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0078225/05/1911POITIERS

GRÈVE DES OUVRIERS MAÇONS

Par voie d'affiches la chambre syndicale des ouvriers maçons et similaires de la ville de Poitiers avait convoqué hier soir, à la Bourse du Travail, tous les ouvriers de la corporation, syndiqués ou non.

Dans son appel la Chambre syndicale faisait connaître que les patrons n'avaient pas cru devoir répondre à sa lettre du 31 décembre 1910 demandant :

1°) à partir du 1er mars 1911 le salaire de base sera porté à 0 fr 55 de l'heure ;
2°) les heures supplémentaires seront payées 0 fr 10 centimes en sus ;
3°) les travaux d'eau seront payés 25 % en plus ;
4°) les heures de nuit, de 10 h du soir à 5 h du matin, seront payées double.

Et l'appel se terminait ainsi : « Nous pensons, camarades, que nous avons été assez patients, trop patients même et qu'une action vigoureuse s'impose pour obliger nos maîtres à un peu plus de justice et à plus d'humanité »,

A la suite de la réunion tenue à la Bourse du Travail et à laquelle assistaient un assez grand nombre d'ouvriers du bâtiment, la note suivante a été communiquée à la presse :

« Les ouvriers maçons et similaires, de la ville de Poitiers, réunis le mardi 23 mai 1911 à la Bourse du Travail, après avoir pris connaissance de la réponse des entrepreneurs, ont adopté à l'unanimité l'ordre du jour suivant :
« considérant que Messieurs les patrons nous font, depuis huit mois, toujours la même réponse à notre demande d'augmentation de salaire, qu'ils subordonnent à l'augmentation de la série des prix de la ville et du département ;
« considérant que par cette manœuvre, habile mais déloyale, ils cherchent à créer une équivoque en essayant de nous mettre, à leur lieu et place, en présence des administrations pour y discuter leurs intérêts ; nous déclarons formellement nous refuser à jouer plus longtemps ce rôle de dupe ;
« attendu : 1°) que les débats d'adjudication de travaux privés, communaux, du département ou de l'État ont lieu entre l'entrepreneur et les différentes parties qui donnent leurs travaux à l'adjudication, que jamais nous n'avons été consultés, nous reconnaissons de sorte que nous n'avons pas à l'être puisque nous ne participons en aucune manière dans les bénéfices ; que d'autre part les salaires sont affaire à débattre entre les patrons et les ouvriers ; que c'est sur ce terrain seulement que nous voulons nous placer, le seul qui nous intéresse, et nous disons que si l'augmentation à été possible, à Poitiers pour les menuisiers, à Châtellerault pour le bâtiment tout entier, elle est tout aussi possible pour nous ;
« nous disons encore que les rabais consentis par les patrons, qui varient de 18 à 33 %, avec l'arrière pensée à peine dissimulée d'en faire supporter la différence à la main d'œuvre, ce qui constitue une véritable spoliation ; que nous en avons assez de ces pratiques intolérables, nous ne voulons plus être les moutons toujours tondus.
Pour toutes ces raisons les ouvriers maçons et similaires se déclarent en état de grève générale de la maçonnerie à partir du mercredi 24 mai et prennent l'engagement de ne reprendre le travail qu'après avoir obtenu entière satisfaction ».

Le Comité de grève.

 

le 28/04/2020 à 16:05

Source : L'Avenir de la Vienne

bâtiment, revendication, salaire

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