0788126/06/1972CHATELLERAULT
Au presbytère Saint-Jean-Baptiste
Au presbytère de l’église Saint-Jean, les syndicalistes CFDT d’Hutchinson vivent leur 6ème journée de grève de la faim et - pour avoir pu pénétrer dans la pièce que le clergé a mise à leur disposition - il semble que leur détermination reste égale. Leurs sympathisants ont aménagé la cour intérieure du presbytère en y disposant les panneaux qu’on avait pu voir auparavant en mairie. A longueur de journée des châtelleraudais viennent visiter l’endroit, mais un horaire a été instauré qui ne permet de s’entretenir avec les grévistes, qu’un temps relativement court, ainsi que l’aurait souhaité le médecin qui les visite matin et soir.
De nombreuses prises de position
La grève de la faim des syndicalistes suscite évidemment de nombreuses prises de position et des communiqués nous ont été adressés que nous sommes dans l’impossibilité de publier dans l’étendue de leur texte, ce dont nous nous excusons. Nous en produirons ici des extraits, dans l’ordre où ils nous ont été transmis :
L’Union locale des syndicats Force Ouvrière, bien que n’ayant pas de section syndicale chez Hutchinson n’en a pas moins participé à l’action sous diverses formes. Elle se déclare indignée devant les faits qui se sont déroulés, précise qu'elle a adressé son soutien financier aux grévistes et s’élève contre les attaques partisanes dont FO fait l’objet.
L’Action Catholique Ouvrière du Châtelleraudais affirme que les conditions de travail chez Hutchinson sont inhumaines. Elle dénonce l’état des locaux, non aménagés pour leur usage actuel, l’attitude de la maîtrise envers le personnel et conclut en affirmant sa solidarité envers les ouvriers d’Hutchinson.
Les prêtres de la ville de Châtellerault déclarent qu’en accueillant au presbytère de St-Jean-Baptiste les grévistes de la faim, ils ont conscience de poser un acte dont le contenu n’est pas neutre, N’ayant ni mission, ni compétence pour juger le déroulement des récents événements dans le contexte desquels s’inscrit la grève de la faim, les prêtres sont attentifs au fait que les événements sociaux, posent des problèmes qui concernent le respect de la personne humaine atteinte dans sa dignité et bafouée dans ses conditions de travail.
Le Syndicat CGT d’Ingrandes Hutchinson rappelle dans un tract diffusé samedi que le constat de négociations du 17-7 contient un certain nombre d’acquis, concernant les conditions de travail, qui ne seront positifs qu’à condition d'être appliqués à la lettre et améliorés. C’est à quoi vont s’employer les élus CGT qui rappellent qu’ils ne toléreront aucune sanction, à l’égard des grévistes de la part de la direction.
La section du PCF de Châtellerault faisant le point des luttes sociales dans la région y voit le signe du profond mécontentement et de la crise morale sociale et politique que connaît le pays.
A propos de la grève le Parti Communiste déclare : quoique forme d’action illusoire et inefficace, cette grève n’en traduit pas moins la profondeur du malaise. Enfin le PCF souligne les dangers que comporte toute action individuelle, tout acte désespoir, toute action violente des minorités pour conclure à la nécessité d’une action en profondeur entraînant la majorité des travailleurs.
L’Union locale CFDT nous communique :
« L'état de santé des grévistes est normal. Tension correcte. Ils s'alimentent avec de l'eau minérale et du jus de citron. Ils sont sous surveillance médicale constante.
« La population et les travailleurs du Châtelleraudais, en venant discuter avec nos 4 camarades, ont su montrer qu’ils étaient solidaires de cette lutte pour dénoncer les conditions de vie et de travail à Hutchinson, ainsi que l’attitude de la direction. Au cours de ces discussions, les Châtelleraudais ont pris conscience des conditions dans lesquelles on travaille pour des salaires de misère, dans cette entreprise qui n’hésite pas à signaler par voie de presse qu’elle est une usine pilote en matière de sécurité.
« Pendant le conflit d’Hutchinson, la direction a refusé, de donner des augmentations permettant aux travailleurs de vivre et non de survivre ; mais si elle n’a pas d’argent pour les ouvriers, elle en a suffisamment pour « fêter sa victoire » (la fin de la grève), avec le personnel d’encadrement qui, dans sa grande majorité a pris parti pour la direction. C’était sans doute aussi une récompense supplémentaire pour ceux qui s’étaient distingués en attaquant les filles du piquet de grève. En effet, vendredi soir, 23 juin, le personnel d'encadrement arrosait la fin de la grève au cours d’un lunch donné au château de Milly.
« Ce geste est une nouvelle provocation s'ajoutant à la répression qui s’accentue à l’intérieur de l’entreprise. Les travailleurs devront en tenir compte pour continuer la lutte et la développer ».
le 28/11/2022 à 16:37
Source : Centre Presse
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org