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0778307/04/1972VIENNE

SEMAINE D’ACTION POUR L’AMÉLIORATION DES RETRAITES

A l’appel des Comités régionaux CGT et CFDT
Du 10 au 15 avril en Poitou-Charentes

Les comités régionaux de la CFDT et de la CGT ont tenu une conférence de presse, hier après-midi, à la Bourse du Travail de Poitiers, dans le cadre de la campagne pour l’amélioration de la retraite des travailleurs. MM. Jacques Chanut, secrétaire régional de la CFDT, et Léon Bérody, secrétaire régional de la CGT, ont pris successivement la parole, le premier pour placer la campagne - qui connaîtra un temps fort la semaine prochaine - dans son cadre général et national le second pour la situer à l’échelon régional. Voici l’essentiel de leur déclaration :

« Depuis un an cette campagne a rencontré un profond écho, non seulement chez les retraités mais également parmi les travailleurs dans leur ensemble qui ont adhéré massivement à la campagne et mené des actions importantes.

Dès le mois d’avril, des actions se menaient et devaient conduire à la journée nationale du 27 mai 71, action largement suivie par l'ensemble des travailleurs regroupés solidairement y compris nos camarades des secteurs publics et nationalisés.

La période des vacances était mise à profit pour lancer une campagne de cartes postales adressées au Premier ministre et au CNPF, cette campagne a rassemblé plus de 2 millions 500.000 signatures sur le plan national.

Fin novembre et début décembre, l’action reprend et le 1er décembre de nombreuses actions rassemblaient les travailleurs qui manifestaient leur volonté de voir s’ouvrir les négociations sur les revendications d’augmentation des retraites et le droit au départ à la retraite à 60 ans.

Gouvernement et patronat ont tout d’abord tenté de faire apparaître les demandes de la CFDT et de la CGT comme exorbitantes et démagogiques. Ils n’ont cependant pas gagné l’opinion publique à leur thèse. Les problèmes de la retraite et le sort fait aux personnes âgées, posent une question grave qui ne saurait être escamotée...

« Le recul du gouvernement... »

Face à la détermination des travailleurs, le gouvernement est contraint d’envisager des mesures qui sont loin de régler le problème.

En juillet le gouvernement fidèle à sa politique de refus des négociations avec les organisations syndicales a soumis pour avis à la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse un projet de loi sur l’aménagement des retraites au régime général de Sécurité Sociale.

Dans une déclaration commune, les administrateurs CGT et CFDT devaient dire au gouvernement que les mesures envisagées n'apportaient pas de solutions valables aux revendications de travailleurs et votaient contre le projet gouvernemental, ainsi d’ailleurs que les administrateurs FO.

En décembre, la loi était votée par le Parlement, rappelons pour mémoire qu’elle n’apporte que 5 % de plus en 1972 pour les assurés ayant plus de 30 ans de cotisations et que, par ailleurs, il faudra attendre 1975 pour que 39 % environ des retraités touchent une pension de 50 % du salaire des dix dernières années sur la base de 37 années 1/2 de cotisations.

… « et du CNPF »

De son côté, le CNPF avance comme une partie de solution au problème des retraites la question de l’indemnisation des chômeurs de plus de 60 ans.

En fait, l’action a contraint les patrons à engager une négociation visant à assurer un minimum de ressources aux travailleurs qu’ils licencient. Sur ce point, l’accord conclu n’est considéré par la CFDT et la CGT que comme une étape. Il comporte des lacunes et des restrictions qui auraient pu aisément trouver une solution sans l’attitude mesquine du CNPF.

La CGT et la CFDT poursuivront leurs efforts pour obtenir :
- la levée des dispositions restrictives de l’accord, telles que l’ancienneté exigée et le délai de carence,
- l’aménagement du règlement UNEDIC pour permettre à tous les travailleurs âgés privés d’emploi d’être couverts par l’assurance-chômage,
- de réelles garanties d’emploi pour les travailleurs âgés,
- le relèvement des indemnités de chômage servies par l’État qui ne cesse de se détériorer,
- la généralisation du Fonds National de l'Emploi.

Les insuffisances et les réticences gouvernementales et patronales ne pourront être surmontées que par une action persévérante et toujours plus unie pour des revendications que l’économie de notre pays peut parfaitement absorber. Il est clair que le gouvernement et le patronat se soutiennent pour empêcher les travailleurs de faire aboutir leurs revendications.

Les revendications
• Une retraite égale à 75 % de tous les éléments de la rémunération avec un minimum de 800 F par mois et indexée sur l’évolution du salaire.
• le droit à la retraite pleine et entière à 60 ans.
• la généralisation et l’harmonisation des retraites complémentaires.
• une pension de réversion égale à 60 % à 60 ans.
• l’amélioration des conditions de travail.
• des équipements et des logements, et une action sanitaire et sociale adaptée.
• un aménagement de la fiscalité en faveur des retraités.

La CGT et la CFDT ne cessent de réclamer une négociation tripartite pour donner satisfaction à ces revendications dans le cadre d’une programmation.

En s’y refusant gouvernement et CNPF montrent bien que leurs arguments sur le coût des mesures nécessaires ne résisteraient pas à une confrontation.

Le lest concédé par le gouvernement, avec la loi du 31 décembre 1971, par le patronat pout les salariés licenciés à partir de 60 ans ne règle pas les problèmes de la retraite.

Les travailleurs ne sous-estiment pas ces nouveaux acquis, mais considèrent à juste titre, qu’ils ne sont que des points d’appui pour atteindre l’objectif qui reste la satisfaction des revendications, à nouveau précisées dans la plate-forme revendicative commune CGT - CFDT.

Pour la région Poitou-Charentes, les salariés en activité dans le Commerce et l’Industrie en 1972, âgés de 60 à 64 ans, sont plus de 21.000.

Environ 5.000 ouvriers, anciens salariés de ces tranches d’âge, sont en attente de leur 65e année pour liquider leurs droits.

Les éléments statistiques sur les salariés agricoles ne nous sont pas encore connus, mais l’on peut situer à plusieurs milliers les salariés relevant du régime agricole dans cette tranche d’âge.

Si l’on tient compte dans notre région, de l’importance de la main-d’œuvre sans qualification professionnelle, qui est dans la production en qualité de manœuvres et d’O.S., les conditions de travail avec les cadences, font que la prise de conscience de l’usure rapide des forces physiques, nerveuses et intellectuelles, explique l’exigence du droit à l’avancement de l’âge de la retraite à 60 ans.

A fin janvier 1972, officiellement, l’on dénombre 9.616 demandeurs d'emplois, avec un grand nombre de jeunes garçons et filles, recherchant vainement un premier emploi, et la poursuite de l’exode de la jeunesse de notre région.

Négociation tripartite

Le grand argument opposé par le gouvernement et le patronat est le coût de la satisfaction de ces revendications. Ces derniers ont avancé des chiffres considérables, que la CGT et la CFDT ont dénoncés, opposant leurs propres estimations. Pour le gouvernement, par la bouche du ministre de la Santé, l’estimation était de 100 milliards de francs. Pour le CNPF, de 17 milliards.

Or, l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans a fait l’objet d’un mémoire réalisé par le Centre d’Études des Actuarielles. Les conclusions auxquelles ce mémoire aboutit, sont sans aucun rapport avec les chiffres gouvernementaux et patronaux. Elles font ressortir que la seule suppression des charges indues qui sont imposées à la Sécurité Sociale par le gouvernement (plus de 7 milliards en 1971) suffirait à financer la retraite à 60 ans au taux de 50 % des salaires des 10 dernières années.

Ce comportement du gouvernement et du CNPF illustre leur conception de la concertation sur laquelle ils continuent à bavarder.

Même silence sur la proposition d’un face à face à la Télévision sur des questions auxquelles CGT et CFDT sont prêtes à participer.

Au cours de cette semaine dans l’unité, sur les lieux de travail et sur le plan local, après discussion et décision en accord avec les travailleurs, se détermineront les modalités des actions.

C’est une nouvelle étape de l’action en direction des patrons, des parlementaires et des pouvoirs publics pour exiger l’ouverture d’une négociation tripartite sur les problèmes des retraites.

Nouvelle étape dans l’action qui se poursuivra avec persévérance pour que s’impose la satisfaction de revendications sensibles, justifiées et compatibles avec les possibilités actuelles de l’économie de notre pays ».

 

 

le 21/11/2022 à 16:54

Source : Centre Presse

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