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0770515/01/1972POITIERS

« PEU DE VILLE ONT UNE MAISON DU PEUPLE AUSSI MODERNE » DIT Mme JOUHAUX

En inaugurant, hier, les nouveaux locaux.
La rue Arsène-Orillard va retrouver son activité d’antan

« Il n’est pas beaucoup de villes pouvant s’enorgueillir de posséder une Maison du Peuple aussi bien conçue et aussi moderne... ». Mme Léon Jouhaux après avoir dévoilé le nom de son mari, le grand syndicaliste disparu en 1954, à l’entrée de la salle de réunions de la nouvelle Maison du Peuple, devait prononcer ces paroles qui reflètent bien la pensée de tous ceux qui assistaient à cette inauguration.

C’est à 11 h. hier matin que M. Lucien Vochel a coupé le ruban traditionnel avant que les invités visitent sous la conduite de M. Agius, architecte auteur du projet, ces nouveaux locaux qui succèdent à ceux que Léon Jouhaux avait inaugurés voici 40 ans.

M. Agius donna quelques détails : Une grande salle de 438 places avec fauteuils et au niveau de la rue Saint-Paul, une autre salle de 150 places.

M. Pierre Vertadier prit ensuite la parole pour définir le sens de cette inauguration qui consacre les efforts de la municipalité pour réaliser un projet attendu et souhaité par la population.

Il devait déclarer notamment : « En coupant le ruban symbolique, nous donnons la libre utilisation de cette nouvelle maison qui, vous le savez, sera essentiellement la maison des syndicats ».

« C’est pourquoi, avec la volonté d’honorer la mémoire de deux grands Français, le Conseil municipal de Poitiers a décidé, à l’unanimité, de donner le nom de Léon Jouhaux à la salle où nous nous trouvons actuellement, et celui de Jean-Pierre Timbaud, à celle qui sera inaugurée dans un instant, après celle-ci.

Puis, s’adressant à Mme Léon Jouhaux :

« En dévoilant l’inscription rappelant le nom de votre mari, je comprends, Madame, quelle peut être votre émotion, puisque lui-même était venu à différentes reprises dans notre ville et notamment il y a trente ans, pour y retrouver ses amis, dans les circonstances dramatiques du mois de juin 1940 ».

M. Vertadier évoqua les carrières de MM. Jouhaux et Timbaud, dont il fit ressortir le travail accompli au service de la classe ouvrière, les années de lutte et de sacrifices, et la leçon d’abnégation de ces sacrifices qui se dégage de l’existence des deux hommes. Il dit à ce propos :

« Je sais que le double choix fait par le Conseil municipal pour la dénomination de ces nouveaux locaux, répond aux vœux des syndicats locaux qui vont ainsi pouvoir bénéficier d’installations modernes et bien appropriées à leurs activités ».

Il retraça ensuite l’histoire du syndicalisme à Poitiers et l’histoire de la précédente Maison du peuple qui a rendu de grands services pendant quarante ans mais qui ne répondait plus aux besoins nouveaux.

Il poursuivit :

« Nous visiterons, dans quelques instants, les annexes des deux salles nouvelles qui, avec leur aspect moderne, complètent l’ensemble architectural dont la ville est propriétaire dans ce secteur, c'est-à-dire le Bureau d’Aide Sociale, le Foyer des Personnes âgées et le restaurant municipal.

Dans ces locaux agréables, le travail des divers syndicats sera plus fructueux. Personnellement je m’en réjouirai car je crois que le syndicalisme est indispensable à l’adaptation et à l’amélioration de la condition des travailleurs dans la société industrielle où nous sommes maintenant inclus.

« Tous les hommes de bonne foi ne peuvent contester la valeur de ces résultats et ne peuvent que s’en réjouir. D’ailleurs, l’exemple des travailleurs a été largement suivi et le syndicalisme s’est étendu aux cadres qui sont devenus un des éléments principaux pour assurer le développement des activités industrielles et commerciales. Ils ont aussi amené les différents milieux patronaux à s’unir pour faire prévaloir auprès des services de l’État, leurs préoccupations et leurs intérêts.

« Ceci implique de la part du syndicalisme, un remarquable effort de réflexion, de concertation et de coopération, c’est-à-dire qu'il exige un élargissement de sa vocation pour que s’engage le dialogue ».

Revaloriser la condition ouvrière

M. Lucien Vochel, préfet de région, prenant ensuite la parole. salua Mmes Jouhaux et Timbaud, salua la mémoire de leurs époux, avant d’aborder le thème de son allocution qu’il avait ainsi définie : « Faire que le mariage de l'homme et de son travail soit un mariage heureux, c’est une sorte d’évidence et pourtant : il faut y consacrer une conviction et un combat ».

Conviction et combat, il va ensuite développer quelques actions nouvelles récemment engagées, dont il va analyser les trois plus importantes.

1. D’abord, la mensualisation des traitements. Décidée à l’initiative du Président de la République, cette mesure est en voie d’application pour 75 pour cent des ouvriers, donnant aux travailleurs payés à l’heure, les garanties et avantages jusqu’alors réservés aux seuls mensuels : valorisation de l’ancienneté dans l’entreprise, indemnisation à 100 pour cent du congé maladie, paiement des jours fériés, etc ... Dans la région, 90 pour cent des ouvriers du bâtiment et 60 pour cent de la métallurgie sont couverts par des accords de mensualisation.

2. Ensuite, la transformation du salaire minimum interprofessionnel, le SMlG, en salaire minimum de croissance, le SMIC, qui évolue désormais non seulement en fonction des prix, mais aussi, des conditions économiques générales et des revenus et fait participer les plus défavorisés au bénéfice de l’expansion nationale.

3. Enfin, la possibilité de bénéficier d’une formation permanente est maintenant largement ouverte. Le gouvernement l’a rappelé, le 5 janvier, en annonçant la prochaine mise en congé de formation d’une partie des effectifs de l’industrie ce qui permettra, outre d’augmenter la qualification professionnelle d’un grand nombre de travailleurs, d’alléger la pression des demandes d'emploi.

Plus de trois milliards cette année, seront consacrés à la véritable révolution qu’est la formation permanente et ces crédits atteindront 6 milliards dans 4 ans.

Déjà la Loi du 3 décembre 1966 sur la formation professionnelle et la Promotion sociale, complétée par celle du 31 décembre 1968 sur la rémunération des stagiaires, avait permis d’accroître le nombre des Centres de Formation. Pour sa part, la Région Poitou-Charentes a largement bénéficié de créations nouvelles. On peut citer à Poitiers, le Centre de Formation des Transports du Porteau et le Centre de Formation d’Apprentis du Bâtiment de Chantejeau ; à Angoulême, le Centre de Formation de la Chambre de Commerce ; à Cognac, le Centre de Formation d’Apprentis de la Chambre de Métiers ; quatre centres dans les Deux-Sèvres dont celui de la Chambre de Commerce et ceux de la Chambre de Métiers de Niort ; un centre à La Rochelle ».

Les relations professionnelles

M. Vochel poursuivit :

« Mais la revalorisation de la condition ouvrière fondée sur la dignité de l’homme ne peut se faire sans une transformation importante des relations professionnelles. Elles s’établissent dans le climat nouveau de la participation qui se concrétise par trois faits essentiels : reconnaissance, politique contractuelle et intéressement.

« En Poitou-Charentes, 220 accords ont été signés touchant 60.000 salariés dont 50 concernent 11.000 salariés pour la Vienne ».

Et de conclure ; « La route infinie du progrès de l’homme et l’affermissement de sa dignité sont jalonnés d’étapes ».

Celle d’aujourd’hui nous permet à la fois d’évoquer un homme talentueux au service d’une grande cause et de nous réjouir du long chemin parcouru dans une voie qui lui était familière.

Avec optimisme, confiance en nous et volonté, vertus que possédait Léon Jouhaux, promettons-nous de remettre à chaque homme les clés de son destin.

Les problèmes sociaux ne se limitent pas aux frontières

Prenant spontanément la parole, Mme Jouhaux devait prononcer une courte mais remarquable allocution au cours de laquelle elle adressa à la ville de Poitiers les paroles aimables que nous avons citées au début de cet article. Elargissant son propos, elle déclara que les problèmes sociaux n’ont pas de frontière et que tenter de les résoudre, c’est déjà faire un grand pas vers le bonheur de la classe ouvrière, vers celui de tous les pays et vers l’établissement de la paix.

On poursuivit ensuite la visite des nouveaux locaux et Mme Timbaud, à son tour, dévoila le nom de son mari, qui est placé au fronton de la salle de la rue Saint-Paul.

Un vin d’honneur fut servi aux invités, parmi lesquels, en plus des personnalités déjà citées et de M. Prot, secrétaire général de la Préfecture, on remarquait Me Grandon, conseiller général, les maires du district, les conseillers municipaux et les responsables des grandes centrales syndicales, ainsi que de nombreux chefs de service du département.

Photo : Mmes Jouhaux et Timbaud avec M. le Préfet et M. Vertadier
Photo : M. le Préfet Vochel coupe le ruban symbolique

 

 

le 01/11/2022 à 11:10

Source : Centre Presse

locaux, inauguration

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