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0786220/06/1972CHATELLERAULT

CONFUSION CHEZ LES TRAVAILLEURS D’HUTCHINSON

La CGT reprend le travail
La CFDT boycotte le vote et poursuit la grève

Décidément le conflit chez Hutchinson d’Ingrandes connaît rebondissement sur rebondissement et sa ligne de température n’est que dents de scie. Alors que samedi, après les divergences de la veille, l’accord s’était fait entre les parties sur l’organisation d’une consultation du personnel, lundi matin, au moment de passer aux actes, la discorde s’est à nouveau installée dans le camp syndical.

La CFDT est revenue sur sa position initiale de durcissement, tandis que la CGT maintenait son intention de recourir à l’arbitrage de la base. Cela a valu, durant des heures et dans l’attente des documents permettant d’organiser la consultation – la direction devait pour 9 heures fournir la liste d’émargement du personnel, ce qui ne put se faire que plus tard – un duel oratoire entre les délégués de chaque syndicat, duel troublé par les « mouvements divers » de l’assistance scindé en deux clans.

Le film de la journée

A la prise de poste du matin, 490 personnes franchissent l’entrée de l’usine, le chiffre est donné par la direction, la CGT qui a suivi chaque jour l’évolution croissante du nombre de non-grévistes, le confirme. Devant l’entrée de 2 à 250 personnes dont une part, lasse d’attendre, va s’en aller au fil des heures.

Puis, alors qu’on commente les évènements du week-end : des pneus de voitures de membres du personnel en grève ont été crevés, des inscriptions ont été peintes sur la chaussée devant le domicile d’un cadre de l’usine, dans la nuit de dimanche, des éléments étrangers à l’usine sont venus à l’entrée : ils voudraient souder les portes pour les condamner, dit-on, la CFDT annonce son revirement – les délégués CGT ont installé leur micro sur une table à côté de la porte, alors que ceux de la CFDT ont leur quartier général à 20 mètres, dans une voiture. Elle déclare que le procès-verbal de constat ne la satisfait pas et qu’il faut continuer le mouvement. Pour la CGT ce qui est acquis (2 pour cent sur le salaire à compter du 1er juillet et 1,50 pour cent à compter du 1er octobre, augmentation de la valeur du point afin de l’aligner sur l’usine de Montargis, pour le personnel le plus défavorisé, un tiers de l’ensemble, augmentation de salaire de 2,50 à 3,50 pour cent), n’est qu’un début, la reprise du travail ne signifie pas l’abandon des revendications. Les échanges furent de micro à micro, souvent couverts par les huées à moins qu’une musique vienne noyer l’orateur d’en face. Les délégués CFDT demandent à leurs sympathisants de se grouper sur un côté du parking, pour bien se distinguer de leurs opposants. Il reste alors environ 200 ouvrières et ouvriers à l’entrée, 150 environ se rendent à l’invitation de la CFDT. Voyant cela et dans l’impossibilité d’organiser seule le vote, la CGT annonce qu’elle décide la reprise du travail. Drapeau syndical en tête, les délégués cégétistes et une quarantaine de personnes pénètrent dans l’usine et se rendent au travail. Il est 10 heures. Dehors les grévistes, dont le nombre s’est maintenant singulièrement amenuisé, clament leur intention de poursuive le mouvement. Une bonne part demeurera sur les lieux l’après-midi et annonce son intention de revenir ce matin à l’ouverture de l’usine où la possibilité d’évènements n’est pas à exclure.

La position de la CGT
Dans un tract diffusé à l’entrée d’Hutchinson, la CGT explique les raisons de son attitude, son texte s’intitulant : « Savoir terminer une grève ». Se refusant à entrer dans l’aventurisme, la CGT estime qu’il fallait mettre un terme au pourrissement de la grève. Elle fait état de la position de force de Hutchinson du levier que constitue un stock de 3 millions de paires de chaussures représentant 250 jours de travail et conclue que ne pas en tenir compte confine à l’absence complète d’esprit responsable et à l’aventurisme.

La CGT, organisation syndicale responsable et efficace, appelait l’ensemble des travailleurs à reprendre ce jour même le travail, car une grève n’est jamais illimité et que, aller au-delà d’une certaine limite, c’est verser dans l’aventurisme le plus irresponsable.

A 11 heures nous avons enregistré 600 travailleurs et travailleuses à leur poste de travail.

Il nous apparaît d’autant plus troublant qu’un individu qui se fit connaître pendant les évènements de mai-juin 1968, c’est-à-dire Alain Gesmar, excellent stratège de la division de la classe ouvrière, faisait son apparition tôt ce matin devant l’entrée principale. Et encore plus troublant de voir des responsables CFDT au niveau de la Fédération, de l’Union départementale (le secrétaire départemental), de l’Union locale, converser très longuement avec cet aventuriste.

Il est nécessaire que les choses soient claires. Pour la CGT, ce 19 juin a été une étape très importante pour les travailleurs de Châtellerault, pour la tactique des luttes.

A propos du comité de soutien

La CGT, dans son souci d’honnêteté, tient à préciser que le dit « Comité de soutien » n’a rien de commun avec le Comité de solidarité des grévistes d’Hutchinson, organisme contrôlé par la CGT et la CFDT et que par conséquent, toute quête, à compter de ce jour, échappera à notre contrôle.

La CGT, tout en remerciant les travailleurs du Châtelleraudais de leur solidarité, veillera à ce que les fonds soient le plus justement répartis.

La position de l’UFF

L’Union des Femmes Françaises fait savoir dans un communiqué son soutien au personnel d’Hutchinson, quelle concrétise par une aide matérielle. Elle s’associe aux travailleurs et travailleuses dans leur lutte pour l’aboutissement de leurs revendications.

D’autre part, les syndiqués CGT de l’Enseignement supérieur nous faisaient parvenir hier un communiqué dans lequel ils expriment leur soutien aux travailleurs.

Photo : Pour la CGT, c’est la reprise du travail

 

 

le 28/11/2022 à 08:25

Source : Centre Presse

grève, reprise, comité

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