0812310/04/1973POITIERS
A Poitiers, la manifestation unitaire des syndicats et des organisations d’étudiants et lycéens s’est déroulée sans incident.
Plusieurs centaines de manifestants ont défilé dans les principales artères du centre-ville. Brandissant banderoles et pancartes, ils ont scandé des slogans pour « le rétablissement et l’extension des sursis », et hostiles au maintien du diplôme DEUG.
Mais les militants « gauchistes », qui avaient pris la tête du cortège ont également lancé des slogans révolutionnaires du style « Chaud, chaud, chaud, le printemps sera chaud ».
Une conférence de presse tenue à la Maison du Peuple, avait précédé la manifestation. Cette conférence de presse avait d’ailleurs débuté avec 45 minutes de retard, les représentants des divers mouvements organisateurs ayant, semble-t-il, longuement discuté avant de rédiger un long texte commun.
« MESSMER, QU’IL ESSAIE ! »
Les organisations qui appelaient à la manifestation étaient représentées à la conférence de presse : CFDT, CGT, FEN, UNEF, AGEP-UNEF, élèves des classes préparatoires, Comité de coordination des lycéens et comité de coordination étudiante.
« Depuis bientôt un mois, les lycéens et les étudiants affirment leur hostilité aux nouvelles mesures sélectives mises en place par le gouvernement pour museler la jeunesse ». Ainsi débute le texte commun qui analyse le contenu et le déroulement de ces semaines de manifestations et se termine par un rappel des revendications :
« - LE DROIT AUX ÉTUDES, A LA FORMATION PROFESSIONNELLE ET A L’EMPLOI POUR TOUS :
- Le libre choix de la date d’incorporation pour tous les jeunes, le rétablissement et l’extension des sursis ;
- L’élimination des discriminations qui frappent les jeunes travailleurs ;
- L’abrogation des DEUG conçus de manière à aggraver la sélection sociale dans l’enseignement supérieur :
- La satisfaction des revendications des élèves des CET.
A une question concernant leur position vis-à-vis d’une déclaration du Premier ministre (« Si les lycéens ne rentrent pas dans l’ordre, on les y conduira avec vigueur ») il a été répondu dans la salle :
« - Qu’il essaie ! »
Les « comités étudiants et lycéens » en tête du défilé
Le rassemblement s’était opéré place Leclerc, vers 17 h. 30. Fort de plusieurs centaines de manifestants, le défilé s’organisait et démarrait. Trois pancartes composant le sigle « CGT » étaient en tête du cortège. Et puis, soudain, un fort groupe de jeunes se glissa en avant-garde avec sa banderole « Comités étudiants et lycéens ». Il s’agissait pour la plupart de militants de l’ultra-gauche.
Tout au long du défilé (qui devait emprunter les rues Carnot, de la Tranchée, L.-Thézard, Alsace-Lorraine, Magenta, la place Leclerc, les rues Gambetta, des Cordeliers du Marché, la place Charles de Gaulle, les rues de La Regratteterie, Boncenne, de La Marne, des Ecossais et place de la Préfecture), ils se sont maintenus en tête du cortège. C’est essentiellement de cette avant-garde que fusaient les slogans révolutionnaire « A bas l’armée, les flics et les patrons », « Cinq ans déjà, coucou nous revoilà », « Strasbourg, Nancy, à bas la répression ! », « Ce n’est qu’un début, continuons le combat », etc ...
Tandis que les plus classiques : « Rétablissement - extension des sursis », « Sursis, Oui ; DEUG, non », étaient avec « Université démocratique », plus fréquemment repris par les autres manifestants.
Place de la préfecture, où était prévue la dislocation du cortège, les « gauchistes » ont esquissé un bref sit-in avant que ne soit lu par voix de haut-parleurs juchant l’auto d’un syndicaliste, le texte commun aux organisateurs de cette manifestation. Puis, banderoles repliées, les manifestants se sont dispersés.
Une centaine de « gauchistes » ont alors remonté la rue Victor-Hugo en Chantant « L’Internationale » et se sont à leur tour dispersés sans incident.
Y. MONIE
le 29/12/2022 à 14:14
Source : Centre Presse
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