0754605/06/1971POITIERS
1.500 grévistes ont pris part aux manifestations
La grève de la fonction publique a été largement suivie, hier dans la Vienne. A Poitiers, un meeting, tenu dans les Salons de Blossac, a rassemblé une foule évaluée de 1.200 à 1.500 personnes. Un défilé dans les rues du centre-ville s’est déroulé, à l’issue du meeting et une délégation a été reçue à la préfecture.
Selon les syndicalistes participant à cette journée revendicative, dans l’enseignement, la « participation rurale » a été massive (83 et 92 pour cent dans certains cantons). Dans le secondaire et le supérieur, les chiffres sont variables, compte tenu du déroulement des examens (en particulier le CAPES). Le mouvement a été suivi à 100 pour cent dans les services de santé (où les urgences étaient assurées). Pour les Ponts et Chaussées. de même source, on indiquait 100 pour cent d’ouvriers en grève et 10 pour cent des personnels administratifs ; dans les Finances, 75 pour cent, etc...
D’autres sondages, à l’échelon départemental, ont enregistré 25 pour cent de grévistes à la préfecture ; pour les PTT, 35 pour cent dans les services de tri, environ 50 pour cent à la distribution (90 pour cent à Poitiers), 70 pour cent dans les « lignes ». Ces mêmes sondages notaient une proportion de grévistes de plus de 60 pour cent au Trésor, nulle aux Impôts, de 25 pour cent dans les Douanes. A Poitiers, plus de 70 pour cent des agents communaux.
Le meeting, organisé en début d'après-midi, était placé sous le signe de l’unité. M. Tourancheau (secrétaire départemental de FO) le présidait et M. Nony (secrétaire départemental de la FEN) est intervenu, au nom de l’ensemble des formations syndicales ayant appelé à cette manifestation. Le texte de la motion a été lu par un porte-parole de la CGT.
« Tous les fonctionnaires en ont assez d’être traités plus mal que les secteurs nationalisés », a déclaré M. Nony dans son avant-propos. Dans son exposé des revendications, il a mentionné le caractère de « région sous-développée du Poitou-Charentes, ce qui influe sur les abattements de zone dans notre secteur. Cette journée doit être un point de départ » a affirmé le leader départemental de la FEN.
Banderoles et pancartes
Hérissé de banderoles et de pancartes revendicatives, le cortège des grévistes s’est rendu, par la place Leclerc, des Salons de Blossac à la place de la Préfecture, aux cris scandés de « Augmentez nos salaires », « Pompidou, des sous », « Unité syndicale », etc...
C'est M. Nony qui a rendu compte de l’entrevue de la délégation qui a remis la motion votée à l’issue du meeting. Des cris divers et des quolibets ont retenti lorsque le porte-parole syndical a annoncé que le préfet était absent et qu’il était représenté par le sous-préfet de Montmorillon. La manifestation s’est dispersée sans incident, après que les manifestants aient scandé « Nous reviendrons ».
La motion
Le texte de la motion (adoptée à l’unanimité) reprend les termes de la plate-forme revendicative établie par les sections départementales de la FEN, de l’Union générale des fonctionnaires, de la CGT et de Force-Ouvrière.
Elle se décompose en sept points, dont voici l’essentiel :
« 1. - Pouvoir d’achat effectivement garanti et progression assurée selon une participation équitable à l’évolution du revenu national, sans déclassement par rapport aux autres secteurs, en particulier par rapport au secteur nationalisé.
« 2. - Aucun salaire de fonctionnaire inférieur à 1.000 F. par mois alors que le minimum de rémunération est, au premier janvier 1971, de 804.21 F.
« 3. - Indemnité de résidence progressivement intégrée dans le traitement soumis à retenue pour pension, ce qui implique l'intégration de 2 points au premier juillet 71 (et non de 1 point au premier novembre 71) et l’engagement formel de poursuivre.
« 4. - Suppression des abattements de zones, ce qui implique que la majoration d’un demi point de l’indemnité de résidence soit clairement conçue comme une nouvelle étape de cette suppression.
« 5. - Que les grands problèmes catégoriels soient correctement réglés. Ils n’admettent pas que les mesures envisagées soient renvoyées au premier novembre 71.
a) réforme des carrières en catégories C et D : l’étalement de cette réforme a besoin d’être corrigé ; il faut accélérer sa réalisation.
b) reclassement de la catégorie B : l’amélioration du début de carrière, reconnue nécessaire par le gouvernement, ne devrait ni être renvoyée au premier novembre 71, ni étalée sur deux années. De plus, l’engagement de réunir les organisations syndicales pour examiner les problèmes d’ensemble de la réforme du cadre B doit être précis et d’application immédiate.
c) début de carrière du cadre A : relèvement immédiat et application des conclusions d’un groupe de travail constitué en 1963.
« 6. - Réduction du temps de travail.
« 7. - Prise en considération des recommandations de la commission Jouvin.
« Avec tous les fonctionnaires du pays, les agents de la fonction publique de la Vienne, les travailleurs. de l’État, les agents des collectivités locales, les agents des services hospitaliers, tous les travailleurs des services publics, demandent au Premier ministre de prendre la décision suivante :
« Réouverture immédiate des négociations sur les problèmes de leurs rémunérations, mais sur d’autres bases que celles arrêtées par le Conseil des ministres, le 17 mars 1971 ».
Photo : La manifestation
le 15/10/2022 à 13:00
Source : Centre Presse
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org