0765517/11/1971POITIERS
Les organisations syndicales ont rappelé leurs revendications
Les organisations départementales de fonctionnaires (UGFF-CGT, FEN, CFDT et Cartel FO) ont tenu une conférence de presse, lundi après-midi, à Poitiers. Au cours de cette séance de travail, les problèmes de la Fonction publique ont été abordés et plus particulièrement la perte de pouvoir d’achat et le déclassement des fonctionnaires, les zones de salaires, les conditions de travail et la contractualisation dans la Fonction publique.
Ouvrant la séance, M. Veylit (FEN) a brièvement rappelé la nature du contentieux dans la Fonction publique. En 1946, le statut de la Fonction publique instituait une parité avec le secteur nationalisé. Or, a noté M. Veylit, « depuis cette époque, on assiste au détriment de la Fonction publique à un déclassement qui s’accroit ces dernières années ; les différences ont des effets cumulatifs ».
« Cette situation a amené, a poursuivi l’orateur, les organisations de fonctionnaires à engager la lutte depuis mars 1970 ». Il en a rappelé les principales étapes, jusqu’à l’ouverture des négociations du 12 novembre dernier.
Dans un communiqué commun, les organisations syndicales de la Vienne donnent leur point de vue sur ce sujet :
« Les organisations syndicales suivantes : UGFF-CGT, CFDT, Cartel FO et Section FEN ont enregistré le résultat des négociations menées par les sept syndicats de fonctionnaires avec le ministre de la Fonction publique.
La FEN et FO ont signé un protocole d’accord, la CGT et la CFDT ont réservé leur attitude et ont décidé d’en référer à leurs instances en portant un jugement restrictif sur le contenu de l’accord.
Les syndicats de fonctionnaires déjà nommés réunis ce jour à Poitiers ont porté l’appréciation suivante : Nous ne nous satisfaisons pas du contenu du protocole : la suppression de la quatrième zone de salaires n’apporte rien aux fonctionnaires de la Vienne qui sont dans la cinquième ; les augmentations de salaires en 1972 seront pendant les neuf premiers mois, inférieures à la hausse des prix ; les diminutions des horaires de travail ne touchent que peu de fonctionnaires et laisse la semaine de travail à 43 heures pour de nombreux salariés.
Dans le même temps l’EGF connaît une situation bien plus favorable. Les quatre organisations présentes considèrent que tout doit être mis en œuvre pour que le contenu de l’accord soit amélioré ».
Trois semaines de travail impayé
Les problèmes du pouvoir d’achat ont été traités par M. Kurczewski (FO). Il a exposé les motifs de « la grogne des fonctionnaires » par la comparaison du taux de la hausse des prix et des salaires des fonctionnaires : « La hausse des prix grignote, quand elle ne les absorbe pas les relèvements de salaires. Nous restons en retard sur le secteur nationalisé et le secteur privé ».
« Depuis Pétain, l’État a trouvé le système des zones de salaire pour sous-payer ses fonctionnaires » a affirmé M. Vidal. (CFDT). Il a expliqué que l’indemnité de résidence représente 16 % du traitement à Paris (zone 1) et 10 % à Poitiers (cinquième et dernière zone).
Et, pour le représentant de la CFDT, « ces 6 % de différence entre Paris et Poitiers, répercutés sur une année de 365 jours, cela représente 21 jours de travail. Les fonctionnaires poitevins travaillent donc trois semaines pour rien. Ils sont corvéables à merci pendant trois semaines !.. M. Vidal en a conclu que l’« on veut favoriser l’exode vers les grands centres inhabitables et encourager les capitalistes à maintenir, dans le privé, les mêmes disparités de salaires. Au moment où on parle de décentralisation et où Chaban-Delmas vient faire la marionnette, toutes les mesures sont prises contre la décentralisation, car le VIe Plan veut favoriser la grande industrie ».
Pour M. Vidal, on veut aussi « démanteler la Fonction publique, opérer une défonctionnarisation par le système des contractuels et la privatisation de certains secteurs ». A titre d’exemple, il a cité la récente circulaire ministérielle qui autorise les enfants pratiquant deux heures de sport hebdomadaires dans un club privé, à être dispensés de la gymnastique scolaire.
La lettre aux députés
La décentralisation, la technicité, le passage d’activités au secteur privé ont été, ensuite, abordés par M. Baraton (UGFF-CGT). Il a fait ressortir qu’en matière de nominations et de mutations « les pouvoirs des préfets sont renforcés ». Puis, dans les différents secteurs, il a présenté la situation de la formation des personnels « où les nouvelles connaissances ne sont d’ailleurs pas sources de promotion ». Il a ensuite parlé des suppressions de postes budgétaires.
Enfin, les organisateurs de la conférence de presse ont déclaré :
« Nous avons adressé une lettre ouverte aux députés de la Vienne - parue dans la presse régionale - et nous n’avons toujours pas eu de réponse à ce jour. Nous serons attentifs à l’attitude des parlementaires de notre département pour le vote du 17 novembre ».
le 17/10/2022 à 16:01
Source : Centre Presse
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