0752428/05/1971POITIERS
A l’appel des syndicats CGT et CFDT
« La retraite à 60 ans », « Les patrons peuvent payer », « Pompidou, des sous ». Ce sont les slogans scandés par quelque quatre cents manifestants à l’issue du meeting syndical (CGT et CFDT) tenu place Leclerc. En cortège, brandissant banderoles et pancartes, par la rue Victor-Hugo, ils ont gagné la place Briand et se sont massés devant la préfecture, où une délégation a été reçue. Cette manifestation, organisée hier en fin d’après-midi, s’est déroulée sans incident.
Le rassemblement sur le « forum » de la place Leclerc, s’est opéré peu après 17 h., derrière les banderoles revendicatives : « CGT – CFDT – Compteurs Schlumberger – Retraite à 60 ans », « CGT - CFDT – Leclanché, minimum 800 F, non aux cumuls », « CGT – CFDT – retraite à 60 ans ; un minimum de 800 F par mois ».
Au micro MM. Brion (secrétaire de l’Union locale CGT) ; Jallais (secrétaire permanent de l’Union départementale CGT) et Vidal (secrétaire départemental de la CFDT) ont fait applaudir les revendications présentées par leurs centrales syndicales.
Dans son intervention, M. Brion a analysé succinctement « le douloureux et scandaleux problème des retraites ». Il a affirmé que « les ouvriers de Poitiers n’ont pas l’intention d’enterrer ce problème ».
M. Jallais a expliqué « qu’il est trop facile aux porte-parole du gouvernement et du patronat de trouver des prétextes pour s’opposer à nos revendications ». Il a insisté sur « l’urgence d’une négociation tripartite » et a conclu : « quand les travailleurs descendent dans la rue, il est grand temps de se soucier de leurs revendications ».
Puis, M. Vidal a parlé de « l’hypocrisie du pouvoir et du patronat, qui prétendent que la retraite à 60 ans serait la ruine du pays ; comme ils prétendaient que l’indépendance de l’Algérie serait la ruine de l’économie nationale ». Le porte-parole de la CFDT a rappelé l’amélioration des conditions de retraite en Italie, et ajouté : « Les patrons italiens ont payé, les patrons français peuvent payer et ils paieront ».
Sur le plan local, il a évoqué l’attribution récente d’une subvention de 400 millions AF à une entreprise au titre de la formation professionnelle « alors qu’il s’agit d’une adaptation de jeunes - dépourvus de C.A.P. - au travail de leur machine, en 3 semaines ; et qui sera inutile hors de cette entreprise ».
Dénonçant le 6e Plan, M. Vidal a poursuivi : « Il faut lutter contre le capitalisme français, le plus en plus cynique. Comme le vice, il a ses degrés, il devient violent, c'est le capitalisme sauvage. Luttons pour faire éclater la société qui nous opprime ».
Puis, M. Thimonnier (FEN et SNI) a exprimé « la contribution active des enseignants à ces luttes revendicatives qui sont aussi les nôtres ».
Des cris hostiles
Après l’adoption, à l’unanimité de la résolution présentée par M. Brion, le cortège se formait, défilant place Leclerc et rue Victor-Hugo, pour faire halte devant la préfecture. Une délégation commune, conduite par MM. Laumont et Jallais pour la CGT, par M. Vidal pour la CFDT, a été reçue par M. Inizan, directeur de cabinet du préfet.
C’est M Brion qui a rendu compte de l’entrevue. Lorsqu’il a indiqué que la délégation avait été reçue par le directeur de cabinet, en l’absence du préfet, des cris hostiles ont fusé. La manifestation a pris fin vers 18 h. 15., après que le slogan « la retraite à 60 ans » ait été plusieurs fois scandé. On notera que les jeunes étaient en majorité dans les rangs des manifestants.
La résolution
Voici le texte de la résolution remise à la préfecture :
« A l’appel de la CGT et de la CFDT, les travailleurs de Poitiers, réunis le jeudi 27 mal 1971 pour protester contre l’insuffisance scandaleuse des retraites,
Exigent :
- Le droit à la retraite entière à 60 ans, avec une pension égale au moins à 75 % du salaire, calculée sur les dix meilleures années et sur tous les éléments de la rémunération et sans être jamais inférieure à 800 F par mois.
- La prise en compte immédiate des cotisations versées au-delà de la 30e année.
- Des pensions évoluant parallèlement aux salaires.
- Une pension de réversion égale à 60 % de la retraite de la personne décédée, homme ou femme, quelle que soit la situation financière.
- La possibilité d’obtenir par anticipation une retraite entière en fonction :
• du caractère pénible ou insalubre du travail accompli ;
• des conditions de santé, définies de manière plus souple.
- Une harmonisation et une généralisation des systèmes de retraites complémentaires.
- L’acquisition à titre personnel d’un droit à pension pour toutes les personnes arrêtant momentanément leur travail pour élever des enfants.
Chaque travailleur passe la plus grande partie de sa vie au travail. Il cotise tous les mois pour préparer une retraite qu’il percevra à la fin de son activité professionnelle.
Il est légitime qu’il perçoive une retraite décente, lui permettant de vivre normalement. Or, pour beaucoup de retraités, les ressources ne permettent même pas d’assurer un minimum indispensable à leur survie.
La retraite n’est pas une « aumône » mais un droit acquis par le travail de chacun.
Face à l’intransigeance du pouvoir et du patronat, les travailleurs de Poitiers,
Exigent la réouverture immédiate des négociations tripartites (gouvernement, CNPF, syndicats) afin que cesse cette situation scandaleuse.
Photo : Une vue partielle de la manifestation place Leclerc
le 11/10/2022 à 07:40
Source : Centre Presse
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