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0759620/08/1971POITIERS

NON AU PROJET DE L’USINE DE BIOXYDE DE MANGANÈSE DE LA SAFT

45 emplois
A la salle des fêtes de Chasseneuil protestent avec énergie 300 habitants

L’opinion s’est largement exprimée, hier durant presque deux heures, à la salle des fêtes de Chasseneuil, où s’est tenue une réunion d’information concernant le projet d’implantation d’une usine de broyage de bioxyde de manganèse de la SAFT (Pile Leclanché). Conjointement présidée par M. Giret, maire de la commune, et par M. Vertadier, député et président du Conseil de District de Poitiers cette réunion s’est déroulée en présence d'une délégation de la SAFT ; parmi ses composants, un des responsables de l’usine de Saint-Chéron, dont il sera très vite question.

M. Vertadier, en guise de prologue, revint en arrière pour rappeler le processus favorable qui devait aboutir à la création de la zone industrielle de Chasseneuil. Cette notion précisée, M. Vertadier rappela que toute zone industrielle a pour vocation l’accueil d’industries. Puis il indique que la SAFT se proposait d’implanter à Chasseneuil, dans une première étape, l’usine de broyage de bioxyde de manganèse, ensuite une autre unité intéressant le minerai de manganèse. De suite, M. Vertadier devait préciser que devant le particularisme nocif des produits traités, il avait émis d'expresses réserves aux représentants de la société interlocutrice. Il lui fut répondu, que les techniques actuelles, permettaient de réaliser une usine étanche. Tenant à s’entourer de toutes les garanties, le président du Conseil de district fit effectuer des études techniques, par un adjoint spécialiste, directeur de l’ENSMA et que, pour sa part, le préfet chargea un technicien éminent d’établir un rapport. En possession des rapports de SAFT, de CEAT et du Service des Mines, M. Vertadier constata que toutes les conclusions convergeaient vers le même point : aucun danger pour les ions sulfureux.

Ceci exposé, M. Vertadier précisait qu’il fallait inscrire des clauses rigoureuses au cahier des charges, dans le cas où le projet serait envisagé et que pour sa part, il était convaincu qu’il n’y aurait pas de danger. Sa conclusion fut : « Voici la teneur actuelle des négociations ».

Ce préambule, à peine terminé, ce fut la salle qui s’anima. En peu de temps, les habitants de Chasseneuil, Saint-Georges-les-Baillargeaux et Jaunav-Clan, furent environ trois cents, dont de nombreuses femmes. Les questions fusaient, émises avec fermeté : « Nous ne faisons pas confiance à la SAFT ». « On a déjà vu ce que valait leurs propos ». « Les intérêts industriels passent avant les hommes ». « Nous allons vers la désagrégation de nos paysages ».

D’autres plus passionnées, mettaient en doute les précisions des techniciens. La délégation de la SAFT tenta de répondre, en vain. La salle fermement opposée, répondait argument contre argument. D’aucuns laissant leurs propos dépasser leurs pensées accusèrent le Président du district d’avoir des intérêts à la SAFT. M. Vertadier répondit : « Je n’ai pas d’intérêt dans cette société, je suis chargé d’administrer le district, c’est mon seul souci, je voudrais vous faire saisir le processus de l’affaire, qui, je le redis, n’en est qu’au stade des négociations, rien n’est écrit, rien n’est signé... ».

Le ton monta, les intervenants toujours avec une grande fermeté soumirent, micro en mains, les ingénieurs de la SAFT à un véritable interrogatoires : Pourquoi quittez-vous St-Chéron... On ne veut plus de vous », « Combien d’ouvriers comptez-vous employer », « Combien avez-vous d’étrangers », « Tiendrez-vous vos engagements ? ». La délégation répondait. Puis la discussion, toujours aussi vive, fut lancée sur la pollution, la nocivité, les maladies. Un médecin dans la salle, réfuta point par point un rapport d’un confrère chargé de la santé du personnel à St-Chéron,

M. Giret, maire de Chasseneuil, à maintes reprises, devait réclamer le calme. Puis, il intervint pour lire, des lettres échangées avec le maire de St-Chéron, L’inquiétude dans la salle s’installa un moment. La population présente, avait le sentiment que son opinion ne servirait à rien. Plusieurs intervenants, reprenant leur calme, parvinrent à exprimer le sentiment de la population, en termes clairs, précis et sans ambage, donnant du mécontentement un éclairage humain, vivement ressenti par l’assistance.

M. Giret, à ce moment-là, (il était 21 h. 15) remercia ses concitoyens pour la franchise de leurs propos. M, Vertadier pour sa part tint à dire qu’il serait l’interprète des représentants des communes, au Conseil du district ainsi que M. Giret, maire de Chasseneuil. Il devait déclarer : « Après un nouveau développement, si vous le voulez, je viendrais vous en informer, puisque c’était le but de la réunion de ce soir... ».

 

 

le 16/10/2022 à 12:05

Source : Centre Presse

activité, métallurgie, pile, population

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