0756815/06/1971POITIERS
C'est à l’unanimité des participants à ses travaux que le Congrès de l’Union départementale de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) a adopté la motion finale. Dans nos éditions de lundi, nous avons relaté la tenue de cette importante manifestation syndicale, présidée par M. Laurent Lucas, leader national de la CFDT.
Le texte de la motion
« Le Congrès de l’Union Départementale dénonce le mythe d’une nouvelle société que le gouvernement cherche à propager par tous les moyens alors qu’il s’agit en réalité d’une société néo-capitaliste qui engendre un modèle de civilisation de plus en plus étouffant. Le VIe plan, en prétendant axer tout sur l’industrialisation, aggrave les caractères du régime capitaliste, qui est par nature :
- Un régime d’exploitation, où les classes dominantes utilisent le travail des salariés et les besoins des consommateurs pour accroître leurs profits et leur puissance, tandis que le pouvoir d’achat pour certaines catégories de travailleurs diminue sans cesse et pour les autres est sans cesse menacé.
- Un régime d’injustice, qui a besoin pour fonctionner de divers types d’inégalités (entre les mains d’œuvre masculine et féminine, entre Français et immigrés, entre citadins et ruraux) et qui aboutit à des écarts de revenus allant de 1 à 1.000 (par mois 270 francs pour les vieux travailleurs, à plus de 200.000 pour certains capitalistes).
- Un régime d’aliénation, qui refuse toute responsabilité effective aux travailleurs, les soumet à des cadences de travail de plus en plus nocives pour leur santé, à des méthodes de commandement de plus en plus inacceptables, à des conditions de vie de plus en plus écrasantes.
- Un régime de répression qui ne connait que les brutalités, policières pour répondre à la révolte et au dégoût de ceux qui le contestent.
Dans ces conditions l’action syndicale doit certes lutter pour le maintien et l’augmentation du pouvoir d’achat et le congrès apporte son soutien aux camarades de la SNCF qui exigent en raison de la flambée des prix, l’application de la clause de sauvegarde. Les cheminots CFDT pensent que la lutte pour les salaires n’est pas la seule.
Il faut voir aussi l’opposition des grévistes à la politique de fermeture de lignes et de démantèlement du service public. Enfin, l’action syndicale doit aller encore plus loin : elle doit viser à libérer collectivement les travailleurs, et à leur permettre d'exercer une pleine responsabilité. Un pas est fait vers le socialisme chaque fois que les salariés arrachent un droit syndical nouveau et remettent en cause le pouvoir patronal dans une lutte décidée par eux-mêmes, et non par des appareils plus ou moins éloignés d’eux. Les structures syndicales ne sont qu’un outil aux mains des travailleurs, la décision appartient à eux seuls.
C’est pour mettre toutes les structures syndicales au service de la base et de la section d’entreprise que le congrès de l’UD de la Vienne a pris les décisions suivantes :
1) - Création d’une Union locale de Poitiers, qui permettra aux sections des différentes entreprises de se rencontrer, d’échanger leurs informations et leurs expériences, pour que les travailleurs puissent mener une lutte plus efficace et plus coordonnée contre le pouvoir patronal.
2) - Maintien d’une UD jusqu’à ce que les Unions locales et l’Union régionale permettent sa disparition.
3) - Direction collégiale des UL et de l’UD.
4) – Création d’une équipe destinée à coordonner la formation et l'action des O.S. pour la transformation de leurs conditions de travail et de vie. En effet, contrairement à ce que prévoyaient certains, le nombre des O.S., au lieu de diminuer, ne fait que croître : l’automatisation triomphante appliquée par le capitalisme ramène au rang d’O.S. des travailleurs qualifiés. Le congrès salue la lutte courageuse des O.S. de la Régie Renault et d’Usinor Dunkerque qui ont obligé l’opinion publique à se poser les problèmes fondamentaux des sociétés industrielles. L’ouvrier est de plus en plus traité comme un objet dépendant de la machine ou du poste auquel il est attaché. Il est temps que les O.S. des diverses branches travaillent ensemble à une remise en question de l’organisation du travail.
5) - Organisation d’une équipe destinée à unir les luttes des ouvriers français et des ouvriers immigrés, victimes du même capitalisme qui exploite les nations peu industrialisées et qui n’hésite pas à déclencher des guerres ouvertes (le Vietnam) ou camouflées (le Tchad). Ils se doivent de lutter ensemble contre leur ennemi commun et contre la violence raciste qui se développe à nouveau en France depuis que les trusts ne peuvent plus piller aussi facilement qu’autrefois les pays producteurs de pétrole. Le syndicalisme n’a pas seulement pour but la libération des travailleurs dans une nation donnée : il veut la libération de tous les travailleurs de tous pays pour assurer la paix entre les nations.
Le Congrès, dans le cadre des perspectives politiques définies lors du 35e Congrès confédéral :
Approuve les positions prises par le Conseil départemental pendant la durée de son mandat, en particulier sur les affaires suivantes
- luttes ouvrières à l’étranger (Pologne).
- procès de Burgos et de Léningrad.
- questions étudiantes.
- élections municipales.
Réaffirme la volonté de promouvoir des actions et revendications permettant de faire progresser la prise de conscience de classe des travailleurs.
Le Congrès approuve la décision prise par la Confédération pour continuer, dans l’unité avec la CGT, la lutte en faveur des vieux travailleurs. La condition des ouvriers retraités en France et des ouvriers immigrés est la preuve la plus flagrante du caractère inhumain du capitalisme. Le Congrès invite tous ses adhérents à amplifier une lutte de masse contre le régime qui nous opprime.
le 15/10/2022 à 15:42
Source : Centre Presse
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org