0744612/03/1971POITIERS
800 personnes assistaient au meeting des syndicats et des partis de gauche
Flottement, stupeur nervosité. On a assisté ce jeudi à une « drôle de réouverture de l’Université ». Sur les portes vitrées de la faculté de Droit, route de Chauvigny, des affiches de l’Union Nationale Inter-Universitaire, condamnant « le désordre gauchiste et l’ordre communiste ». Des groupes stationnent dans les couloirs « en protection des cours ».
A la faculté des Lettres, les étudiants en philosophie ont déjà voté la grève des cours. Distributeurs de tracts appelant au meeting de la gauche et ceux qui invitent à une assemblée générale (gauchiste), se font face.
En Droit et en Lettres les professeurs donnent la lecture d’un appel au calme émanant des conseils des facultés. Les professeurs font savoir qu’ils sont fermement décidés à interrompre leur enseignement en cas de perturbations.
« Est-il vrai que M. Heitz ait retiré sa plainte ? ». Cette question, on nous l’a posée souvent en ce jeudi matin. Des étudiants de la « Majorité silencieuse » s’indignent : « Après lui, ce sera M. Moisy. Pourtant on nous avait fait des promesses ».
Si des « enragés » voient dans la démarche du Doyen Heitz « une reculade des autorités et une victoire révolutionnaire », des étudiantes connues pour leurs sympathies gauchistes déclarent : « C’est un acte de conciliation ; si tous les enseignants ayant porté plainte et le Recteur en font autant tout se calmera ».
M. Moisy suivra-t-il M. Heitz ? C’est probable affirme-t-on de différents côtés. On le saura sans doute aujourd’hui à la conférence qui est donnée ce matin au Rectorat.
En tout cas l’échec des groupes gauchistes aura été flagrant ce jeudi. La veille, leur réunion préparatoire n’a guère rassemblé que des résidents. Entre 13 et 14 h., ils ont certes réussi à mobiliser plusieurs centaines d’étudiants, mais sa parvenir à engager une action de masse. Moins de 150 gauchistes à peine ont contremanifesté au meeting de la gauche et des syndicats, en se tenant à distance, par leur seule présence. Ils n’ont guère réussi qu’à s’infiltrer dans une église dont les portes étaient ouvertes et où six d’entre-eux ont entamé une grève de la faim.
Le grand succès de cette journée a été remporté par les partis de gauche avec la FEN, la CGT et les comités d’action UNEF de Lettres et Droit qui ont rassemblé 800 personnes, dans le calme, et fait applaudir leurs mots d’ordre. Cependant, trois syndicats ont refusé de participer à cette manifestation : la CFDT, FO et la section poitevine SNCS. Nous exposons leurs raisons ci-dessous.
Le grand amphithéâtre (Amph. 1) de la nouvelle Faculté des Lettres, sur le campus, était trop exigu pour contenir la foule venue participer au meeting des partis de gauche et des syndicats hier à 17 h. 30. Un haut-parleur dut être installé dans le couloir où stationnait plus d’une centaine de personnes, Cette manifestation était organisée par le Parti Socialiste, le Parti Communiste, la Convention des Institutions Républicaines, le Parti Radical, la FEN, la CGT, les comités d’action UNEF, Lettres et Droit.
« Des prises de parole et intervention ne sont pas exprimées au nom de telle ou telle organisation ; il s’agit d’un débat où nous exprimons, sur les problèmes universitaires, une opinion unitaire », nous a déclaré un leader syndical.
Dans son intervention liminaire M. Sicart, professeur et syndicaliste, a défini le but du meeting : « Aider les étudiants à trouver des formes de lutte ayant le soutien de la population. Il a aussi insisté sur le rôle des organisations syndicales qui défendent les personnels de l’Université et rappelé la ferme opposition des organisations présentes au processus autoritaire facilité par les violences et déprédations d’éléments irresponsables.
Les rafales d’applaudissements des 800 participants au meeting ont vite couvert les cris hostiles de quelques gauchistes qui s'étaient infiltrés dans la foule massée à l’extérieur de l’amphi. A aucun moment le service d’ordre des organisations n’a eu à intervenir et la manifestation s’est déroulée sans incident.
Une population hostile à la violence
Analysant la déclaration de M. Pierre Vertadier, parue dans la presse régionale, M. Nony, secrétaire départemental de la FEN, a pastiché « la citation poussiéreuse empruntée à Platon » pour assurer que « lorsque les maîtres tremblent devant leurs électeurs et préfèrent les flatter... ».
Et, rappelant une prise de position en 1970 du député-maire, M. Nony a conclu par cette formule : « Poitiers cité du marketing et des salaires les plus faibles de France après ceux du Limousin a eu son Tomasini au moins un an avant tout le reste de la France entière ».
Photo : Une vue de l’amphithéâtre pendant la réunion des partis de gauche et des syndicats
le 03/10/2022 à 20:22
Source : Centre Presse
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