0791319/09/1972POITIERS
Hier reprise partielle
A la suite d’un accord intervenu vendredi soir entre direction et délégués syndicaux (de toutes les sections), les ouvriers en grève de l’usine Leclanché de Poitiers devaient se décider, hier matin sur la poursuite ou l’arrêt du mouvement revendicatif commencé le lundi 11 septembre : les avis étaient partagés. Une partie des grévistes a alors repris le travail dans la journée d’hier, les autres préférant continuer la grève parce qu’ils jugeaient insuffisantes les augmentations obtenues vendredi au cours d’une réunion à laquelle participait un membre de la direction parisienne de la Pile Leclanché. La section syndicale de la Pile relate le déroulement de cette réunion dans un communiqué intitulé « Comment le vendredi 16 septembre, les grévistes de Leclanché ont déjoué les manœuvres patronales ».
« Vendredi, entre 8 heures et 13 heures 30, les grévistes ont attendu aux portes de l’usine l’arrivée du directeur général du département Pile de la SAFT. Ils avaient leurs affiches et leurs panneaux. Quand il est arrivé, un membre de la CFDT lui a demandé d’ouvrir la négociation. C’est ce qu’ensuite le directeur a appelé « une prise d’assaut ». Faut-il croire que pour un patron, quand une délégation ouvrière lui adresse la parole, c’est un acte de guerre ?
« Dans la matinée, les grévistes ont fait un double travail. Les uns portaient leurs problèmes à la connaissance de la population avec l’aide de voitures qui ont traversé la ville. Les autres finissaient de préparer la négociation de l’après-midi, sur laquelle ils avaient longuement réfléchi depuis le début de la grève.
Toutes les fois que ce fut nécessaire, c’est-à-dire 6 fois, la délégation CFDT a demandé une interruption de séance pour pouvoir mettre les travailleurs au courant, c’est dire le souci qu’a eu la CFDT de faire participer les travailleurs à la négociation, et de leur laisser la décision finale. Celle-ci fut prise par l’ensemble des grévistes à 21 h., quand la direction avait accepté les modalités suivantes : 6 centimes le 26 novembre, 4 centimes le 26 décembre et les 3 derniers centimes à la première augmentation générale qui suivra le 26 décembre et, en tout état de cause, avant le 30 juin 1973.
« De plus la CFDT a demandé que ne soit prise pour fait de grève aucune sanction directe (licenciements et mutations) ou indirectes (diminution de la prime de fin d'année).
« L’Inspection du Travail s’est portée garante sur le premier point. C’est parce que sur le second point il n'y a pas eu d’accord possible qu’une partie des travailleurs, le lundi 18 septembre, n’a pas repris le travail ».
Des prises de position
D’autre part, les prises de position se succèdent : pour la CGT, il est certain « qu’une injustice existe », pour la CFDT, c’est aux « travailleurs intéressés » de se décider. Le Parti socialiste (section de Poitiers) apporte son soutien aux grévistes.
le 29/11/2022 à 10:04
Source : Centre Presse
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