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0742912/02/1971POITIERS

LES REPRÉSENTANTS DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ONT MANIFESTÉ EN VILLE

Après avoir tenu une réunion aux Salons de Blossac

Un meeting organisé dans les Salons de Blossac, un cortège dans les rues du centre-ville et l’entrevue d’une délégation avec le préfet de région. Ce sont les trois manifestations qui ont marqué, hier, à Poitiers la seconde journée de grève dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Devant une nombreuse assistance, MM. Humeau (CGT), Maneuf (SNES), Géron (SNPEN), Dachet (SEN-Sup), Richard (CGT), Mme Kawa (SNE-Sup), M. Mazot (SNCS FEN) et un représentant syndical des chercheurs de l’INRA, ont tour à tour pris la parole.

Dans l’allocution d'ouverture, M. Humeau, président de séance, résuma les revendications et propositions des syndicats. Puis ce furent les interventions des délégués syndicaux et des rapporteurs des commissions qui s’étaient réunis le matin.

« Formation inexistante »

Abordant le chapitre de la formation des maîtres, M. Maneuf assura :

« Il est paradoxal d’en parler car dans un grand nombre de cas, elle est inexistante ». Il dénonça la « disparition des formations » et conclut : « La finalité de cette politique vise à répartir le flux des élèves selon les besoins de main-d'œuvre de l’économie capitaliste ».

Le porte-parole du SNES a aussi rappelé que tous les syndicats de la FEN se sont prononcés pour une formation identique des maîtres. A ce propos, il a évoqué le projet du SNE-Sup d’un I.P.R.E.S. (Institut préparatoire et de recherche à l’enseignement du second degré).

« Une École normale neuve dans la Vienne »

Pour M. Géron (parlant au nom du SNES et du Syndicat national des professeurs des écoles normales), « la politique scolaire actuelle tend à un abaissement de la formation des maîtres ». Dans la première partie de son propos, M. Géron traita de la transformation des IPES (Institut préparatoire à l’enseignement secondaire) en ITFP (Instituts techniques de formation des professeurs). Remarquant que les ITFP seront la voie unique conduisant au CAPES nouvelle formule, il exprima cette crainte : promotion compromise pour les auxiliaires et recrutement inférieur aux besoins, d’où le maintien et l’extension d’un auxiliariat important.

Pour les écoles normales, l’orateur déplora les conditions matérielles dans lesquelles doivent travailler étudiants et enseignants. Il posa cette question : « Pourquoi refuse-t-on de construire une école normale neuve dans la Vienne, alors qu’on en a récemment édifié une à Limoges ? ».

Il affirma enfin que « la politique suivie par le gouvernement, aggravée sur le plan local, aura pour effet de disloquer une équipe pédagogique compétente ».

Revendications statutaires

Rapporteur de la commission « Statuts », M. Dachet demanda au nom des organisations syndicales réunies, l’extension des garanties de la Fonction publique à tous les personnels ; le respect, la consolidation et l’amélioration des statuts existants. Puis, M. Dachet exposa la base minimale des revendications syndicales, par catégorie :
• Pour les personnels, application du statut de l’Éducation nationale des agents de service à ceux du supérieur ; suppression de l’embauche des vacataires et intégration des vacataires existants sur des postes budgétaires ; disparition de la catégorie d’auxiliaires et création de postes budgétaires pour leur titularisation, etc...
• Pour les ingénieurs, techniciens, administratifs et contractuels du CNRS, intégration des personnels sous contrat ; intégration des administratifs dans la catégorie des techniciens, etc...
• Pour les chercheurs, sécurité d’emploi pour les personnels hors statut ; titularisation de tous les chercheurs dans un corps à classe unique, etc...
• Pour les enseignants, réorganisation de l’ensemble de la profession sur la base d’un recrutement et d’une formation dans le cadre des IPRES ; constitution d’une structure en deux corps (professeurs assistants et professeurs).

A Poitiers : un groupe de travail de 120 étudiants

M. Richard, rapporteur de la commission « Collectif budgétaire » indiqua : « C’est un strict minimum que nous demandons en réclamant pour 1971 un collectif refusé en 1970 ». M. Richard fit un bilan sur le plan national et sur le plan poitevin, des besoins non satisfaits.

De cette analyse, on retiendra, sur le plan local, le cas de l’UER de Langues et Littérature ; en section langues, un groupe de travail comprend 120 étudiants ; aussi, deux unités de valeur dans ces conditions ne peuvent être acquises qu’à raison d’une heure de cours par semaine (il en faudrait trois au moins). Mention a été faite aussi des besoins au chapitre des bibliothèques.

« Carrières bloquées »

Le rapport de la commission « Blocage des carrières » était présenté par Mme Kawa. Avant de présenter un bilan par catégorie elle assura :

« Ce problème concerne tous les personnels de l’enseignement supérieur, à tous les niveaux. Il débouche dans tous les cas sur un glissement de fonctions. Par ailleurs, dans toutes tes catégories, le blocage des carrières est lié à une insuffisance de créations de poste ».

En conclusion de son rapport, Mme Kawa énonça plusieurs revendications :

Transformation de 1.550 postes d’assistants en postes de maîtres assistants ; un plan d’intégration rapide dans le corps des maîtres assistants de tous les assistants agrégés, docteurs de 3me cycle ou inscrits sur la liste d’aptitudes, etc...

« Pas de salaire inférieur à 1.000 francs »

M. Mazot, rapporteur de la commission « Rémunérations et fiscalité », a présenté cinq points majeurs en matière de rémunération, exigés par les travailleurs de l’Université : pas de salaire inférieur à 1.000 F ; rattrapage du pouvoir d’achat par rapport à 1968 ; maintien du pouvoir d’achat par une clause d’échelle mobile ; progression du pouvoir d’achat pour tous, avec une progression plus forte pour les petites et moyennes catégories ; intégration de l’indemnité de résidence dans le salaire, et suppression des abattements de zone.

En ce qui concerne la fiscalité : réduction de la TVA sur les produits de grande consommation et les équipements collectifs ; allègement de l’impôt sur le revenu des salariés, actifs et retraités.

Après l’intervention d’un syndicaliste de l’INRA, M. Humeau prononça un discours de conclusion et annonça la tenue d’une prochaine assemblée générale intersyndicale.

Le défilé en ville

Brandissant des banderoles portant des slogans revendicatifs, les manifestants firent mouvement vers la préfecture en passant notamment par la rue Magenta, la place Leclerc et la rue Victor-Hugo.

Le cortège, canalisé par le service d’ordre syndical, a défilé dans le calme. Sur le parcours, un tract était distribué dont le texte expliquait les raisons de la grève.

D’autre part, un second tract titré : « Travailleurs de l’Université - Étudiants Même Lutte » était distribué par des étudiants militants des « Comités de Lutte ».

Après l’annonce par M. Humeau de l’audience accordée à 19 heures à une délégation par M. Vochel, préfet de région, le cortège se dispersa.

Ce sont MM. Sarrazin (Syndicat national des travailleurs de la recherche scientifique, CGT), Jaullin (SGEN-CFDT), Nony (FEN), Guillon (Syndicat national des personnels techniques de l’enseignement supérieur), Leclerc (SNE-Sup), Dauget (Syndicat national des chercheurs scientifiques), Michaud (Syndicat national des personnels de l’enseignement supérieur, Bibliothèques), Maneuf (SNES) et Gilet, de l’Institut national de la recherche agronomique qui ont rencontré M. Vochel. Une motion a été remise au préfet et ce même texte doit être remis au recteur.

Photo : Le cortège passe dans la rue Victor-Hugo

 

 

le 03/10/2022 à 17:18

Source : Centre Presse

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