CGT

Se connecter

Alors que la grève entrait dans sa septième journée
Cinq jeunes filles hospitalisées après l’échauffourée

La grève qui paralyse les établissements Hutchinson d’Ingrandes entrait hier dans sa septième journée. Elle n’avait jusque-là, donné lieu qu’à des incidents mineurs, à des défilés qui avaient vu à Châtellerault les délégations syndicales reçues à la sous-préfecture et à la mairie. Un piquet de grève était en place à l’entrée de l’usine ; les deux tiers du personnel environ (environ 600 personnes) soutenaient l’action. Depuis vendredi, aucune discussion n’avait eu lieu avec la direction, visiblement, on attendait d’une part, le pourrissement de la grève alors que de l’autre se manifestait un durcissement.

Hier, les affaires ont pris une autre dimension et des évènements - qu’on ne dira jamais assez regrettables - se sont produits. Ils n’ont eu, heureusement, aucune incidence grave pour les acteurs, mais leur portée sera telle que le climat de l’entreprise en restera certainement, détérioré pendant quelque temps.

Il était 8 heures quand de l’intérieur de l’usine, les non-grévistes, trois cents personnes en tout, ont entrepris d’ouvrir la grille d’entrée fermée par les grévistes. De l’autre côté, deux fois plus de monde. Des bousculades se produisirent mêlant femmes, jeunes filles et hommes, et si en fin de compte l’usine resta portes ouvertes, la situation demeura inchangée.

Après l’échauffourée, où des coups furent échangés, les sapeurs-pompiers qu’on avait mandé transportèrent à l’hôpital Camille-Guérin cinq jeunes filles : Mlles Marylène Demoris et Dominique Moreau, toutes deux demeurant à Châtellerault, Gisèle Desriaux et Dominique Barnier, de Descartes et enfin Liliane Billoin, de St-Genest-d’Ambière, qui ayant reçu les premiers soins du docteur Marie, a été gardée en observation à la suite d’un traumatisme crânien.

A 11 heures, la direction recevait une délégation syndicale (ce qu’elle avait refusé samedi, en posant comme préalable l’ouverture de l’entrée de l’usine). A 15 heures, nouvelle entrevue, les deux infructueuses.

A 17 heures, les grévistes, renforcés par des ouvriers de la zone industrielle qui avaient débrayé en signe de solidarité, se rendaient à Châtellerault. Le cortège (environ 500 personnes) empruntait le boulevard Blossac et se rendait devant l’Hôtel de ville. En l’absence de M. Abelin, c’est M. Montier, maire-adjoint, qui reçut les doléances syndicales.

La grève, selon toutes probabilités, se poursuivra aujourd’hui. Le personnel, ainsi que celui des autres sociétés de la zone industrielle est appelé à manifester cet après-midi, à 16 heures, à Châtellerault.

Un communiqué de la direction

La direction des Éts Hutchinson à Ingrandes nous a fait parvenir hier soir cette série de notes qui résument son différend avec une partie de son personnel :
Sur le plan salaires - Information d’origine CGT : selon l’indice confédéral de ce syndicat, les prix ont augmenté de 8,2 % d’avril 1971 à avril 1972 (indice INSEE : 5,7 %).

Progression de la rémunération horaire dans notre établissement d’avril 1971 à avril 1972 : 19,28 %.

Il ressort donc, suivant les indices respectifs, une amélioration réelle du pouvoir d’achat de 11,08 % par rapport à l’indice CGT, et de 13,58 % par rapport à l’indice INSEE.

Pour les trois premiers mois de cette année, augmentation des prix : 1,60 % selon l’indice CGT ; 1,30 % selon l’indice INSEE.

Hausse des salaires Hutchinson au cours de la même période : 6,63 %, correspondant à 5,03 % ou 5,33 % d’amélioration réelle du pouvoir d’achat en trois mois.

Sur le plan sécurité du travail - Notre établissement est soumis aux contrôles fréquents et réguliers des différents organismes officiels (Inspection du Travail, Prévention de la Sécurité Sociale et Médecine du Travail).

En outre, nous nous sommes assurés le concours de l’APAVE, organisme privé spécialisé dans le contrôle des installations force électrique, vapeur, engins de manutention, etc ...

Il faut souligner, de plus, que notre Société a été choisie par les Services de Prévention des Accidents du Travail comme entreprise pilote, compte tenu de nos efforts et des résultats enregistrés lors du récent congrès interrégional de Poitiers.

D’ailleurs, notre taux de cotisation « Accidents de Travail » est nettement inférieur au taux moyen national de notre profession (2,54 % seulement contre 3,4 %).

Photo : Les grévistes devant l’usine Hutchinson à Ingrandes