateurs devaient appeler l’assistance à suivre l’ordre de grève de la journée de la Fonction publique, s’il était lancé.
Les participants au meeting qui avaient ponctué de leurs applaudissements les interventions des orateurs se sont dispersés à l’issue de la réunion.
Un tract émanant des « Étudiants en EPS de Toulouse, Versailles et Poitiers » était distribué.
Il énonçait les revendications des signataires et concluait « nous faisons grève depuis le 8 avril, grève qui sera reconduite jusqu’à ce que nous obtenions satisfaction ».
Photo : Une vue des participants au meeting de la Maison du peuple
le 08/09/2022 à 16:54
Source : Centre Presse
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