0772612/02/1972POITIERS
A Propos de la visite de M. Billecocq lundi
« La crise de l’emploi, qui prend dans la région Poitou-Charentes une ampleur sans précédent (le nombre de chômeurs a augmenté de plus de 30 pour cent au cours du troisième trimestre 71) met au premier plan des préoccupations syndicales les problèmes de la formation professionnelle et de l’emploi.
« Les organisations syndicales n’ont cessé de protester depuis des années devant l’insuffisance du développement des C.E.T. (collèges d’enseignement technique) et rappellent qu’elles ont, pour la Vienne, soumis en 1968 aux autorités un plan d’urgence. Aucune mesure concrète n’a suivi ces propositions ; le pouvoir porte donc la responsabilité d’avoir ainsi délibérément placé la région et le département au tous derniers rangs de la moyenne nationale.
« Il a favorisé la création et la prolifération d’établissements privés largement subventionnés qui ont haute main sur d’importants secteurs.
« C’est ainsi qu’alors qu’il refuse de créer les C.E.T, le pouvoir subordonne étroitement la formation professionnelle aux exigences immédiates du patronat local. Les privilèges qui sont ainsi accordés aux Chambres de Commerce et d’Industrie ne constituent pas le moindre des scandales. Il faut que l’on sache que l’État remet ainsi à des particuliers, les patrons, pratiquement sans contrôle efficace et sans les garanties indispensables, des sommes énormes qui auraient permis de construire des établissements publics. Que la participation sous forme de subvention d’équipement et de fonctionnement vienne du ministère de l’Industrie ou de l’Éducation nationale, il s’agit toujours des impôts des contribuables, de fonds publics.
Et qu’on ne vienne pas nous dire que cette participation patronale, si insuffisante soit-elle, accroît les moyens de la formation professionnelle.
« Ainsi, la réalisation la plus spectaculaire de la région a déjà reçu plus d’un milliard en 1968. Elle a reçu, sans doute un autre milliard des collectivités locales, c’est-à-dire l’équivalent du prix de quatre C.E.T. Or, cette réalisation n’a accueilli, l’année dernière, que 2.400 élèves, auxquels elle donne une formation courte.
« Même au niveau de la rentabilité dont on nous rebat les oreilles, les réalisations de ce type sont donc éminemment contestables ; si elles ont été mises en place, c’est parce qu’elles répondaient à une ambition politique, celle de subordonner - ainsi qu’il apparaît nettement dans le VIe Plan - les intérêts des travailleurs à ceux du patronat. Les organisations syndicales qui luttent pour que le droit à la formation professionnelle et à la formation permanente devienne la préoccupation nationale majeure demandent, dans un premier temps l’extension des pouvoirs des Comités régionaux de formation professionnelle et celle des contrôles par les organisations syndicales ouvrières et enseignantes du contenu et la formation et de l’utilisation des fonds publics ».
le 01/11/2022 à 13:57
Source : Centre Presse
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