0834023/10/1973POITIERS
Chauvigny, 25 et 26 octobre
Par une étude sur les mutations économiques et sociales dans la Vienne
Le 47e congrès de l’Union départementale des syndicats CGT de la Vienne se tiendra les 25 et 26 octobre à Chauvigny. Ce Congrès qui a lieu tous les deux ans réunira, les délégués des 10.000 adhérents que compte la CGT dans ses sections syndicales de la Vienne.
Les travaux porteront notamment sur la définition des grandes tâches du mouvement syndical, à la suite des mutations économiques et sociales que la Vienne a connues depuis dix ans.
En préparation à cette importante réunion, la commission exécutive de la CGT de la Vienne vient de réaliser une étude très sérieuse sur l’évolution industrielle du département à partir des bases chiffrées fournies par l’INSEE et l’ASSEDIC (publiée dans la « Vienne Ouvrière et Syndicaliste »).
Cette étude porte essentiellement sur les dix dernières années, 1962 - 1972. L’année 1962 ayant été marquée par la fermeture de la manufacture d’armes de Châtellerault, fermeture qui a entraîné une profonde modification dans l’industrialisation du Nord de la Vienne.
Peu d’ouvriers qualifiés dans les entreprises de la Vienne
Durant cette période, on a constaté que le nombre des salariés du secteur privé (industrie + commerce) est passé de 32.414 à 50.591, soit une augmentation de 55,7 %, alors que dans le même temps, la population active du département passait seulement de 124.701 à 128.560. Cette dernière progression ne correspond pas bien sûr à la démographie. Deux constatations s'imposent donc : le déficit migratoire se poursuit malgré les efforts d’industrialisation et le secteur industriel se développe davantage au détriment du secteur artisanal et agricole.
Sur les 2.000 personnes par an qui quittent la Vienne, il y a les jeunes qui ne trouvent pas les débouchés correspondant à leur formation ou à leur goût, et les ouvriers qualifiés.
Ces derniers ne représentent d’ailleurs que 18 % du personnel salarié. En 1968, ils étaient 10.060, pour 14.840 ouvriers salariés et 8.920 manœuvres,
Dans la Vienne, près de 7 salariés sur 10 occupent des emplois de production contre 5 sur 10 dans la région parisienne. La proportion des cadres, ingénieurs, techniciens ou personnel d’encadrement est plus faible dans la production dans la Vienne : 7,26 % contre 9,91 pour l’ensemble de la province et 12,02 pour la région parisienne.
La Vienne « lieu privilégié d’expériences du patronat »
Il y a donc dans notre département une disparition des industries dites de « pointe » au profit des industries dites de « fabrication », employant surtout des OS et des femmes.
Pour la CGT, les nouvelles implantations industrielles de ces dix dernières années n’ont été faites que dans un souci de rentabilité immédiate. Les usines sont des constructions légères facilement démontables. Aucune industrie utilisant les ressources naturelles du département (pierre - agriculture - forêts - eaux) n’a été installée.
Ces nouvelles usines ont surtout utilisé des travailleurs venus de l’agriculture.
Actuellement, on assiste au développement du travail à domicile rémunéré aux pièces ; ce qui, dans une certaine mesure, pour la CGT, correspond à « un retour en arrière de plusieurs dizaines d’années ». De plus, toujours selon la CGT, « la Vienne est actuellement le lieu privilégié des expériences du Patronat (ateliers de petites unités de production - feuille de paie personnalisée).
La CGT dénonce également « l’implantation monopoliste depuis le début du VIe Plan d’entreprises dans le département (Jaeger, Michelin, Dassault, Engeneering...) et la prise en main d’entreprises locales par des monopoles nationaux ou étrangers (Mescles, Gallus, Bléreau, Ranger, Ménigault, P.L.B.) ».
Devant cette situation, une réflexion sur l’action syndicale est donc nécessaire. C’est sur quoi se penchera le congrès de Chauvigny. « Nous allons donc agir en direction de ces grosses concentrations où le prolétariat est tout neuf », nous confiait un responsable de la CGT qui ajoutait : « Il nous faut avoir un syndicat de masse pour ces nouvelles entreprises. Nous mettrons également l’accent sur la démocratie ouvrière dans l’action syndicale ».
Le congrès sera également l’occasion pour les délégués de discuter sur le problème des salaires (voisins généralement du SMIC), sur les temps de travail (demande d’indemnité pour les transports - il n’est pas rare que des ouvriers fassent quarante km pour se rendre à l’atelier), sur la garantie de l’emploi, sur la classification du personnel en tenant compte notamment des diplômes, sur les conditions de travail et d’hygiène...
le 03/01/2023 à 16:13
Source : Centre Presse
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