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Le projet de restructuration des équipements aéronautiques et les conséquences qu’il pourrait avoir sur la SFENA sont à l’origine d’une action syndicale qui s’est traduite hier, par un débrayage du personnel à 16 h. Après avoir entendu les délégués des quatre syndicats, les ouvriers, au nombre de plusieurs centaines, se sont rendus à la sous-préfecture pour y remettre une lettre adressée au Premier ministre. En voici le texte :

« Monsieur le premier ministre,

« Après maints atermoiements, M, le Ministre de la Défense nationale a enfin consenti à nous transmettre une lettre qu’il prétend contenir les garanties qui lui ont été réclamées par le personnel de la SFENA, lesquelles garanties étant consécutives au projet de restructuration des industries aéronautiques françaises et en particulier le projet de rachat d’actions SFENA et de prise de majorité dans le capital de la société par des groupes privés, comme nous vous en avons entretenu dans notre lettre du 10 écoulé.

Après examen de cette lettre de M. Debré, le personnel de la SFENA constate qu’aucune garantie ne lui est donnée en ce qui concerne le maintien du statut d’économie mixte de la SFENA avec participation majoritaire de l’État, ce qui avait été demandé et ce qui est, à notre avis, la seule garantie susceptible d’assurer l’avenir de la société et de son personnel.

Le personnel de la SFENA est d’autant plus inquiet que voilà dix ans, la conversion de la Manufacture de Châtellerault, qui s’est effectuée sous votre égide, prévoyait le réemploi de son personnel dans des sociétés conservant le patrimoine de l’État, et ceci sans aucun licenciement tant individuel que collectif (Livre blanc en date d’avril 1963).

Aujourd’hui, le ministre actuel de la Défense nationale, reniant les engagements pris alors, se prépare à brader notre entreprise au capital privé, sous de multiples prétextes, et sans apporter les garanties réclamées à juste titre par le personnel de la SFENA.

En conséquence, tous les travailleurs de la SFENA Châtellerault, solidaires de leurs camarades de Vélizy, vous demandent à nouveau :
- De bien vouloir accéder à la demande d’audience que vous ont transmise les organisations syndicales de Vélizy qui désirent vous exposer les craintes du personnel.
- De bien vouloir également leur donner, par écrit, les garanties concrètes concernant le maintien du statut d’économie mixte de la SFENA avec la participation majoritaire de l’État.

Dans l’attente d’une prompte réponse, recevez, Monsieur le Premier ministre, l’expression de nos sentiments dévoués ».