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La journée nationale d’action CGT – CFDT

La journée nationale organisée hier par la CGT et la CFDT pour le droit à la retraite à 60 ans avec un minimum de 800 fr mensuels a été marquée dans la Vienne, par plusieurs manifestations.

Des arrêts de travail ont été enregistrés, notamment à Poitiers et Châtellerault.

C’est à Poitiers que cette journée revendicative a eu le plus d’ampleur, avec un meeting et un cortège dans les rues de la ville.

Vers 18 h. 30, à l’appel de la CGT et de la CFDT, plusieurs centaines de manifestants se rassemblaient dans la cour de la Maison du peuple. L’allocution de M. Martin (CGT) ouvrait le meeting. Puis M. Brion (CGT) et M. Ancizar (CFDT) ont ensuite pris la parole.

M. Brion a stigmatisé « la réformette de M. Boulin » et précisé que les syndicats ne demandent pas la mise à la retraite obligatoire à 60 ans, mais le droit à y accéder à cet âge. Il a ensuite assuré, en avançant quelques arguments, que cette revendication ne serait pas un coût aussi élevé « que le prétendent le gouvernement et le patronat ».

Au nom de sa centrale syndicale, M. Ancizar a affirmé : « Nous ne pouvons nous satisfaire d’un projet de loi qui ne fait que prendre en compte ce qui aurait dû être fait depuis longtemps ».

Synthèse des revendications, la résolution commune rédigée par les Unions locales CGT et CFDT a été adoptée à l’unanimité.

C’est en cortège, brandissant banderoles et pancartes, que les manifestants se sont ensuite rendus à la Préfecture. Les participants à ce cortège, qui scandaient leurs slogans revendicatifs se sont dispersés vers 19 h. 10, place de la Préfecture, après qu’une délégation ait été reçue - en l'absence du Préfet de région - par M. Inizan, directeur de cabinet. Aucun incident n’a marqué cette journée.

On notera qu’à Poitiers, à la compagnie des Compteurs, 25 pour cent du personnel a observé un arrêt de travail. Des débrayages ont été suivis dans plusieurs entreprises châtelleraudaises (en particulier de métallurgie, bois et chimie), dans des proportions oscillant de 60 à 75 pour cent.

Enfin, tant à Châtellerault qu’à Montmorillon, des motions ont été déposées à la Sous-préfecture. Dans cette dernière ville par une délégation de l’entreprise « Ranger ».

Le texte de la résolution

« A l’appel des Unions locales CGT et CFDT de Poitiers les travailleurs réunis le 1^er décembre 1971 pour protester contre l’insuffisance des retraites ;

« Constatent un premier recul du gouvernement qui, sous l’action des travailleurs est contraint d’ouvrir un débat sur ce problème à l’Assemblée Nationale.

« Ce débat, à partir du projet de loi Boulin, en l’absence d’une négociation préalable sur la question d’ensemble des retraites, aborde celle-ci avec un aspect très limité et ne répond pas aux revendications des travailleurs.

« Les travailleurs de Poitiers exigent :
« - Le droit à la retraite entière à 60 ans, avec une pension égale, au moins à 75 pour cent du salaire, calculée sur les dix meilleures années et sur tous les éléments de la rémunération et sans être jamais inférieure à 800 francs par mois.
« - La prise en compte immédiate des cotisations versées au-delà de la 30^e année.
« - Des pensions évoluant parallèlement aux salaires.
« - Une pension de réversion égale à 60 pour cent de la retraite de la personne décédée, homme ou femme, quelle que soit la situation financière du bénéficiaire.
« - La possibilité d’obtenir par anticipation une retraite entière en fonction :
   • du caractère pénible ou insalubre du travail accompli ;
   • des conditions de santé, définies de manière plus souple.
« - Une harmonisation et une généralisation des systèmes de retraites complémentaires.
« - L’acquisition à titre personnel d’un droit à pension pour toutes les personnes arrêtant momentanément leur travail pour élever des enfants.
« - Un aménagement de la fiscalité en faveur des retraités.
« - L’adaptation des conditions de travail afin d’éviter l’usure prématurée des travailleurs.
« - L’interdiction de déclassement pour raison d’âge.
« - L'organisation de la vie culturelle et sociale pour les personnes âgées.

La retraite n’est pas une aumône mais un droit acquis par les travailleurs.

« Face à l’intransigeance du pouvoir et du patronat les travailleurs de Poitiers,

« EXIGENT l’ouverture immédiate des négociations tripartites (gouvernement – CNPF - syndicats), afin que cesse cette situation scandaleuse ».

Photo : Quelques-uns des participants à la manifestation dans la cour de la Maison du peuple