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0772510/02/1972POITIERS

FACE À FACE SYNDICATS – JOURNALISTES SUR L’EMPLOI (II)

L’enseignement général est la clef de la formation professionnelle

A l’initiative de son comité régional Poitou-Charentes, la CGT a donc ouvert, devant les journalistes, le dossier de l’emploi et de la formation professionnelle au niveau de la région (voir notre précédente édition). Pour remédier à ce qu’elle considère comme une crise préoccupante, la CGT a fait valoir des revendications immédiates ; elle propose également quelques mesures au caractère plus régional, mais qui concernent toujours la défense de l’emploi.

Celle-ci passe par le maintien et le développement de la diversité industrielle de la région ce qui signifie deux actions, l’une concernant l’arrêt du démantèlement des industries existantes, l’autre devant conduire à l’implantation d’entreprises nouvelles à dominante de main-d’œuvre qualifiée.
- le développement de la recherche scientifique fondamentale et appliquée par l’augmentation des crédits de l’État.
- le développement de l’économie rurale par l’arrêt du démantèlement de l’agriculture, des facultés accordées à la coopération, par le développement de l’industrie alimentaire liée aux productions agricoles diversifiées, par le maintien d’entreprises moyennes dans les centres ruraux et leur extension aux zones sous-équipées.
- l’équipement en moyens appropriés des zones du littoral, combinant étroitement l’agriculture, les industries et métiers liés au tourisme populaire.
- la mise en œuvre d’un véritable plan régional dans le domaine du logement social, des équipements collectifs et sociaux (enseignement, santé publique, crèches, sports et centres culturels).
- l’extension et la diversification des moyens publics de formation professionnelle plus largement ouverts aux travailleurs (développement de l’enseignement technique à tous les niveaux des sections de l’AFPA) ; parallèlement refus d’accorder des crédits publics aux formations étroitement spécialisées à seules fins utilisatrices ; enfin, mesures particulières pour les femmes et les immigrés.

Selon M. Berody, « la nécessité absolue de créations de milliers d’emplois nouveaux impose une politique économique en expansion continue, excluant toute concurrence entre départements et avec les régions voisines, bien au contraire, en harmonisant leur développement respectif en fonction de leur vocation propre.

Et, pour résorber la crise de l’emploi, une des cartes essentielles à jouer reste celle de la formation professionnelle, mais pas de n’importe quelle formation !

La formation professionnelle : « une répartition de la misère »

Tous les représentants de la CGT ont affirmé avec force qu’il ne fallait pas que la formation professionnelle soit, pour celui qui en bénéficie, une simple « éducation gestuelle », mais, plus largement, un enseignement général qui permette - en cas de nécessité - un changement de profession. C’est M. Laumont, secrétaire de l’UD CGT de la Vienne, qui, dans un exposé liminaire, traita de la formation professionnelle, dont les objectifs, prévus par le VIe Plan, restent une « répartition de la misère ». Depuis le mouvement de mai 1968, le gouvernement et le CNPF ont accepté, selon lui, le principe des réunions tripartites que la CGT réclamait depuis longtemps. Analysant les textes de lois ou des décrets d’application, il note qu’ils ne font que reprendre les améliorations obtenues après des accords entre syndicats et patronat, Après avoir affirmé que l’initiative de la formation professionnelle restait entre les mains des patrons (avec les difficultés qui en découlent), M. Laumont donne deux exemples d’entreprises de la Vienne où le but de cette formation n’est pas de donner aux ouvriers les moyens de s’élever, mais de leur donner des gestes plus rapides, pour une plus grande productivité. Il regrette enfin la « privatisation » de cet enseignement. « Le droit à la formation fait partie intégrante de la lutte contre le capitalisme », conclut-il.

Une Académie au 19ème rang

Secrétaire académique du Syndicat national de l’enseignement technique et professionnel CGT, M. Cailleau, indique que l’enseignement technologique ne représente actuellement que 24 pour cent de l’enseignement dans notre région, alors que le pourcentage devrait être de l’ordre de 30 à 40 pour cent. Il est, pour une même classe d’âge, de 19 pour cent en Charente-Maritime, 16 pour cent en Charente et Deux-Sèvres et 20 pour cent dans la Vienne. Il faudrait donc multiplier, par deux ou trois suivant les départements, le nombre des collèges d’enseignement technique ; mais on n’en ouvrira qu’un dans les Deux-Sèvres (à vocation interacadémique, qui plus est) et un seul en Charente (mais aucun élève n’y rentrera à l'automne 1972). « L’Académie de Poitiers se situe au dix-neuvième rang, sur vingt-trois académies en France », dit-il.

« Dans la période présente, rien n’est plus urgent que d’ouvrir concrètement la perspective d’un changement politique profond et de faire se manifester cette volonté des travailleurs », a lancé M. Berody, secrétaire du comité régional CGT. Ce peut-être une conclusion ! Ou une introduction.

Jean-Michel AUDINEAU

 

 

le 01/11/2022 à 13:51

Source : Centre Presse

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