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Contre la « Nouvelle société », M. Bidouze définit la société nouvelle : le socialisme

A la nouvelle société définie par le Premier ministre, M. Bidouze, qui intervenait au nom de la Commission exécutive nationale de la CGT au 46^e congrès de l’Union départementale de la CGT de la Vienne, a opposé la « société nouvelle ». L’allocution de M. René Bidouze, en clôture du congrès qui s’est déroulé vendredi et samedi à Poitiers, fut le point culminant de cette importante manifestation. En une vigoureuse synthèse, il a énoncé les objectifs de la grande centrale ouvrière, rappelé ses revendications, et apporté des définitions à la démocratie syndicale et aux perspectives socialistes de la CGT.

La matinée de cette deuxième journée du congrès avait été consacrée aux travaux des six commissions désignées la veille. La séance de l’après-midi, à la présentation des rapports des commissions, à l’élection de la commission exécutive de l’Union départementale. L’intervention de M. René Bidouze a marqué la clôture des travaux.

La presse syndicale en question

C'est M. Nigeon (Équipement) qui a présenté le rapport de la commission sur la propagande, affirmant « l’importance d’une bataille d’idées de grande ampleur » et plaçant la presse syndicale au premier rang des « moyens modernes et efficaces » de sa propagande, insistant en particulier sur le rôle de son hebdomadaire, « La Vie Ouvrière ».

Un débat a permis aux délégués d’exprimer leurs conceptions sur le contenu de leurs journaux. M. Boucher (Éducation nationale) et M. Levasseur (Enfance inadaptée) ont défendu l’idée d’un hebdomadaire moins militant quant à la forme, avec un sommaire d’intérêt plus général, car ils considèrent que tous les nouveaux lecteurs ne sont pas « préparés à l’information ».

M. Laumont a répondu à ces arguments en insistant sur la notion d’instrument de bataille des idées de la « V. O. ».

La femme au travail

Rapporteur de la commission sur les problèmes de la jeunesse, M. Levasseur a, dans son propos préliminaire, soutenu « la nécessité d’une information permanente et souligné les problèmes spécifiques aux jeunes devant « la prise de conscience et l’engagement syndical ».

Puis, Mme Micheline Leclaire (Éducation nationale) a présenté l’épais catalogue de revendications de « la femme au travail ». Une discussion a fait le tour du problème des crèches et de leur financement.

M. Baugé (Transports urbains) est intervenu pour émettre des réserves à propos du rôle de la femme ; il s’est déclaré partisan, sans en prononcer la formule de « la femme au foyer » et, dans cette optique, d’un salaire qui permette au chef de famille de subvenir aux besoins des siens. Son propos a soulevé, une tempête de protestations, et Mme Annick Nargeot a fait valoir qu’« il est des femmes qui veulent travailler ; c’est leur droit, leur liberté ; elles sont les égales de l’homme dans tous les domaines ».

L’âge du congrès : 33 ans

La campagne menée dans l’unité par la CGT et la CFDT a pour thème central l’augmentation des pensions et retraites, le droit à la retraite entière à 60 ans. Ces thèmes, développés dans le rapport sur « la campagne sur les retraites et pensions », ont été exposés par Mme Gisèle Laumont.

La physionomie du congrès vue par les chiffres a été présentée par M. Bougoin (commission des Mandats). La moyenne d’âge étant de 33 ans. On comptait 18 délégués de moins de 25 ans, 70 de 25 à 40 ans, et 30 de 41 à 60 ans. On dénombrait 53 congressistes travailleurs du secteur privé, ce qui traduit une augmentation de leur représentation par rapport aux précédents congrès. La benjamine avait 19 ans ; le doyen d’âge, 71 ans.

C'est M. Pierre Jallais (EDF) qui a exposé le projet de l’importante résolution sur l’organisation et l’orientation de l’Union départementale. Il a insisté sur l’importance des problèmes de recrutement ; la compréhension et la concrétisation d’une véritable démocratie syndicale ; l’utilisation et l’extension des libertés syndicales et la nécessité de la bataille des idées. Il a aussi abordé les problèmes internationaux.

M. Laumont réélu secrétaire général

Aussitôt après sa désignation, la Commission exécutive de l’Union départementale a élu son bureau : MM. André Laumont, secrétaire général, et Jean-Pierre Jallais, secrétaire permanent aux problèmes de l’organisation. Membres : MM. Baraudon, de la SFENA, Châtellerault (élu) ; Bellin. travailleur d’État (élu) ; Decarpentrie. PTT, Poitiers (réélu) ; Fabien, Hôpitaux, Poitiers (réélu) ; Germe, Chimiques, Châtellerault (élu) ; Leclaire, travailleur d’État (réélu) ; Mme Leclaire, Éducation nationale, Châtellerault (réélue) ; MM. Laurendeau, Métallurgie, Naintré (élu) ; Lestage, EDF, Poitiers (réélu) ; Rogliand, Mutualité agricole (réélu) et Mlle Brunet, Hôpitaux, Poitiers (élue).

La Commission exécutive, outre les membres de son bureau, se compose de MM. Bastière, Beguin, Bougouin, Brion, Chabiron, Chalutaud, Chauveau, Collet, Coussemacker, Fillon, Giraud, Jegou, Mme Laumont, M. Martin, Mme Michaud, MM. Moine. Morisset, Mme Nargeot, MM. Nicaud, Petit, Mme Porcheron, MM. Ragu, Rogeon, Venin et Varrien.

MM. Leclercq, Messeguer et Ravenel siègent à la commission de Contrôle.

Le porte-parole de la CFDT

Invité du congrès, M. Vidal (CFDT) a déclaré que dans cette invitation son syndicat voit « un signe important de l’unité d’action, sans laquelle il n’est point de victoire sérieuse des travailleurs ».

Il a poursuivi en exaltant l’unité de classe et en abordant la perspective de la société socialiste.

L’allocution de M. Bidouze

Prenant la parole, M. René Bidouze, membre de la Commission exécutive nationale de la CGT, a souligné l’importance de cet événement dans la vie sociale départementale, la tenue du congrès de « la centrale syndicale la plus puissante de notre pays ». Après avoir analysé et condamné les options du VI^me Plan, il traita des problèmes économiques et sociaux, puis des droits syndicaux.

Dans le second volet de son allocution, M. Bidouze a abordé deux points majeurs : la démocratie syndicale et les perspectives du socialisme.

La démocratie syndicale

« Une grande discussion est en cours dans toutes les organisations de la CGT, a rappelé l’orateur en ouvrant le dossier de la démocratie syndicale. Il s’agit de notre conception du syndicalisme démocratique de masse et de classe.

Pour M. Bidouze, « la démocratie syndicale est à la portée notre main ». Il a réaffirmé que la CGT est avant tout l’organisation « qui défend les intérêt des travailleurs ».

La CGT et le Socialisme

« Thèmes de réflexion sur les perspectives du socialisme pour la France et le rôle des syndicats ». Tel est le titre d’un document qui vient d’être édité par la CGT. A partir de cette analyse, M. Bidouze a rappelé les positions de sa centrale sur le socialisme.

La CGT, qui mène d’abord la lutte pour les revendications salariales s’interrogeant sur les causes profondes des difficultés, considère que le capitalisme est incapable de résoudre les problèmes de notre temps ; d’où la nécessité d’une transformation fondamentale de la société, « inscrite dans les faits ».

Il eut cette formule : « La société nouvelle - pas la nouvelle société de M. Chaban-Delmas - c’est le socialisme ».

L'orateur a ensuite établi la distinction nette du rôle des partis qui se prononcent pour le socialisme (« ils ont une responsabilité essentielle ») et les syndicats (« organisations de masse et de classe pour la défense des revendications ») dans les perspectives du socialisme, et affirmé que leur rôle ne se confond à aucun moment.

La situation internationale

Enfin, l’orateur aborda les problèmes de la situation internationale :

« Les travailleurs, de la Nation à la Bastille, et dans les grandes villes de province, vont, dans de puissants défilés, célébrer la Fête du Travail et le Premier Mai. Ils se souviendront que la guerre continue de faire rage en Indochine ». Il se déclara convaincu que « les travailleurs de la Vienne joindront à leurs luttes revendicatives leur action pour la paix en Indochine, la paix dans le monde ». Car, ajouta-t-il, c’est le plus sacré des devoirs que de défendre la paix et d’affirmer sa solidarité avec les frères de combat qui luttent depuis des années au Viet-nam et dans d’autres pays du monde ».