« Retour

0772409/02/1972POITIERS

FACE À FACE SYNDICATS — JOURNALISTES SUR L'EMPLOI

Situation préoccupante en Poitou-Charentes (8.817 demandeurs en novembre)

NEUF SYNDICALISTES FACE A LA PRESSE

Aux côtés de M. Lucien Berody, secrétaire, et Buron, trésorier du Comité régional de la CGT, ont participé aux débats de la rencontre de Niort, MM. Laiguillon et Proux, de l’Union départementale de Charente, Laumont, de l’UD de la Vienne, Samoyau, de l’UD des Deux-Sèvres, Codet, de l’UD de Charente-Maritime, Cailleau, délégué académique du SNPT CGT et Flevaud délégué de la Vienne.

« Il semble bien que les patrons attendent de nous une vulgarisation de leurs nombreux et complexes problèmes ; bref, une vulgarisation de l’économique et du social qui ferait de la presse non seulement une source de renseignements mais aussi et surtout un livre quotidien d'enseignements pour tous les partenaires sociaux » écrivions-nous le 30 novembre, au lendemain d'un colloque qui mettait face à face journalistes et chefs d’entreprises à l’instigation du CNPF. Depuis hier, on peut modifier quelques termes de cette phrase et indiquer que les responsables syndicaux ont le même souci que les patrons : le comité régional de la CGT, dont le secrétaire général est M. Lucien Berody, a, en effet, organisé à l’intention des journalistes de la presse régionale une rencontre sur le double thème de l’emploi et de la formation professionnelle. Peut-être verrons-nous dans un troisième temps patrons et syndicalistes dialoguer ... devant les journalistes ?

Les militants syndicaux de la CGT de la région Poitou-Charentes ont donc été plus loin que leurs camarades des autres régions et ne se sont pas contentés de faire diffuser quelques communiqués à la suite du colloque patronal mais, ont voulu faire connaître - au cours d'une discussion - leur point de vue sur des questions semblables, mais avec des conclusions, bien entendu opposées.

En un an 20 % de chômeurs en plus

« La situation de l’emploi dans la région est plus que préoccupante. 8.600 demandeurs d’emploi à la fin du mois d’octobre 1971, 8.817 à fin novembre 1971, contre 7.004 à fin octobre 1970, soit une aggravation de plus de 20 %. C’est le plus haut niveau de chômage connu, qui a fait jouer le clignotant. Au cours du 3e trimestre 1971, le nombre des chômeurs a augmenté de 31,38 %. La réduction des horaires de travail sans compensation de salaire s’étend dans de nombreuses entreprises. Les offres d’emploi non satisfaites marquent une régression de 5,9 % de septembre à octobre 1971 ». Ces chiffres - au demeurant inquiétant - ont été donnés par M. Berody, le secrétaire général du comité régional de la CGT, un organisme de « coordination syndicale ».

« Après avoir tenté de nier la gravité actuelle du chômage, dit-il, le Gouvernement vient d’être amené par la force des faits, à reconnaître « l’érosion du plein emploi qui se manifeste depuis plusieurs mois ».

« En vérité, les statistiques du Ministère du Travail elles-mêmes font apparaître qu’en un an, de novembre 1970 à novembre 1971, le nombre des chômeurs recensés est passé de 375.000 à 520.000 ».

« A ces chiffres, il convient d’ajouter tous ceux, jeunes arrivant sur le marché du travail, mères de famille désirant reprendre un emploi ... qui ne s’inscrivent pas du fait d’absence de possibilités de trouver un débouché et ne sont donc pas considérés comme demandeurs d’emplois ».

« Si la situation est mauvaise en général et se détériore de mois en mois, elle est plus dramatique principalement pour les travailleurs licenciés qui, du fait de leur âge, rencontrent des difficultés insurmontables pour retrouver une activité ».

Un quart des chômeurs a moins de 25 ans

Après avoir noté que l’hémorragie des forces productives, en particulier des jeunes, non seulement d’origine rurale, était de l’ordre de plus de 5.000 annuellement, pour notre région, M. Berody insista sur le fait que 3.238 chômeurs étaient bénéficiaires de l’aide publique et que dans ces statistiques n’étaient pas inclus les radiés par épuisement de leurs droits aux indemnités.

Il note qu’au 31 décembre 1971, 25,7 % des chômeurs avaient moins de 25 ans, 35 % moins de 30 ans, 43,4 % moins de 40 ans. 21 % des hommes et 49,6 % des femmes au chômage avaient moins de 25 ans. Sur les chiffres totaux du nombre de chômeurs, 24,2 % étaient manœuvres, 31,2 % ouvriers spécialisés et 22,5 % qualifiés et hautement qualifiés. Le secrétaire régional a ensuite évoqué la prévision du VIe plan en matière de créations d’emplois pour notre région :

« Il est indispensable de préciser que la fixation en besoins de créations d'emplois à 43.000 d’ici 1975 pour la région, repose sur la prévision de la population active à venir sur le marché du travail.

« Mais il n’est pas précisé que ces 43.000 emplois seront créés !

« Rien ne permet dans le cadre des orientations fondamentales du VIe plan, d’envisager la création d’emplois à ce niveau. En effet, l’essentiel de la participation financière de l’État aux investissements se situe en direction des puissances industrielles de taille internationale, donc en fonction des options de localisation arrêtées par les groupes monopolistes ».

Il indique enfin que le VIe plan a situé les régions prioritaires et il constate que notre région est en dehors de celles-ci. Après avoir rappelé les propos de M. Chaban-Delmas lors de sa venue à Poitiers devant la CODER, le 4 novembre dernier et la déclaration de M. Lucien Vochel, préfet de région devant le Comité d'expansion et de défense du Poitou-Charentes lorsqu’il parlait de la création de 6.400 emplois aidés, M. Berody donne quelques repères sur l'économie de la région Poitou-Charentes, une région qui se place au 19e pour les salaires mais au 2e rang pour l’émigration. Et il affirme que sur le marché régional intérieur se répercutent « les bas salaires et revenus des couches laborieuses, la politique des prix en agriculture, l’exode des forces productives disponibles, les conséquences de la pression exercée sur la consommation intérieure, qui atteint les secteurs de biens de consommation et, enfin, l’accentuation des déséquilibres régionaux et le sous-équipement collectif et social ».

Des revendications immédiates

A toutes ces critiques on peut objecter leur caractère négatif. Aussi, le responsable régional de la CGT a-t-il tenu à présenter les revendications immédiates de son organisation :

L’augmentation du pouvoir d'achat en considérant qu’aucun salaire ne devrait être aujourd’hui en-dessous de 1.000 F par mois. Le minimum de retraite à 800 F.

La réduction du temps de travail pour arriver rapidement à 40 heures par semaine, sans diminution de salaires, alors qu’en 1971, la réduction n’a été que de 1/10 d’heure sur la région, ramenant la moyenne de 45 h 9 à 45 h 4 ! L’amélioration des conditions de travail, la réduction des cadences et l’application des règlements de sécurité garantissant la vie des travailleurs.

L’avancement de l’âge de la retraite à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes auquel chaque travailleur pourra faire valoir ses droits à la retraite.

A ces revendications s’ajoutent celles concernant l’emploi et la formation professionnelle :
- Interdiction de tout licenciement non accompagné d’un reclassement garantissant le total des ressources.
- Application effective des accords sur l’emploi et la formation professionnelle avec contrôle étendu des représentants syndicaux.
- Extension des pouvoirs des Comités régionaux de la formation professionnelle, de l’emploi et de la promotion sociale par des moyens d’action et de contrôle accrus pour les organisations syndicales ouvrières, en particulier sur le contenu des formations et l’utilisation des fonds publics.

D’autres aspects ayant un caractère plus spécifiquement régional ont également été développés par M. Berody. Ils concernent directement le problème de l’emploi.

J.-M. A.

 

 

le 01/11/2022 à 13:42

Source : Centre Presse

emploi, région, conférence

« Retour

Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org

Site UD 86 - Espace militants - Espace formation